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Intervention de Laurent Wauquiez

Réunion du 18 octobre 2011 à 17h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Laurent Wauquiez, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche :

L'université de proximité a été très mal ressentie par les présidents d'université, qui y voient une sorte de division d'honneur. Les universités doivent s'appuyer sur les forces de leur territoire, en partenariat avec les PME et les collectivités locales, pour viser le premier rang au plan national et international.

S'agissant de la vie étudiante, je rappelle que les crédits augmenteront de 91 millions d'euros. Il s'agit pour nous d'une mesure pérenne, qui est financée pour l'année universitaire en cours et la suivante.

Quant au plan pour la réussite en licence, il fait l'objet de crédits ciblés et ne devrait pas donner lieu à des confusions sur le plan budgétaire.

Son principal acquis est d'étendre la durée d'études universitaires et de permettre l'élaboration de plans d'accompagnement de la rentrée universitaire – le nombre d'universités organisant des sessions d'accompagnement a considérablement augmenté et le taux d'échec dans les premières semaines a été, de ce fait, nettement réduit. Il faut assurer cet accompagnement et permettre aux étudiants, par le biais de semestres « rebonds », de changer d'orientation en cours d'année. L'ouverture offerte en médecine en termes de passerelles et de choix me paraît intéressante à cet égard.

L'arrêté sur la licence a fait l'objet d'un soutien unanime de toutes les organisations étudiantes, ce qui ne s'était jamais vu. Il permet de définir des référentiels liés aux débouchés professionnels et d'assurer un niveau minimal de qualité ainsi que de volume horaire, alors que celui-ci allait de 600 à 1 200 heures jusqu'ici. Il permet aussi de faciliter l'accès des boursiers aux études supérieures, même si cela prendra un peu de temps : le dispositif montera progressivement en puissance dans le cadre d'un dialogue avec les universités.

Je suis très attaché à la place des IUT. Pour en avoir un en Haute-Loire, je sais combien ils constituent une chance pour les universités, de même que le fait de les avoir en leur sein. Ils développent de plus en plus des partenariats de recherche avec certains laboratoires. Ainsi, certains IUT spécialisés en imagerie font de la recherche conjointe avec une université de médecine sur l'imagerie médicale, ce qui n'était guère concevable il y a quelques années.

Il est vrai que des frictions existent à certains endroits, où le budget des IUT risque de faire l'objet de variables d'ajustement : j'ai demandé à la direction générale pour l'enseignement supérieur de veiller à ce que leurs moyens soient préservés. Mais il ne faut pas exagérer les difficultés : ces instituts ont globalement trouvé leur place au sein des universités. Il faut cependant rester vigilant à cet égard, car ils constituent un très bon modèle d'insertion professionnelle.

Madame Amiable, je vous remercie d'avoir souligné les progrès enregistrés sur les conditions de vie et d'étude des étudiants.

L'université de Pau m'est également chère : son président me rappelait récemment combien sa situation budgétaire était plus enviable que celle des universités espagnoles, portugaises ou grecques, qui ont subi des amputations de l'ordre de 15 %. Si l'on peut naturellement souhaiter toujours plus de moyens, les investissements consentis par l'État n'en demeurent pas moins importants. Je rappelle que la seule mission relative à l'enseignement supérieur bénéficie de 373 millions d'euros supplémentaires. Je suis conscient des efforts de gestion demandés aux universités, mais ce secteur reste une priorité du Gouvernement.

S'agissant de l'amélioration de la santé des étudiants, qui me préoccupe, j'y travaille avec le ministre du travail, de l'emploi et de la santé et les mutuelles et organisations étudiantes.

Sur les formations innovantes, nous oeuvrons d'arrache-pied. L'excellence ne s'incarne pas uniquement dans des matériels de recherche ou dans des laboratoires : le but est avant tout de faire en sorte que les étudiants réussissent. Cette excellence pédagogique est illustrée par exemple en Bourgogne par la mise en place d'un système de e-learning ou à l'université de Grenoble par l'organisation de cours en petits amphis. De même, les projets prévoyant un système de tutorat plus important sont intéressants. Nous sommes encore en discussion sur le paquet global de mesures, mais nous devrions être en mesure de vous livrer davantage d'informations à cet égard à partir du 26 octobre.

Madame Boulestin, le PRES de Limoges-Poitiers-La Rochelle n'est en effet pas facile à gérer car il est situé sur un territoire très étendu, mais j'y suis très attentif et je crois en lui, de même qu'à la place de l'université de Limoges – j'en parlais encore tout à l'heure avec le recteur.

Par ailleurs, les crédits du fonds national d'urgence ont été rétablis à 40 millions d'euros en 2011-2012.

Monsieur Bourg-Broc, je crois naturellement à la place des villes moyennes dans le réseau des universités. Mais celle-ci ne peut être la même partout. Chaque ville doit trouver en quelque sorte sa carte d'identité appropriée. Mais, dans certaines régions, il faut travailler à améliorer la spécialisation des sites.

Monsieur Deguilhem, il est assez sain de délivrer le même message tout au long d'un quinquennat ! Il serait au contraire suspect d'avoir chaque année un discours différent en matière d'enseignement supérieur ! Ce secteur mérite une action dans la durée : la constance est nécessaire en la matière.

