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Intervention de Christophe Guilloteau

Réunion du 8 juin 2009 à 21h30
Loi de programmation militaire pour les années 2009 à 2014 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Guilloteau :

Madame la présidente, monsieur le ministre, chers collègues, je vous prie d'excuser mon collègue Michel Voisin, que je remplace au pied levé.

Nous voici donc réunis afin de débattre en séance de la nouvelle loi de programmation militaire pour les années 2009 à 2014. Je le dis sans polémique aucune : enfin !

Cette loi de programmation a été déposée sur le bureau de l'Assemblée nationale le 29 octobre 2008 ; nous sommes déjà en juin 2009. Un tel projet réapparaît tous les cinq ans. Attendu par nos forces armées, il ne peut constituer la variable d'ajustement d'un ordre du jour dont, certes, je n'ignore pas qu'il est très chargé et difficile à mettre en oeuvre.

Depuis quelques années, et surtout depuis quelques mois, nous demandons beaucoup à nos forces. Depuis l'élection présidentielle de 2007, le secteur de la défense connaît une profonde réorganisation, qui se traduit en termes techniques et humains par la révision générale des politiques publiques – la fameuse RGPP, dont l'application par le ministère de la défense est unanimement saluée – et par l'annonce d'une refonte majeure de notre carte militaire qui entraînera d'ici cinq ans la suppression de plus de 50 000 postes civils et militaires. Je tiens à souligner ici qu'aucune autre administration française ne consentira un tel effort de réorganisation dans les années à venir.

Cette réorganisation se traduit aussi par la mise en oeuvre d'une nouvelle stratégie définie par le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, publié en juillet 2008. Ce Livre blanc est ambitieux : il entend adapter la défense de notre pays au monde multipolaire, aux risques démultipliés, issus de la chute du bloc de l'Est et de la fin du système de la guerre froide. Le Livre blanc précédent prenait acte de la fin de cette guerre froide et envisageait un début de réorientation de notre politique de défense. Le Livre Blanc de 2008 est celui de l'après 11 septembre, de la guerre en Afghanistan, des risques de terrorisme et de la montée du nationalisme. Les événements s'enchaînent et s'accélèrent : il y a encore cinq ans, personne ne parlait de la piraterie aux larges des côtes somaliennes. Or, aujourd'hui, on sait que cette pratique se développe fortement et qu'elle nécessite des moyens particuliers d'intervention permanente et de surveillance.

Ce simple exemple démontre combien l'exercice de la rédaction d'un Livre Blanc est complexe. Comment, en dehors des grandes orientations stratégiques traditionnelles, préparer notre pays à affronter les grands défis auxquels il pourrait être confronté dans les décennies à venir ? À ce titre, je me félicite de la mise en place d'un dispositif de suivi des orientations du Livre blanc. J'insiste sur l'importance de ce travail et sur l'association des commissions compétentes du Parlement. Pouvez-vous nous dire, monsieur le ministre, comment les parlementaires seront associés à l'élaboration de la stratégie de notre sécurité nationale ?

L'objectif d'une loi de programmation militaire est de donner à notre pays les moyens de répondre à ces questions essentielles. J'ai la conviction, monsieur le ministre, que la loi de programmation que vous nous présentez aujourd'hui le permet.

Nous savons que certains choix ont été difficiles – le report à 2011, par exemple, de la décision concernant le second porte-avions – et que des incertitudes demeurent, mais j'ai la conviction que le Gouvernement a pris la pleine mesure des besoins de notre armée dans les années à venir.

Au-delà des nombreux aspects techniques de cette loi de programmation, que nos collègues rapporteurs Patrick Beaudouin et Yves Fromion ont fort bien développés, c'est sur cette question que je voudrais insister. Comme beaucoup d'entre vous ici, j'ai assisté aux débats et aux polémiques qui ont suivi la terrible embuscade de la vallée d'Uzbeen en Afghanistan en août dernier. À entendre certaines voix, nos soldats se trouvaient là-bas tels des va-nu-pieds sous-équipés, incapables d'anticiper les événements, d'acheminer des munitions, de maintenir le contact, totalement dépendants des frappes américaines. Comme beaucoup d'entre vous, si je n'ignore pas les difficultés réelles auxquelles sont confrontés nos soldats sur le terrain, je ne peux accepter cette vision que l'on donne de nos forces qui combattent courageusement dans des zones extrêmement dangereuses.

Je l'ai dit : le Gouvernement a, me semble-t-il, pris la mesure des efforts à faire pour maintenir notre défense à son niveau d'excellence. J'en veux pour preuve les efforts importants consentis en matière d'équipements. Ces dépenses sont aujourd'hui considérées comme stratégiques : de 15,36 milliards d'euros en 2009, cet effort passera à 18 milliards d'euros en 2014. Il sera engagé dès cette année avec le plan de relance, qui consacrera près de deux milliards d'euros à l'acquisition anticipée d'équipements. Voilà qui permettra par exemple de commander dès à présent le troisième bâtiment de projection et de commandement, dit BPC, alors qu'il était d'abord prévu en fin de loi de programmation.

Nous savons qu'un équipement adapté et performant sauve des vies françaises : c'est le sens des importantes commandes d'équipements FÉLIN, qui accroissent la protection et l'efficacité des fantassins, mais aussi de la livraison des véhicules blindés de combat, dont 80 % seront livrés pendant la période couverte par cette loi de programmation militaire. L'effort porte aussi sur la fameuse numérisation des forces, qui devra être complétée d'ici 2020, sachant que cinq brigades seront numérisées d'ici 2014.

Tous ces efforts d'équipement, et je veux le dire à nos forces armées, répondent à un objectif majeur : leur garantir qu'elles pourront mener à bien leur mission dans les meilleures conditions possibles.

Comme je l'ai rappelé au début de mon intervention, nous demandons beaucoup à nos forces, en termes de réformes comme en termes d'engagement. Près de 12 000 de nos soldats sont actuellement déployés hors de notre territoire, le plus souvent au service de la paix dans le cadre de missions internationales.

Ces hommes et ces femmes ont besoin de savoir que la nation les soutient dans leur mission. C'est aujourd'hui le sens de mon intervention : qu'ils sachent qu'ils sont soutenus, que nous nous engageons à poursuivre les efforts pour leur garantir les meilleurs matériels possibles. Malgré un contexte particulièrement contraint, le Gouvernement s'est engagé à maintenir ses efforts budgétaires. C'est en soi un acte de confiance majeur que nous adressons en ce jour à nos armées.

Mes chers collègues, parce que cette loi de programmation 2009-2014 répond concrètement aux nouveaux enjeux stratégiques définis par le Livre blanc et qu'elle garantit à notre défense les moyens de rester parmi les plus performantes et les plus efficaces du monde, je souhaite voir son adoption et j'y apporte tout mon soutien. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

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