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Intervention de Pierre Moscovici

Réunion du 15 juin 2011 à 15h00
Déclaration du gouvernement préalable au conseil européen et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Moscovici :

Inutile de vociférer, regardez plutôt les chiffres ! Je me sens d'autant plus à l'aise sur ce plan que, sous couvert de rigueur, votre dernière réforme fiscale coûtera près de deux milliards d'euros à l'État, tout cela pour financer quelques cadeaux électoralistes.

Cette politique de bonne gestion que nous avions su mener entre 1997 et 2002 n'a de sens que si elle a pour contrepartie une véritable relance de l'économie et un rapprochement effectif de la gouvernance économique et des normes sociales de la plupart des pays de l'Union. C'est ce que vous oubliez aujourd'hui car vous ne faites finalement que préparer le lit de votre troisième, quatrième ou cinquième plan d'aide à la Grèce. L'Europe, qui n'a pas vu venir la crise, n'avait juré que par la rigueur et vous continuez. Elle avait repoussé la coordination pour privilégier la sanction et vous continuez. Elle avait négligé la stratégie d'investissement et vous continuez. La situation est pourtant telle, monsieur le ministre d'État, qu'elle réclame un peu plus de hauteur de vue. L'Union se meurt d'une vision étriquée de l'économie et de la solidarité européenne.

Une autre voie existe pourtant, c'est celle que vous proposent les socialistes dans un récent appel intitulé « Changeons l'Europe ». (Vives exclamations sur les bancs des groupes UMP et NC. – Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

Cette autre voie, c'est celle d'une Europe qui remet au centre du jeu les principes fondamentaux de notre destin commun : la solidarité, la justice sociale, l'égalité des chances et le développement durable. Cette autre Europe, c'est celle qui s'engage dans un autre pacte que le vôtre, un pacte pour l'emploi et le progrès social qui passera par une politique industrielle européenne, par la mise en place de normes sociales minimales européennes, par le renforcement de l'efficacité, je dis bien de l'efficacité, de la dépense publique, par des investissements dans les secteurs d'avenir.

Cette autre Europe que nous voulons, c'est celle qui choisit de sortir par le haut de la crise budgétaire dans laquelle elle se trouve. Je pense ici à la mutualisation de la dette européenne, comme l'ont proposé les socialistes européens mais également des responsables européens qui n'appartiennent pas à notre famille politique mais qui ont encore à coeur l'idéal européen. Je pense à Jean-Claude Juncker et Giulio Tremonti qui, que je sache, ne sont pas des socialistes acharnés. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

Cette option-là, celle des euro-obligations, le Président Sarkozy l'a écartée d'emblée quand elle lui a été présentée il y a quelques mois. Elle était, paraît-il, « prématurée ». Mais ce refus qui était un non-sens hier est aujourd'hui une pure et simple aberration. C'est la seule solution qui permette de contrer les attaques spéculatives, de diminuer les taux d'intérêt et d'éviter la contagion de la crise.

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