De nombreux chantiers sont en cours sur les campus, que ce soit à l'université de sciences humaines de Bordeaux, en centre ville, à Grenoble, à Jussieu, à Paris II, à Clermont-Ferrand, à Strasbourg, à Lyon, à Poitiers, qui dispose d'un très beau projet de campus sportif, à Aix-en-Provence pour un projet de belle résidence universitaire, en Avignon qui disposera d'un remarquable campus dans les zones industrielles, ou bien en Lorraine. Je vous invite à venir les voir.

La meilleure réponse à la question de l'utilisation du patrimoine des universités est le recours à la formation continue, qui est un véritable moteur d'ascenseur social et permet d'utiliser les sites dans la durée. On traite aujourd'hui plus de 470 000 dossiers de formation continue, contre moins de 400 000 il y a quelques années. Certaines universités ont une véritable appétence dans ce domaine.

L'autonomie des universités implique que certaines soient bien gérées et que d'autres rencontrent des difficultés financières. Celles-ci peuvent être dues à une sous-dotation initiale, à un impact du GVT lié à des mesures nationales, mais aussi à des mesures de gestion internes. Nous avons avec ces établissements un système partenarial consistant à les accompagner et à essayer, par le biais de missions d'expertise, de leur permettre de retrouver un équilibre. Ils font partie de l'État et cela relève d'un apprentissage naturel de l'autonomie. Mais il ne faut pas que des décisions nationales, y compris en matière de GVT, contrecarrent directement des choix faits par les universités dans le cadre de l'autonomie qui leur a été accordée.

S'agissant de la formation des maîtres, il ne me revient pas d'arrêter les programmes ni le contenu de celle-ci, qui relèvent du ministère de l'éducation nationale. Mon travail consiste à faire en sorte que les universités s'y investissent, de m'assurer qu'on offre la possibilité à nos étudiants d'être confrontés à la réalité du métier d'enseignant avant de passer des concours et de développer les formations en alternance.

Madame Martinel, le logement étudiant est un élément essentiel. Dans le budget des étudiants, le logement a une part importante. C'est d'autant plus le cas pour ceux qui doivent quitter le domicile familial pour poursuivre leurs études.

C'est la raison pour laquelle j'ai eu comme priorité de mettre en place un dispositif expérimental, d'abord à Lyon et Lille, pour prendre en charge la caution solidaire et le mois de garantie. Par ailleurs, nous prévoyons de dépasser pour la première fois les objectifs prévus par le plan Anciaux en termes non seulement de constructions de logements mais de réhabilitations.

J'invite fortement les régions à réaliser des investissements dans ce domaine. Certaines en font beaucoup, comme la région Rhône-Alpes, mais d'autres en font peu voire aucun, comme la région Auvergne, ce qui est regrettable. La mobilisation dans ce domaine doit être générale.

Monsieur Touraine, le CIR peut avoir un véritable effet de levier. Il en est ainsi par exemple pour le projet Wheat-8, portant sur les nouvelles variétés de blé, plus résistantes à la sécheresse et à l'humidité et permettant d'avoir un meilleur rendement, ou le projet de recherche fondamentale en macro-économie de l'école de Toulouse. Le CIR est un facteur de cohésion nationale autour de la recherche, car il permet de sortir de l'image caricaturale et absurde distinguant, d'un côté, des chercheurs enfermés dans leur laboratoire et déconnectés de la réalité, et, de l'autre, des entreprises investies dans la recherche appliquée efficace.

Par ailleurs, il n'y a aucune raison que les crédits de l'action sur la recherche dans le domaine de la santé et des biotechnologies diminuent : je vais m'assurer que ce n'est pas le cas. Nous avons beaucoup investi dans ce domaine, notamment dans le cadre des plans de lutte contre le cancer ou la maladie d'Alzheimer, qu'il s'agisse de la biologie de synthèse ou de la biologie structurale.

Monsieur Pérat, il convient de développer des start-up sur les campus universitaires, comme à Poitiers, et des sociétés d'accélération de transfert de technologies. De même, il faudrait mobiliser davantage les crédits pour l'égalité entre les hommes et les femmes pour les créations d'entreprise : nous essayons d'avoir des partenariats dans ce domaine, que nous cherchons à décliner aussi sur les campus universitaires.

Tout ce qui permet de faire découvrir le monde de l'université aux lycéens va dans le bon sens. Il est important que les universitaires poussent la porte des lycées : on essaie de les y encourager, y compris dans le cadre du plan réussite en licence. Certaines universités, en Lorraine notamment, ont été très entreprenantes à cet égard.

Enfin, le PUP de Saint-Étienne constitue une excellente réussite. Il a donné lieu à six investissements d'avenir, concernant les laboratoires d'excellence (LABEX) et les équipements d'excellence (EQUIPEX). Il ne faut pas le réduire à l'appellation de pôle de proximité : c'est un très beau pôle, qui s'est appuyé sur un partenariat entre les grandes écoles et les universités en liaison avec le milieu économique ; il est capable d'un large rayonnement.

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