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Intervention de Christian Kert

Réunion du 26 octobre 2011 à 10h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristian Kert :

L'analyse des propos des deux rapporteurs pour avis est malaisée : partant d'un bon constat, ils n'en tirent pas toujours les bonnes conclusions.

Concernant l'audiovisuel, Mme Martine Martinel a établi un bilan intéressant mais, me semble-t-il, un peu sévère. La philosophie générale de son rapport devrait consister à étudier comment France Télévisions répond aux exigences qui lui ont été fixées par la loi du 5 mars 2009 relative à la communication audiovisuelle et au nouveau service public de la télévision. Il me semble que tant l'ancienne équipe de direction que l'actuelle ont bien tenu compte de l'esprit de la réforme : créer une société unique soumise à un certain nombre d'obligations que seul le service audiovisuel public peut assumer en termes de commandes, de création et de production audiovisuelles, de régionalisation, y compris ultramarine, des programmes, ou d'accessibilité de ceux-ci aux personnes handicapées. Nous devons être conscients que ces obligations induisent une charge financière qui peut avoir un impact sur les autres missions que le groupe doit accomplir. En tant que législateurs, nous ne pouvons faire l'économie de cette réflexion. Là réside le défaut dans la « cuirasse » de l'argumentation de Martine Martinel, à laquelle je souhaiterais par ailleurs poser deux questions.

En premier lieu, vous avancez que d'après M. Philippe Santini, directeur général de France Télévisions Publicité, les prévisions de recettes publicitaires inscrites dans le COM de France Télévisions auraient été établies comme si la publicité était maintenue ; cela me paraît impossible, puisque la suppression de la publicité en soirée a été décidée il y a déjà deux ans. Madame la rapporteure pour avis, pourriez-vous revenir sur ce point ?

En second lieu, je partage votre analyse concernant l'absence de politique pour se doter d'une chaîne de télévision consacrée à la jeunesse. Il faut d'ailleurs savoir ce que l'on entend par « jeunesse ». Comme vous, j'estime que France 4 n'a pas su, pour l'instant, trouver son identité. On nous dit que cette chaîne est destinée aux personnes âgées de 15 à 40 ans. Cela ne veut, en réalité, pas dire grand-chose : je pense en effet qu'entre les deux extrêmes de cette fourchette d'âge, les besoins télévisuels sont différents. Qu'est donc une chaîne dédiée à la jeunesse ? Est-ce Gulli, à destination des enfants, ou bien une chaîne ciblant les jeunes âgés de 15 à 25 ans, choix qui semble partagé par un certain nombre de diffuseurs européens ? France 4 ne peut pas tout faire, il lui faut choisir le concept qu'elle développera.

S'agissant du constat dressé par Martine Martinel sur l'audiovisuel extérieur, je signale que nous allons tenter, M. Didier Mathus et moi-même, de proposer des orientations dans le cadre de la mission d'information commune avec la Commission des affaires étrangères. L'analyse de la rapporteure pour avis sur France 24 peut être partagée, même si elle me semble un peu sévère quant à l'appréciation qu'elle porte sur les personnes. Il est vrai que le contexte est mouvant et complexe, caractérisé par une concurrence très importante, et que France 24 est entrée tardivement sur le marché. Il ne faut en outre pas confondre la mission de cette chaîne avec celle de TV 5 Monde – ainsi, notre collègue Bernard Debré qui souhaitait regarder un programme d'information aurait sans doute dû sélectionner France 24 plutôt que TV 5 Monde qui privilégie les programmes ludiques. En tout état de cause, notre mission d'information, dont est d'ailleurs membre Mme Martine Martinel, aura à mener une réflexion approfondie sur cette question.

J'en viens maintenant au rapport de M. Michel Françaix. J'ai effectivement déclaré que le contexte actuel était particulier, ce qui ne tient d'ailleurs pas qu'à internet : alors que pendant une vingtaine d'années, existait une concurrence entre titres de la presse papier, cette concurrence s'est maintenant déportée, sur le marché publicitaire, avec la presse en ligne mais aussi les journaux gratuits. Je partage le sentiment du rapporteur pour avis : nous devons, lors de nos débats, garder constamment cette mutation à l'esprit. Il ne faut évidemment pas diaboliser internet ; nous devons en revanche aménager tant le secteur de la presse écrite que celui de la presse en ligne car nous tenons tous au maintien d'une presse écrite qui devra sans doute évoluer pour privilégier les analyses plutôt que l'immédiat, traité sur internet.

S'agissant de l'AFP, je tiens à souligner qu'existent, en interne, des freins importants au changement, qui sont peu comparables avec ce qui existe dans d'autres entreprises. Il faut malheureusement en tenir compte dans nos analyses.

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