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Intervention de Christine Lagarde

Réunion du 22 janvier 2008 à 15h00
Organisation du service public de l'emploi — Ouverture de la discussion

Christine Lagarde, ministre de l'économie, des finances et de l'emploi :

C'est le cas du Royaume-Uni, de l'Allemagne, du Danemark et, plus loin de nous, de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande et des États-Unis. La tendance est générale dans les pays les plus performants, et fondée sur un constat éprouvé, que vous avez pu faire dans vos circonscriptions : l'accompagnement d'un demandeur d'emploi est un tout qui associe prise en charge financière, diagnostic, placement et accompagnement. Pourquoi se priver d'un outil qui a fait ses preuves ailleurs ?

Le troisième constat, c'est que la voie du rapprochement sur le terrain des deux réseaux au sein de guichets uniques avec le soutien des maisons de l'emploi, retenue par la loi de cohésion sociale il y a trois ans, a fonctionné, mais n'a pas acquis la dynamique que nous espérions et a, d'une certaine manière, atteint ses limites. Les réalisations concrètes peinent à se construire et à se déployer. Pour ne prendre que cet exemple, les véritables guichets uniques, c'est-à-dire des sites entièrement communs, se comptent encore sur les doigts des deux mains. Quant au système d'information commun, le groupement d'intérêt économique qui en constitue le support n'a commencé à fonctionner que l'été dernier !

Enfin, la logique du simple rapprochement ne permet pas de traiter l'ensemble des problèmes : l'enrichissement de l'offre de service vers les entreprises et les demandeurs d'emploi, la rationalisation des moyens mis en oeuvre, et surtout la dualité du marché du placement entre indemnisés et non indemnisés. Finalement, je crois que la direction retenue par la loi de cohésion sociale était la bonne et que le rapprochement était une étape indispensable : s'il n'y avait pas eu la loi de cohésion sociale et de nombreuses initiatives en matière de maisons de l'emploi, nous ne serions pas aujourd'hui en train de discuter avec un minimum de sérénité et un maximum de concertation préalable d'un projet qui en constitue en quelque sorte l'aboutissement. Il s'agit tout simplement de passer à la vitesse supérieure.

Deuxièmement, quels sont les objectifs de ce nouveau chantier ? D'abord, améliorer le service rendu aux usagers – demandeurs d'emploi et entreprises – en mettant en place des guichets uniques. Ces plateformes polyvalentes seront en charge de l'accueil, du diagnostic, de la prescription éventuelle en matière de formation professionnelle, de l'accompagnement, du placement de son suivi, de l'indemnisation enfin lorsque le placement n'est pas possible.

Quand je parle des usagers, je pense à la fois, je le répète, aux demandeurs d'emploi – qu'ils soient indemnisés ou non – mais aussi aux entreprises, car il faut aller chercher les emplois là où ils se trouvent et prendre par la main ceux des demandeurs d'emploi qui sont éloignés du marché du travail.

Les autres objectifs consistent ensuite à proposer une gamme de prestations complète et pour tous les demandeurs d'emploi, indemnisés ou non ; enfin, à renforcer l'accompagnement des demandeurs d'emploi, notamment de ceux qui sont le plus en difficulté, grâce à la mutualisation des moyens, qui permettra de déployer plus d'agents sur le terrain à la disposition de tous les usagers.

Comme vous le voyez, notre réforme ne va pas créer un nouveau monstre administratif. Nous aurons l'occasion d'évoquer le régime juridique applicable à cette nouvelle entité, mais devons nous appliquer à concentrer toute notre énergie sur les objectifs ; à cette condition, nous constituerons un attelage rapide et performant, au service de l'emploi et de la lutte contre le chômage. La fusion n'est pas une construction bureaucratique dont la portée serait purement institutionnelle. Elle doit avant tout avoir des implications concrètes sur le terrain, pour les demandeurs d'emploi comme pour les entreprises.

Ne pas attendre plusieurs jours entre le rendez-vous à l'ANPE et celui à l'ASSEDIC, c'est du concret ! Pouvoir désormais proposer toutes les prestations à tous les demandeurs d'emploi, et non plus réserver certaines d'entre elles aux seuls demandeurs d'emploi indemnisés, c'est aussi du concret ! Déployer davantage d'agents au contact direct des usagers, c'est encore du concret !

La mise en oeuvre au quotidien de cette opération sera donc essentielle. L'étape législative, évidemment déterminante, n'est qu'une étape. La plus importante sera celle qui se vivra, jour après jour, semaine après semaine, entre les différents agents, dans le cadre d'une institution unifiée.

La fusion est-elle une fin en soi ? Poser la question, c'est donner la réponse : en fait, c'est une première étape de la réforme du service public de l'emploi.

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