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Intervention de Odile Quintin

Réunion du 15 décembre 2010 à 11h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Odile Quintin, coprésidente du comité de pilotage de la Conférence nationale sur les rythmes scolaires :

Je reprendrai un certain nombre de points avant de laisser le recteur Gérard répondre à la question qui lui a été spécifiquement adressée.

Je reviendrai en premier lieu sur le fait que nous n'avons pas commenté les détails de votre rapport et sur la frustration que vous avez ressentie. Tout d'abord, et sans vouloir faire de jeux de mots, nous sommes, vous et nous, dans un rythme différent. Si vous avez votre propre calendrier, nous avons le nôtre – je l'ai rappelé au début – qui a été fixé par le ministre, dans le souci que nous prenions le temps d'approfondir le sujet. Nous en sommes ainsi actuellement, et c'est la réponse que je ferai à M. Herbillon, à la préparation du premier rapport d'étape, que nous adopterons en janvier, et qui devrait synthétiser les contributions que nous avons recueillies en indiquant clairement les pistes de réflexion qui sont ouvertes, ce qui se rapproche du travail que vous avez fait. À ce stade, nous ne pouvons donc pas commenter votre rapport point par point ; néanmoins, j'ai souligné que les domaines que vous avez identifiés dans votre réflexion sont à l'évidence ceux sur lesquels nous devons travailler. Ceux que vous avez identifiés, et dont les médias ont extrait un point-clef, la fin de la semaine des quatre jours, nous les avons à l'esprit, et nous pourrons, grâce à vous, y réfléchir.

La question de la composition du comité de pilotage est de la compétence du ministre ; ce dernier a souhaité que les personnes siégeant à ce comité ne représentent pas des structures en tant que telles, mais des sensibilités liées à une série de thématiques. Je souhaite néanmoins préciser que notre première audition a été consacrée aux associations de parents d'élèves ; par ailleurs, ces associations ont accompagné le ministre, M. Forestier et moi-même, lors de la visite que nous avons effectuée au Danemark, et nous avons donc eu, à cette occasion, de nombreux contacts avec ces organisations qui sont effectivement très importantes.

Sur la télévision, sujet qui a émergé ce matin, nous devons en effet réfléchir aux perspectives de partenariat à la lumière des chiffres qui ont été mentionnés. S'agissant des programmes et des contenus, la question a bien sûr été abordée lors des auditions que nous avons menées ; mais les différentes parties prenantes divergent sur la manière de réviser les programmes – on l'a vu avec le débat sur l'histoire – et sur l'équilibre à établir entre les programmes ; l'allégement des programmes, qui fait pourtant consensus chez les personnes auditionnées, est extrêmement complexe à mettre en oeuvre parce que chaque discipline – histoire, mathématiques, littérature… – a son propre lobbying.

La notion d'entrepreunariat, c'est-à-dire le développement de l'esprit d'entreprise, est un point très important de la recommandation, adoptée au niveau européen, sur les compétences clés pour l'éducation et la formation tout au long de la vie sur lesquelles est d'ailleurs basé le socle commun. Au titre de mes anciennes fonctions à la Commission européenne, j'indiquerai qu'a été créé au niveau européen un forum permanent entre le monde de l'éducation et le monde de l'entreprise.

Par ailleurs, vous avez tous souligné que la lutte contre l'échec scolaire est l'objectif principal ; je me permettrai de rappeler que les chefs d'État et de gouvernement de l'Union européenne ont adopté un objectif de pourcentage de sorties précoces du système scolaire inférieur à 10 %. Si la France est nettement au-dessus, certains pays qui se situaient à un niveau très bas dans ce domaine, comme le Portugal, ont amélioré leurs performances en menant une politique très volontariste, malgré l'opposition des enseignants. Il est ainsi possible de progresser en prenant des mesures d'ensemble systématiques.

La question du sommeil, les chronobiologistes le confirment, doit constituer un élément important de nos réflexions. Je dirai un mot de l'évaluation, qui a été fréquemment évoquée : l'évaluation des enseignants et de l'ensemble du système scolaire est un des leviers-clefs de l'amélioration des performances, comme le prouve, là encore, le Portugal ; ce pays vient de créer un nouveau système d'évaluation qui a permis des avancées importantes.

S'agissant enfin, de la gouvernance au sens large, que vous avez largement évoquée et sur laquelle nous allons nous focaliser parce qu'elle ressort comme un élément majeur des auditions, il n'existe pas de consensus sur ce qui doit être national et ce qui doit être décentralisé ; tout le monde s'accorde en revanche sur le fait qu'il faut une forme de partage ; avec qui et comment, cela reste à déterminer et les pistes que vous indiquez nous seront, à cet égard, très utiles. Je conclurai en indiquant que votre rapport, que nous avons lu mais que nous nous gardons de commenter, sera une pièce maîtresse de nos travaux.

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