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Intervention de Éric Besson

Réunion du 8 décembre 2009 à 15h00
Débat sur l'identité nationale

Éric Besson, ministre de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du développement solidaire :

Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, je tiens tout d'abord à remercier l'Assemblée nationale d'avoir donné suite à l'initiative du groupe UMP et de son président, et d'avoir inscrit à son ordre du jour ce débat sur l'identité nationale.

Cette initiative reprend l'un des engagements pris par le Président de la République devant les Français lors de la campagne présidentielle, ainsi que la demande inscrite dans la lettre de mission qu'il m'a adressée, avec le Premier ministre, le 31 mars dernier.

En effet, non seulement l'Assemblée nationale a toute sa place dans ce débat, mais elle en est même, historiquement, la matrice. C'est bien la première assemblée nationale, instituée par les députés du tiers état le 17 juin 1789, qui a transféré la souveraineté du roi à la nation. C'est bien cette assemblée qui, après le serment du Jeu de paume, a aboli la féodalité, adopté la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen et proclamé la première constitution démocratique de notre nation.

L'Assemblée nationale a toujours été, et doit rester au centre du débat sur l'identité de notre nation. Ce débat sur l'identité nationale est ancien et permanent ; l'État y a toujours joué un rôle central. La plupart des nations du monde se sont progressivement dotées d'États. En France, au contraire, l'État a précédé et construit la nation. C'est lui qui oblige à utiliser la langue française dès l'ordonnance de Villers-Cotterêts en 1539. C'est lui qui impose la conscription dès 1793. C'est lui qui généralise l'école gratuite et obligatoire, avec les lois Ferry de 1881 et 1882. C'est lui qui prescrit la séparation de l'Église et de l'État avec la loi de 1905. Et c'est vers lui que se tournent nos concitoyens face à chacune des grandes crises – économique, financière, sociale, environnementale ou sanitaire – que traverse notre pays.

L'État a fait de la nation l'échelon fondamental d'exercice des solidarités. En France, l'État a toujours été créateur de nation. En organisant un grand débat sur l'identité nationale, il est donc fidèle à sa vocation.

Notre nation n'est ni un hasard de la nature ni une statue figée ; elle est une construction permanente, le produit d'un volontarisme incessant.

À tous ceux qui contestent le principe de ce débat, je répondrai en citant Fernand Braudel : « Le thème de l'identité française s'impose à tout le monde, qu'on soit de gauche, de droite ou du centre, de l'extrême gauche ou de l'extrême droite. C'est un problème qui se pose à tous les Français. »

Notre nation n'a pas toujours été une et indivisible. Elle n'a été maintenue unie que par les efforts renouvelés de l'État. « La France est divisible. La France, ce sont des France différentes qui ont été cousues ensemble » écrivait encore Braudel. Michelet disait : « C'est la France française, c'est-à-dire la France autour de Paris, qui a fini par s'imposer aux différentes France qui, aujourd'hui, constituent l'espace de l'Hexagone. » C'est parce que nous devons préserver l'unité de notre nation, la raffermir, que le débat sur l'identité nationale est utile.

L'identité nationale ne se décrète pas. Raison de plus pour associer à la réflexion sur ses valeurs toutes les forces vives, tous nos concitoyens !

L'identité nationale est évolutive. Raison de plus pour prendre la mesure de cette évolution, pour esquisser ensemble les scénarii possibles et surtout les scénarii souhaitables.

L'identité nationale est un projet autant qu'un héritage. « Qu'est-ce que la France ? » s'interrogeait Victor Hugo. Il répondait : « Un passé qui éclaire l'avenir ».

Le débat sur l'identité nationale doit être cela : un passé, des valeurs qui éclairent l'avenir et doivent nous permettre de définir un projet commun. Le débat débouchera sur des propositions. J'en formulerai moi-même dans quelques instants, que j'ai déjà eu l'occasion de présenter il y a quelques semaines. D'autres feront des propositions et, après l'arbitrage du Président de la République et du Premier Ministre, elles deviendront des décisions. Certaines vous seront proposées.

Mais ce débat a une vertu en lui-même. Il a la vertu de l'échange, du dialogue, du diagnostic.

1 commentaire :

Le 15/12/2009 à 17:25, Karl Civis (retraité) a dit :

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Quand le ministre Besson dit : « La nation a été créée par l’État » ; cela voudrait-il dire que la « nation », l'« État», la « France » d'après la Révolution seraient les mêmes (seraient « identiques à ») que la « nation », l'« État», la « France » d'avant ? … qu’il n’y aurait pas eu vraiment de Révolution et que le Peuple n’aurait jamais pris la Bastille ?… et que d’ailleurs, peuple-pichenette, récalcitrant et grognon, il en serait bien incapable ? …que, par voie de conséquence, nous n’en serions qu’« au moyen-âge de la démocratie » ?

Sur ce thème lire la chronique d’abonnés publié sur le site (http://www.lemonde.fr) le 14 décembre 2009 / Voir aussi sur mon blog/ Documents/ « La nation a été créée par l'État» (Besson) : une vision moyen-âgeuse de la démocratie

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