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Intervention de Pascal Deguilhem

Réunion du 30 juin 2010 à 10h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPascal Deguilhem :

Nous sommes consternés que notre Commission des affaires culturelles et de l'éducation soit en train d'auditionner le président de la FFF et le sélectionneur de l'équipe de France. A-t-on perdu le sens de la mesure ? Vous nous avez dit, monsieur Escalettes, vous sentir mal à l'aise. Nous aussi. Est-il vraiment du rôle des politiques de vous entendre à cet instant, au retour d'une Coupe du monde peu glorieuse pour l'équipe de France ? Après les Jeux olympiques de Rome, où la France n'avait pas brillé, les responsables de l'époque n'avaient pas été auditionnés mais le général de Gaulle avait décidé d'impulser un renouveau sportif en France, en renforçant tous les niveaux de préparation. Notre pays peut s'honorer d'avoir jeté depuis lors les bases d'une politique sportive, largement développée par les fédérations. Nous avons certes souvent regretté le manque de moyens, notamment du ministère de la jeunesse et des sports, car l'enjeu dépasse les seuls résultats d'une équipe nationale : la vitalité sportive d'une nation ne se mesure pas à la seule aune du nombre de médailles ou de titres remportés, ce n'est là qu'un indicateur parmi d'autres.

Sans sous-estimer l'émotion suscitée par le récent échec de l'équipe de France, vu la place qu'occupe le football dans notre pays, nous pensons qu'il ne doit pas conduire les politiques à jouer un rôle qui n'est pas le leur. Nous ne sommes pas un tribunal, comme l'a dit Jean-François Copé. Mais en ce cas, il faut bien séparer les genres : une ministre n'a pas à aller dans les vestiaires faire la morale aux joueurs et leur « parler dur ».

Comme vos amis périgourdins, monsieur Escalettes, notre groupe souhaite saluer le président de fédération, honnête et responsable, et le dirigeant infatigable que vous avez été, à tous les échelons de responsabilité qui ont été les vôtres. Vous avez décidé de jeter l'éponge : pour beaucoup, cette décision est logique, pour d'autres, elle était « inéluctable ». Elle ne sera pas sans conséquence sur l'évolution de la FFF que vous avez longtemps servie. Soyez en tout cas assuré que pour notre part, jamais nous ne vous soupçonnerons « d'amateurisme ». Tous ceux qui s'intéressent au football savent que votre parcours ne se résume pas à l'éviction de Nicolas Anelka de l'équipe de France non plus qu'au maintien d'un sélectionneur dans ses fonctions.

L'émotion collective qu'ont suscitée jusqu'à la déraison les péripéties de l'équipe de France en Afrique du Sud laisse, hélas, peu de place pour une analyse objective de votre action à la présidence de la FFF. Tout le monde a oublié dans quelles conditions vous êtes arrivé à sa tête, comment vous en avez assaini les comptes, réussi à maintenir le lien entre football amateur et football professionnel… Vous voici aujourd'hui pris pour seule cible, quand d'autres, beaucoup moins courageux, et surtout irresponsables – je veux parler des joueurs – sont partis en vacances.

Je veux aussi évoquer ceux qui voient dans cet événement malheureux une opportunité pour mener une OPA bien peu amicale sur le football français, ses instances et son mode de fonctionnement, selon eux « désuet ». En quoi ce modèle est-il, comme vous l'avez reconnu tout à l'heure, « dépassé » ? Par quoi le remplacer et pour quels objectifs ?

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