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Intervention de Emmanuel Hoog

Réunion du 13 octobre 2010 à 10h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Emmanuel Hoog, président-directeur général de l'Agence France Presse :

Sur les 125 millions d'euros qui seront nécessaires pour financer notre développement, les cinq priorités que je vous ai présentées, hors 4XML, représentent 55 millions d'euros.

Au-delà de la question du financement se pose celle du statut : celui-ci est-il parfait ? Je répondrai clairement par la négative. La succession de sept présidents en 25 ans pose question. Elle signifie tout simplement que même mus par la meilleure des volontés, ils n'ont jamais réellement pu agir. Dire qu'un statut qui « tient » plus de cinquante ans ne peut pas être si mauvais que cela ne constitue pas, à mon sens, un raisonnement valable.

S'agissant de notre développement, l'entreprise a autant de talents que de collaborateurs. Elle dispose de véritables savoir-faire, d'une richesse mondiale et multilingue. Seulement, pour se développer, il faut aller chercher de nouveaux marchés. Or, du fait de son statut et de la composition de son conseil d'administration, l'entreprise AFP s'est depuis toujours interdit d'aller chercher de nouveaux marchés ! L'innovation est un interdit culturellement très ancré lorsque l'on vous répond régulièrement « ce n'est pas possible ». Le rapport à l'innovation est donc freiné, discuté et toujours très complexe au sein de l'Agence.

Aujourd'hui, toutes les grandes agences ont des sites internet et des fils professionnels. L'AFP, en proposant le même dispositif, ne demande rien de révolutionnaire ! Par ailleurs, arrêtons de dire que la presse française est malade de l'AFP. L'AFP ne fait qu'accompagner à la baisse les abonnements de la presse française. Il est aujourd'hui très difficile pour notre conseil d'administration de dire : « il faut trouver de nouvelles ressources », tout en proposant en même temps une baisse de 10 % des tarifs des abonnements de la presse !

L'entreprise doit donc pouvoir définir de manière autonome sa stratégie et sa politique de développement, sans qu'il soit question de moyens : quand je suis arrivé à l'INA, je n'ai obtenu aucun moyen supplémentaire pendant cinq ans ! Le fonctionnement actuel de l'AFP n'est pas tenable puisque, dans cette construction, la seule variable d'ajustement est le président, qui « saute » régulièrement, le système se régulant par la tête…

S'agissant de la nécessité de dégager un consensus, à un moment il faut faire un choix et bouger des lignes : cela ne veut pas forcément dire créer des zones de conflit. On peut réformer, d'une manière intelligente, construite, organisée. Accessoirement, je me permets de vous dire, mesdames et messieurs les députés, que nos concurrents anglo-saxons, à l'écoute de nos débats, se frottent les mains.

Sur l'éventuelle nouvelle composition du conseil d'administration, je fais confiance au génie parlementaire et à sa sagesse : vous avez raison de dire que s'il s'agit de faire sortir la PQR ou la PQN pour mettre des représentants du gouvernement, cela n'a pas de sens mais personne ne peut l'imaginer. Je ne suis pas porteur de cette idée-là, je pense qu'au sein du conseil, on peut avoir des personnalités fortes du monde de l'université, du droit, de la presse, du social, du culturel, y compris y introduire un ou deux étrangers qui sont des références du numérique, de l'internet ou un ancien secrétaire général de l'ONU. M. Vargas Llosa qui vient d'avoir le prix Nobel de littérature a commencé sa carrière en partie à Paris à l'AFP, il serait aujourd'hui tout à fait légitime qu'il soit membre du conseil d'administration et si je lui parlais de mobile ou d'internet, je pense qu'il n'aurait pas de problème de conscience pour me dire qu'il est tout à fait normal qu'au XXIe siècle la troisième agence de presse soit présente sur l'internet. On peut imaginer de faire entrer des champions olympiques au conseil d'administration de l'AFP. Il y a mille autres solutions, mille autres possibilités.

Sur la question du financement et du statut, tout cela est un peu lié. Actuellement, dans le cadre d'un statut porteur d'ambiguïtés qui ont fait sa force mais qui aujourd'hui commencent à être des faiblesses terribles, l'agence reçoit 110 millions d'euros par an de l'État. Ce financement est fondé sur une base juridique fragile notamment au regard du droit européen. Il n'y a que vous qui puissiez asseoir légalement et législativement la base juridique de l'intervention de l'État. Le dispositif est juridiquement fragile. Un jour, il sera discuté ou contesté et il vaut mieux prévenir que guérir : réaffirmer qu'il y a des missions d'intérêt général qui justifient la présence et l'intervention financière de l'État, c'est absolument essentiel.

Sur le climat social, je ne sais si je suis pacificateur ; la paix, pour qu'elle soit juste et durable, doit être faite dans la clarté. Il y avait un projet de déménagement en cours, qui n'est pas simplement une question de mètres ou de distance à parcourir, ce serait désobligeant pour tout le monde et ce n'est pas le cas. C'est un sujet compliqué et difficile. Pour procéder à ce déménagement, il a fallu produire beaucoup d'informations, des documents, des notes, ce qui a été fait avant mon arrivée… Il a fallu avancer. Le comité d'entreprise s'est prononcé majoritairement de façon négative. Mais cela n'a pas été unanime. Toutes les prises de parole et d'expression ne sont pas allées dans le même sens. C'était une affaire mal partie qu'il faut solder pour passer à autre chose. Le déménagement est déjà commencé. La moitié du personnel a déjà déménagé. C'est la seconde partie qui s'achève et rencontre quelques problèmes internes à l'entreprise…

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