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Intervention de Jean-Michel Counillon

Réunion du 7 avril 2010 à 9h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Jean-Michel Counillon, secrétaire général de TF1 :

Monsieur Françaix, la part de marché publicitaire de TF1 n'est plus de 55 %, mais de 43,2 %. Les trois premiers intervenants de cette table ronde ont tous expliqué que la télévision traversait une crise structurelle majeure liée à la multiplication des supports, à laquelle s'est ajoutée la crise économique mondiale qui a eu des incidences sur les budgets et les choix des annonceurs. Si on peut légitimement espérer que la crise économique se terminera un jour, les problèmes structurels, eux, demeureront. Ce n'est pas en maintenant la publicité sur France Télévisions en journée qu'on répondra à ce défi. La question ne porte pas sur l'opportunité du choix, vraisemblablement dicté, comme le calendrier, par la pression juridique exercée par la Commission européenne. Mais, comme l'a d'ailleurs dit Jean-François Copé, attendons de voir quelle sera l'issue de la procédure engagée à Bruxelles.

La télévision privée est aujourd'hui confrontée à un grave problème structurel de financement et de modèle économique, auquel aucune réponse n'est apportée. La question de la télévision publique est un autre débat et les deux n'ont pas à être mêlés. Les deux secteurs obéissent à deux modèles économiques différents et n'ont pas les mêmes besoins. Christian Kert trouve normal que les équipes de France Télévisions connaissent leurs recettes futures, je peux le comprendre. Mais les chaînes privées, elles, n'ont aujourd'hui quasiment aucune visibilité. Que ne puissent-elles avoir un horizon, ne serait-ce que de trois mois !

Monsieur Mathus, les relations des diffuseurs avec les producteurs sont nécessairement de partenariat, de plus en plus fondées sur un modèle gagnant-gagnant. La réglementation a certes, ces vingt dernières années, transformé leur partenariat naturel en une confrontation artificielle. Mais leurs relations se sont aujourd'hui normalisées au travers d'accords interprofessionnels qu'ils ont négociés et acceptés. S'agissant d'un éventuel accès payant aux fréquences, il n'existe, à ma connaissance, aucun pays européen où une licence de télévision ait été accordée en contrepartie du paiement d'une redevance pour une fréquence. En revanche, les producteurs sont très inquiets de l'asymétrie qui se creuse aujourd'hui dans l'audiovisuel, entre des chaînes privées installées dans une crise durable et des chaînes publiques dont les ressources sont garanties à moyen, voire à long terme. Comment, dans ce contexte, être sûrs que les chaînes privées pourront continuer à financer la production ? Cette incertitude est liée à celle qui porte sur l'avenir de la publicité, qui n'est pas levée. La réponse ne passe pas seulement par la suppression de la publicité sur les chaînes publiques mais exige d'examiner le modèle économique des chaînes privées, qui se caractérise aujourd'hui par la très grande volatilité de leurs recettes alors que leurs coûts, dépendant de décisions de long terme, sont en grande partie fixes – en tout cas ne peuvent être instantanément adaptés à un recul des recettes. Il y a là un danger pour toutes les chaînes privées, mais aussi pour la production.

Enfin, un sujet est aujourd'hui totalement absent du débat, alors qu'il en avait été beaucoup question lors de la réforme de 2009 et qu'il avait même structuré la réflexion sur le financement de la télévision, conduisant à fixer la clause de rendez-vous : je veux parler de l'extinction de la diffusion analogique. C'est un processus long, coûteux, dans lequel chaînes privées et chaînes publiques sont embarquées sur un même bateau, et dont l'enjeu n'est autre que le maintien de l'accessibilité des programmes de télévision pour tous les Français à la fin 2011.

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