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Intervention de Huguette Bello

Réunion du 29 juin 2010 à 21h45
Modernisation de l'agriculture et de la pêche — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHuguette Bello :

Bien souvent, en effet, ce sont les revenus garantis liés à la canne qui ont permis aux agriculteurs de s'orienter aussi vers la diversification agricole. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, la culture des fruits et légumes, désormais première production agricole de l'île, qui couvre presque les trois quarts de la consommation locale, loin d'être un substitut à la canne, a été rendue possible par les revenus qu'elle assure.

La réalisation de l'objectif, partagé par tous, de l'autonomie alimentaire dépendra, bien sûr, de l'ampleur du grand plan en faveur de la diversification de l'agriculture outre-mer qui a été annoncé par le Président de la République, mais elle sera également conditionnée par le sort qui sera réservé à la canne. Cette dimension doit être d'autant moins négligée dans les futures négociations que les cultures agricoles, du fait des accords de partenariat économique, risquent de subir la concurrence redoutable des pays ACP – Afrique, Caraïbes et Pacifique – qui vont pouvoir exporter à La Réunion, sans taxes ni droits de douane, des produits souvent similaires et très compétitifs.

De plus, la canne, culture traditionnelle s'il en est, contribue de plus en plus à relever le défi moderne du développement durable. En fournissant déjà plus de 10 % de l'électricité de l'île, elle participe, grâce à la bagasse, à l'objectif d'autonomie énergétique.

Développer la canne et parvenir à la sécurité alimentaire, cela nécessite, bien sûr, de préserver et même d'accroître le foncier agricole.

Cela suppose aussi que les agriculteurs puissent vivre de leur activité. L'augmentation rapide du prix des intrants et les catastrophes naturelles à répétition ont entraîné une chute de leurs revenus. Le nombre d'exploitations en difficulté ne cesse de croître. L'accès au crédit bancaire leur est encore plus difficile. La mise en place outre-mer des fonds de garantie est devenue une urgence.

Sauvegarder le pouvoir d'achat des producteurs et le rendre compatible avec celui des consommateurs est l'un des objectifs que vous poursuivez avec raison. Les circuits courts de commercialisation sont l'un des moyens d'y parvenir. C'est pourquoi nous vous demandons de soutenir et d'encourager les initiatives prises en ce sens à La Réunion.

Quand on parle de pouvoir d'achat, comment ne pas songer également aux agriculteurs retraités ? La nécessité de revaloriser les petites pensions agricoles est unanimement reconnue. Après vos récentes déclarations sur ce sujet, les agriculteurs et leurs conjointes attendent la mise en place de solutions rapides. Ils seront particulièrement attentifs, monsieur le ministre, aux suites qui seront données à la décision que vous avez déjà annoncée d'exclure de la reprise sur succession l'ensemble des bâtiments et des terres agricoles.

Un autre volet important de ce texte concerne la pêche. La problématique est toute différente puisqu'il s'agit essentiellement de lever les obstacles d'ordre juridique qui entravent le développement de ce secteur.

En effet, alors qu'elle se situe dans l'océan le plus poissonneux du globe, La Réunion est soumise à la politique commune de pêche élaborée pour l'hémisphère nord où la ressource halieutique est en diminution constante. Ce paradoxe fait qu'il nous est quasiment impossible de pêcher dans une zone maritime pourtant considérable.

Nous souhaitons que la réforme de la politique communautaire de la pêche de 2012 soit l'occasion d'en finir avec une contradiction aussi flagrante et que La Réunion cesse d'être tenue à l'écart de cette activité. L'article 349 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne permet, nous le savons tous, l'adaptation des règlements communautaires aux caractéristiques des régions ultrapériphériques, et la nouvelle approche des instances communautaires suggère de mettre plus fortement l'accent sur les atouts de ces régions.

Faut-il rappeler que la France dispose de la deuxième zone économique maritime du monde et que l'outre-mer représente 97 % de cette superficie ? Pourtant, cette puissance maritime continue d'être ignorée, même si la France importe plus de 80 % des produits de la mer qu'elle consomme.

La formation maritime est très peu développée. Le Grenelle de la mer, qui a pris en compte cette réalité, a affirmé la nécessité de valoriser et de rendre attractifs les métiers de la mer. Cet objectif concerne en premier lieu l'outre-mer.

À La Réunion, la ville de Saint-Paul se porte volontiers candidate pour accueillir un lycée des métiers de la mer. J'en ai déjà parlé au ministre de l'écologie et de la mer. Notre ambition est de créer une véritable filière qui allie la formation professionnelle, le cursus universitaire et la recherche. Il y a là, pour La Réunion, un secteur d'activité et une source d'emplois dont ni le sens ni la pertinence n'échapperont à personne.

J'espère, monsieur le ministre, que vous m'avez bien écouté et que vous me répondrez. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et SRC.)

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