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Intervention de Virginie Martin

Réunion du 27 septembre 2011 à 16h00
Délégation aux droits des femmes et l’égalité des chances entre les hommes et les femmes

Virginie Martin, chercheuse en sciences politiques et sociales :

Je n'en suis pas sûre…

De même, les entreprises qui ne respectent pas les quotas d'égalité salariale ne reçoivent qu'une vague incitation. Il est vrai que ces questions d'inégalité salariale sont d'une réelle complexité car si l'on situe les inégalités salariales à proprement parler autour de 25 %, les inégalités de rémunération – primes, voiture de fonction, téléphone portable, et tous les avantages liés à l'entreprise – atteignent près de 40 %, sachant que plus on se rapproche du haut de la hiérarchie, plus la part des rémunérations indirectes est importante. En outre, les entreprises mettent en avant la difficulté de définir la notion de « compétences égales ».

La Charte pour l'égalité hommes-femmes est pleine de bonnes intentions. L'entreprise Eurocopter, filiale d'EADS, a signé cette charte. Elle affiche son label sur tous ses murs, mais c'est uniquement pour séduire les femmes et les inviter à intégrer le groupe. Ce label ne garantit rien et il faut que l'AFNOR le redéfinisse et fasse passer les entreprises sous des fourches caudines beaucoup plus contraignantes. Je ne dis pas que le label n'est pas de bonne qualité, mais pour l'obtenir les entreprises doivent simplement s'engager à en satisfaire les critères. De plus, le système endogène nuit à l'efficacité du dispositif car c'est l'AFNOR, qui a instauré le label, qui explique aux entreprises ce qu'il leur faut faire pour l'obtenir, pour la modique somme de 2 000 euros par jour.

La question des quotas en politique doit être réfléchie. Quant aux quotas dans les conseils d'administration, ils permettent d'atteindre 50 % de femmes, mais il semble aujourd'hui que les femmes françaises n'aient pas les compétences suffisantes pour être administratrices : elles ne font pas d'études, elles n'ont pas de réseau, pas de compétences, elles ne parlent pas anglais… Selon une étude récente, entre 30 et 60 % d'étrangères devraient devenir administratrices dans les grands groupes français. Je n'ai rien contre l'internationalisation, mais alors que nous avons la chance historique de voir les femmes casser le plafond de verre, nous leur expliquons qu'elles ne sont ni américaines, ni anglaises, ni indiennes ! Les femmes françaises vont être confrontées à un deuxième plafond de verre auquel elles n'avaient pas songé, à savoir une concurrence étrangère effrénée.

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