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Intervention de Yves Durand

Réunion du 15 décembre 2010 à 11h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Durand :

Je rejoins les deux coprésidents de la Conférence nationale sur plusieurs points, et tout d'abord le cadre général dans lequel s'inscrit notre rapport qui est celui de l'enquête PISA. Nous sommes tous d'accord sur le double constat d'un système éducatif qui au mieux plafonne, voire régresse, et qui est surtout facteur d'inégalités croissantes, l'école étant désormais davantage reproductrice que compensatrice des inégalités sociales.

Il y a par ailleurs un consensus sur le caractère très insatisfaisant de l'organisation de la semaine scolaire. Au-delà de ce consensus se pose la question de savoir ce que nous devons faire. Or, sur ce point, rien n'est simple. Il faut à la fois du temps et des mesures d'urgence et il est impératif que nous examinions le problème des rythmes scolaires et de leurs conséquences dans sa globalité.

Dans l'optique de faire bouger les choses, nous sommes un peu prisonniers du suivi médiatique des rapports que nous produisons. Je souhaite évidemment que ce rapport ne reste pas lettre morte dans les archives de l'Assemblée nationale et qu'il constitue un apport important du débat national que vous allez continuer à alimenter par vos propres travaux. Les médias se sont centrés sur la question de la semaine de quatre jours qui n'est qu'un des éléments de notre rapport. Nous avons tous insisté sur la complexité du problème des rythmes scolaires.

Au début de nos travaux, nous en avions une conception presque technique, mais en avançant, nous nous sommes aperçus qu'en abordant la question des rythmes scolaires, nous posions bien d'autres problèmes qui dépassent celui des rythmes scolaires, comme l'organisation du temps de la vie de l'enfant et l'organisation de l'école elle-même : que fait-on du temps dégagé ? Que fait-on du périscolaire ? Comment doit-on passer le temps à l'école ?

Nous avons donc mis au centre de nos réflexions des thèmes tels que les cycles d'apprentissage – doivent-ils être confirmés au niveau élémentaire, voire généralisés au collège ? –, la place des disciplines dans le temps scolaire en vue d'une meilleure acquisition du socle commun de connaissances et de compétences. Comment le travail en équipe peut-il se faire ? Doit-on dégager du temps pour le travail en équipe, ce qui pose des questions sur le métier d'enseignant ? On voit donc qu'en posant la question apparemment technique du temps scolaire, on soulève un vrai problème politique qui est l'organisation et la place de l'école dans la vie de l'enfant.

La complexité du problème pourrait nous amener à différer les décisions qui s'imposent. Dans le même temps, apporter des réponses en urgence, sans prendre toute la mesure de la complexité du sujet, pourrait entraîner des conséquences néfastes, comme l'illustre le cas de la semaine de quatre jours, qui a été plus ou moins « imposée » et qui est remise en cause deux ans après sa mise en place.

Lorsque nous nous serons mis d'accord sur un certain nombre de préconisations, se posera la question de savoir comment convaincre et faire preuve de la pédagogie nécessaire et à quel rythme on les applique. Certaines mesures pourront être prises relativement rapidement ; d'autres exigeront plus de temps, de conviction et de pédagogie pour ne pas être contestées dans les semaines ou les mois qui suivent.

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