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Intervention de Jacques Lamblin

Réunion du 8 juin 2009 à 21h30
Loi de programmation militaire pour les années 2009 à 2014 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Lamblin :

Où en sommes-nous aujourd'hui du lien armée-nation ? Permettez-moi de vous signaler quelques symptômes inquiétants. Nous vivons en paix sur notre territoire depuis soixante ans. Les trois quarts de notre population n'ont jamais connu la guerre. Pour la quasi-totalité de nos jeunes contemporains, la paix n'est pas une préoccupation : elle est devenue un droit. Pour eux, il serait anormal, voire scandaleux, de ne pas vivre en paix. Beaucoup, poussant le raisonnement à l'extrême, se demandent pourquoi avoir une armée, puisque nous sommes en paix ! Le rapport entre puissance militaire et garantie de paix, évident pour la plupart d'entre nous, ne l'est pas pour eux. Certes, le risque terroriste est admis, mais là aussi, dans leur inconscient collectif, c'est davantage une affaire de police ou de services secrets que de militaires.

Il existe d'autres signes encore : ainsi, j'affirme que moins de 20 % des hommes âgés de moins de trente ans sont aujourd'hui capables de distinguer, par les galons, un capitaine d'un commandant. (« C'est vrai ! » sur les bancs du groupe UMP.) Ce n'est pas grave en soi (Sourires), mais c'est un signe.

De même, quand l'armée recrute des engagés volontaires, le taux de sélection est parfois de 100 %, c'est-à-dire que l'on manque de candidats et que l'armée n'a pas l'attractivité qu'elle mérite. Elle est, de ce fait, confrontée à un risque d'isolement. Nos concitoyens la connaissent de moins en moins, vivant à côté d'elle dans une indifférence grandissante – sauf le jour du 14 juillet.

Conscients du problème, les rédacteurs du rapport, nos collègues Beaudouin et Fromion, estiment que des moyens sont nécessaires pour renforcer l'adhésion de la nation. Sans doute ont-ils raison, l'expérience engagée depuis un an dans ma ville, consistant en un partenariat puissant entre la garnison, les élus et les grands corps de l'éducation, montre que l'on peut obtenir beaucoup, sans aucun moyen particulier.

Dans quelques jours, le 17 juin, la garnison de Lunéville va recevoir le prix Armées-Jeunesse, ce qui est bien mérité. Les résultats ont été au rendez-vous grâce au soutien inconditionnel du général commandant la brigade. Notre partenariat a été exemplaire. Le travail a été orienté vers les enfants dès l'école primaire et le collège. Il a été non pas simplement ponctuel, mais suivi dans le temps avec un parcours citoyen, des échanges fréquents, des remises de diplômes. Ce travail a suscité positivement la curiosité des enfants et des adolescents. Il sera payant et laissera des traces indélébiles sur ces jeunes esprits. Il existe, évidemment, des initiatives identiques ailleurs en France. Ma proposition consiste tout simplement à ce que ces initiatives soient recensées, analysées, évaluées et, si l'évaluation le recommande, à ce que leur généralisation soit imposée sous votre autorité, monsieur le ministre.

Ma conviction est que le lien armée-nation sera davantage tissé par un partenariat constant et confiant que par des engagements financiers planifiés. J'espère que ces quelques considérations vous en auront convaincu et je vous assure, monsieur le ministre, de mon soutien sans faille à votre action de réforme. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

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