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Intervention de Raymond Domenech

Réunion du 30 juin 2010 à 10h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Raymond Domenech, sélectionneur de l'équipe de France de football :

Je ne sais par quoi commencer. Il n'est pas évident d'expliquer pourquoi quelque chose marche ou ne marche pas quand il s'agit d'humain, a fortiori d'individus à la personnalité aussi complexe que peuvent l'être des sportifs de haut niveau. En tant que sélectionneur et autorité sportive de cette équipe, j'assume en tout cas ma part de responsabilité. Je n'ai pas su faire le lien entre des individus qui avaient chacun leurs qualités et leurs défauts, en un mot « faire prendre la sauce », je l'assume totalement.

Quant au fait que j'ai lu la déclaration des joueurs, je m'en suis déjà expliqué en conférence de presse. Cela faisait 45 minutes que le président Escalettes, René Charrier, le représentant des joueurs, et moi-même parlementions avec les joueurs, tentant de leur faire comprendre la portée de leur geste. Nous avons utilisé tous les arguments possibles – sauf un, la force. Peut-être aurions-nous dû y recourir. Nous ne l'avons pas fait car nous sommes en démocratie. J'ai jugé à un moment qu'il était temps d'en finir avec cette mascarade. Après leur avoir redit qu'ils ne se rendaient pas compte de ce qu'ils étaient en train de faire, je leur ai pris le communiqué des mains et l'ai lu à leur place.

À cet instant, j'ai eu le sentiment que si on en était arrivé là, c'est que j'avais failli quelque part dans ma gestion. La situation n'était pas facile : en fin de mandat, alors que votre successeur est déjà connu, les joueurs n'ont sans doute pas la même attitude. Cette fragilisation s'inscrivait dans la logique d'une politique que je n'ai pas à commenter. J'ai lu la déclaration pour mettre un terme à cette imbécillité. Ma seule erreur est de n'avoir pas précisé que je ne cautionnais pas ce qui venait de se passer.

Pour le reste, durant mes six années comme sélectionneur de l'équipe de France, jamais je n'ai mis un joueur en difficulté, contrairement à ce qui m'a parfois été reproché. J'ai protégé, surprotégé les joueurs, et je continuerai de le faire. Je n'ai pas l'intention aujourd'hui de dénoncer les faits ou les dires de tel ou tel. Tout cela, c'est la vie du vestiaire, et cela aurait dû rester la vie du vestiaire. Si les joueurs n'avaient pas commis cet acte irréparable le dimanche, on ferait aujourd'hui le procès de la presse. Sans les insultes rapportées en « une » de L'Équipe le samedi, fausses, soit dit au passage, il ne se serait pas passé tout ce qui s'est passé. C'est cette « une » qui a mis le feu aux poudres. Révélé dans la presse, ce qui aurait dû rester un problème interne à l'équipe a acquis une dimension nationale, appelant une sanction de la part de la Fédération. Un quotidien sportif a outrepassé sa mission d'information, se livrant même à de la désinformation. Là-dessus, j'étais solidaire des joueurs. Ils en voulaient d'abord à celui qui avait ébruité l'information à l'extérieur et dont ils savaient qu'il ne serait pas, lui, puni. C'est en lui plus qu'en l'auteur des insultes qu'ils voyaient le coupable. Pour eux, les injures font partie de leur quotidien – c'est là un problème d'éducation. Ils n'ont pas compris que leur auteur devait être sanctionné, mais c'est là un autre sujet. Le plus coupable était pour eux le délateur : tel est leur mode de fonctionnement. Je ne peux que confirmer ici que le détonateur a été la presse.

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