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Intervention de Michel Françaix

Réunion du 3 novembre 2009 à 17h00
Commission élargie des affaires économiques, de l’environnement et du territoire et des finances

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Françaix :

Nous sommes dans une période charnière. Le ministère de la culture a cinquante ans d'existence et les recettes d'André Malraux ou de Jack Lang ne peuvent plus s'appliquer aujourd'hui.

Je ne parlerai pas de l'éducation artistique, qui devrait être au coeur de votre projet, mais qui, à vous entendre, dépend plus du ministre de l'éducation nationale que de vous-même.

Je ne dirai pas un mot non plus sur la répartition des rôles entre l'État et les collectivités, puisque la réforme des collectivités territoriales nous sera bientôt proposée.

Vous n'avez guère abordé la dimension européenne et internationale de la culture, mais, là encore, cela ne dépend pas que de vous.

En revanche, l'accueil de nouveaux publics dépend de vous. On est parvenu à améliorer certains résultats, mais toujours avec le même public.

C'est un budget très classique que vous nous présentez là, avec, comme tous les ans, une hiérarchie des priorités. Si je vous crois volontiers lorsque vous affirmez votre amour des artistes, j'aimerais que vous donniez des preuves de cet amour. Peut-être nous direz-vous, la mort dans l'âme, ce que vous pensez de l'art vivant ; toujours est-il que l'art vivant ne retrouve pas ses recettes budgétaires.

On ne peut plus se contenter de perpétuer le rayonnement d'une étoile dont le feu déclinerait, faute par exemple d'une vision culturelle dans notre activité diplomatique. On ne peut non plus se satisfaire d'un développement de la culture uniquement par les nouvelles technologies : « Cela est bien mais que valent ces stupéfiantes inventions sans l'enseignement de la langue écrite et sans les livres ? Fournir en écrans à cristaux liquides la plus grande partie de l'humanité relève de l'utopie. Alors ne sommes-nous pas en train de créer une nouvelle élite, de tracer une nouvelle ligne qui divise le monde ? » Quel est l'intellectuel éthique, l'intellectuel esthétique aujourd'hui ? Il est remplacé par un intellectuel médiatique, ce qui pose d'ailleurs la question de la télévision et de son rôle : peut-être la chaîne éducative diffusée par un service public fort que nous appelions de nos voeux serait-elle une des réponses que vous ne trouvez pas à un certain nombre de questions…

En son temps, la gauche a sauvé le réseau de petits libraires et sauvegardé le cinéma français. Aujourd'hui, quelle que soit votre bonne volonté, on ne peut plus se contenter de témoignages, il faut agir, en phase avec notre temps. Je ne veux pas que vous soyez un témoin à votre corps défendant. Je souhaite donc que, dans l'action, nous voyions l'année prochaine les trois ou quatre priorités qui permettraient de sortir d'un certain malaise et de répondre à ceux qui en viennent à se demander : « À quoi sert un ministère de la culture ? ».

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