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Intervention de Patrick de Carolis

Réunion du 7 octobre 2009 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Patrick de Carolis, président-directeur général de France Télévisions :

En ce qui concerne le coup de frein qui serait donné aux productions, les chiffres que nous avançons et, surtout, les obligations que nous remplissons détruisent les fausses idées, les rumeurs. Qu'il y ait des inquiétudes, c'est normal, mais nos investissements et le soutien que nous accordons à la création française prouvent que nous ne fermons pas le robinet !

En accord avec les producteurs, nous avons multiplié le nombre des propositions pour garantir le choix, la diversité et prendre le meilleur dans le cadre de nos obligations. Nous avons développé, organisé cette recrudescence de propositions : il ne faut donc pas nous reprocher ensuite de ne pas toutes les retenir. On ne le peut pas !

De la même manière, parler de guichet unique est un fantasme. Le propre du service public est de gérer la diversité et d'offrir à tout un chacun la possibilité d'exprimer ses talents, sa créativité, et non pas de formater, de faire la même chose sur toutes les chaînes publiques. Là aussi les rumeurs, les craintes sont infondées, et nous le prouverons.

Pour ce qui est de la publicité, je vais être franc. S'agissant du service public, quand ça ne va pas, c'est toujours la faute de ses dirigeants, et quand ça va bien, c'est parce que nos prévisions ont été sous-estimées ! Pour les chaînes privées commerciales, quand ça va bien, c'est forcément grâce à la qualité de leurs cadres ou de leurs dirigeants, et quand ça ne va pas, c'est à cause du marché ou de la réglementation… et on dit qu'il faut changer la réglementation !

Nous avons commencé l'année 2008 avec un budget prévisionnel dont le montant des ressources publicitaires était de 810 millions d'euros, basé sur le réalisé 2007 de l'ordre de 790 millions d'euros. L'annonce du Président de la République du 8 janvier 2008 a changé la donne. Une commission parlementaire a été créée, dont les conclusions ont fait état de 450 millions d'euros de manque à gagner en cas de suppression de la publicité après vingt heures. Ce chiffre est dans la loi, il est fondé sur un consensus de marché et sur des indicateurs construits par des organismes indépendants.

Nous avons donc été confrontés à une situation inédite : il a fallu établir un prévisionnel pour les rentrées publicitaires avant vingt heures. Or les rentrées publicitaires d'avant vingt heures se faisant régulièrement sur des deals globaux que nous passons dès lors que nous avons des publicités après vingt heures, il était très difficile d'évaluer l'impact de la fin de la publicité après vingt heures. Là aussi, nous nous sommes fondés sur un consensus de marché et des indications totalement indépendantes. Et nous sommes arrivés à une projection de 260 millions d'euros.

Faites le compte : nous partons de 810, nous avons une compensation annoncée de 450, un prévisionnel de 260, il manque 100. Les 100 millions, nous les avons aujourd'hui grâce à notre sur-performance. Ainsi, nous arrivons à un total équilibre par rapport au budget prévisionnel de 2008. Par conséquent, il est faux de parler de sur-compensation ou de sous-évaluation !

Quand on a la chance et l'opportunité que la publicité après vingt heures soit supprimée sur France Télévisions, groupe qui représente 32 % de parts de marché, on en profite ! Si on n'en profite pas, ce ne sont ni la réglementation ni les taxes qui doivent être mises en cause !

Nous espérons que la somme de 105 millions sera dépassée à la fin de l'année, que la qualité de nos programmes attirera les téléspectateurs et les cibles commerciales, notamment de CSP +, cible qui est traditionnellement revalorisée en temps de crise. N'oublions pas en effet que, depuis un an et demi, nous sommes entrés dans une période de crise et que les annonceurs s'intéressent à l'efficacité, à l'image, à la cible et au coût. Adapter sa politique commerciale en fonction de son audience, de son marché, c'est de l'intelligence, du talent. On ne peut pas nous le reprocher, ni d'ailleurs nos bonnes performances.

En cas de rentrées au-delà de 105 millions, j'ai annoncé à l'actionnaire que toute sur-performance commerciale irait à la réduction de notre endettement. C'est pourquoi nous nous rapprocherons le plus rapidement et le plus tôt possible de l'équilibre opérationnel, qui, dans le plan d'affaires, sera atteint en 2011, sachant que 2010 sera une année particulièrement difficile pour tout le monde.

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