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Intervention de Marie-George Buffet

Réunion du 29 juin 2010 à 18h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie-George Buffet :

Je ne suis pas étonnée qu'un événement concernant le football prenne une telle importance parmi nos concitoyens car c'est le sport le plus populaire, en France comme dans le reste du monde. Mais c'est aussi un sport dans lequel les enjeux financiers revêtent une importance considérable.

Au-delà de tout ce que nous avons entendu ces derniers jours, en tant que ministres ou élus de la nation, nous n'avons pas vocation à remplacer les entraîneurs ou les dirigeants du mouvement sportifs. Nous devons travailler ensemble sur l'avenir du sport et de cette fédération en particulier.

Il faut se méfier de toute forme d'ingérence de l'État ou du ministère sur le mouvement sportif, de toute forme de moralisation aussi, et en revenir au partenariat. En matière de sport, les missions de service public sont partagées entre l'État et, par délégation, les fédérations. Le mouvement sportif n'est pas sous tutelle mais indépendant, il travaille en partenariat avec le ministère. Les états généraux du football seront-ils construits dans cet esprit ? Quelles sont vos intentions ?

Ces derniers jours, j'ai entendu de nombreuses déclarations selon lesquelles la compétence serait du côté des responsables du sport professionnel, les amateurs étant par essence incompétents. Or le mouvement sportif connaît certes un véritable problème de gouvernance de fédérations mais surtout un problème de démocratie. Dans les années à venir, comment franchir une nouvelle étape démocratique dans la gouvernance des fédérations mais aussi dans la prise de décision sportive ? Qu'en pensez-vous ? Je me suis opposée à la nomination par le chef de l'État des présidents de l'audiovisuel public, ce n'est pas pour souhaiter que le ministère chargé des sports en fasse de même avec les fédérations sportives. Je pense, en revanche, qu'il convient de travailler sur de nouvelles pistes pour améliorer leur fonctionnement.

Vous prétendez que la FFF se porte bien et que le fiasco est uniquement celui de l'équipe de France. Mon diagnostic est un peu différent : je crains que l'unité fédérale, qui fait la force du mouvement sportif français, soit un peu mise à mal. Ces derniers jours, j'ai senti poindre l'idée d'une prise de pouvoir du football professionnel sur la Fédération. Des journalistes ont même demandé si l'équipe de France devait dépendre de la FFF ou du football professionnel. Pour moi, la réponse est évidente : cette responsabilité incombe à la FFF, sans quoi l'équipe de France se transformerait en une énième équipe professionnelle jouant dans des compétitions privées. À votre avis, quel est l'avenir de l'unité fédérale ? Cette unité fédérale constitue un facteur de mutualisation : l'argent entrant dans le football professionnel doit toujours être davantage mutualisé en direction du sport amateur, d'autant que l'équipe de France n'existe que parce que le football amateur existe, parce que des bénévoles encadrent les enfants dans les clubs, parce que les collectivités territoriales permettent à ces clubs de fonctionner en construisant des infrastructures et en versant des subventions. La mutualisation fonctionnant dans les deux sens, l'idée selon laquelle l'équipe de France pourrait vivre en dehors de la FFF me paraît complètement erronée. Qu'en pensez-vous ?

J'ai vu circuler un pré-projet de loi relatif à la compétitivité du mouvement sportif, dont l'un des articles prévoit qu'un club sportif ayant le statut de société anonyme puisse s'inscrire à une compétition sans l'autorisation de sa fédération. Cela créerait une rupture entre le sport professionnel et les fédérations. Où en est ce pré-projet de loi ? Sera-t-il soumis au débat ?

Pour mettre de l'éthique financière dans le sport, il faut revenir sur un certain nombre de lois adoptées dans la période récente, de la cotation en bourse des clubs aux stades privés en passant par la rétribution des agents de joueurs par les clubs, sans oublier les paris en ligne. L'enjeu consiste à légiférer afin de restaurer une certaine maîtrise de l'argent irriguant le sport et ainsi d'assurer un certain degré de mutualisation.

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