Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Jean-Louis Caron

Réunion du 25 mars 2009 à 18h00
Délégation à l’aménagement et au développement durable du territoire

Jean-Louis Caron, directeur du développement durable, CEA :

Le Commissariat à l'énergie atomique est le quatrième déposant de brevets en France, après PSA, Renault et L'Oréal. Il compte 16 000 salariés, réalise 3,5 milliards de chiffre d'affaires et couvre quatre secteurs de recherche : l'énergie, les nouvelles technologies pour l'information et les communications, les nouvelles technologies pour la santé, la sécurité globale et la dissuasion.

Le secteur de l'énergie recouvre les énergies nucléaire et solaire, la biomasse et le stockage de l'énergie. Le budget que nous consacrons à la recherche sur l'énergie solaire est aussi important que celui de la recherche sur l'énergie nucléaire.

Je ne citerai pas les trente programmes du CEA qui ressortissent directement au développement durable, me contentant d'évoquer la question du bilan carbone, plus précisément la gouvernance carbone. Le CEA ne considère cette gouvernance ni comme un gadget, ni comme un outil révolutionnaire, mais comme un angle de vue complémentaire qui nous permet de mesurer notre dépendance au carbone, donc aux énergies fossiles, d'identifier nos fragilités, de définir des marges de progrès, de choisir les bons leviers et de mettre en place des actions.

Un schéma de l'IFP indique que notre consommation va bientôt dépasser le pic des 2 000 milliards de barils de pétrole, pic que les États-Unis ont déjà dépassé. Chaque industrie a un seuil de vulnérabilité, le CEA en tient compte dans ses études.

Comment préparer notre monde à une forte contrainte en la matière ? À l'heure actuelle, le charbon représente 25 % des énergies produites, le pétrole 35 %, le gaz 20 %, l'hydroélectricité 5 %, le nucléaire 5 %, et les énergies alternatives 0,8 %. Avant de substituer de nouvelles énergies aux énergies actuelles, il faudrait déjà économiser ces dernières !

Le bilan carbone ne doit pas tenir compte uniquement des émissions produites en aval, mais aussi de celles produites en amont, lors de l'extraction des matières premières, car le silicium vient de mines de Taiwan, le charbon de Chine, le cuivre de Bolivie, par exemple.

Dans un bilan carbone, toute matière est transformée en carbone. Ainsi, 100 kilowatts de fioul représentent 8,5 kilogrammes de carbone, à peu près autant que 100 kilomètres en voiture en milieu urbain, 100 euros d'achats informatiques deviennent 12 kilogrammes de carbone, et 1 kilogramme de viande de boeuf un peu moins de 6 kilogrammes de carbone.

Pour établir sa gouvernance carbone, le CEA a engagé un processus et l'a expérimenté au centre de Saclay, qui compte 6 000 salariés. Nous avons été très surpris de constater que le plus gros poste de notre dépendance carbone vient des matériels de haute technologie – spectromètres, lasers – qui représentent environ 20 % de notre bilan carbone ; arrivent ensuite le chauffage, qui atteint 14 %, les trajets en voiture domicile-travail, qui représentent 9 %, les déplacements en mission, 8 % et, enfin, les déplacements des visiteurs. Ce dernier poste, même s'il paraît redondant, mérite d'être pris en compte, car il est évident que si, un jour, le baril atteint 300 euros, les chercheurs japonais ou sud-américains se déplaceront moins souvent dans notre pays.

Nous avons réussi à chiffrer le surcoût que représenterait un baril de pétrole à 300 euros : il s'élèverait à 33 millions d'euros ! Il est clair que chaque diminution du bilan carbone rend l'activité moins vulnérable. C'est pourquoi le CEA tient à établir des bilans et à fixer des objectifs. Par exemple, dans la mesure où le poste « déchets et eaux usées » ne représente que 0,7 %, il est inutile de dépenser la moindre énergie pour le réduire. En revanche, le bilan des matériels de haute technologie atteignant 20 %, nous devons en limiter le nombre.

Le Collège des directeurs du développement durable a mis en place un atelier carbone qui a pour objectif de définir des périmètres conformes aux préconisations de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie. Ces périmètres, destinés à l'établissement du bilan carbone, doivent tenir compte des facteurs d'émission, des indicateurs et des échanges de bonne pratique.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion