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Intervention de Christophe de Margerie

Réunion du 4 juin 2008 à 11h15
Commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire

Christophe de Margerie :

Les questions sont très nombreuses. Je suis tout disposé à revenir devant les commissions des Finances et des Affaires économiques, étant entendu que nous aurions intérêt à sérier les sujets. Mes collaborateurs et moi-même sommes prêts à apporter des réponses complètes à toutes les questions sans exception.

Notre pilote du site de Lacq, même si son coût estimé est de plus de 50 millions d'euros, n'est qu'un pilote. Nous avons dialogué avec les acteurs locaux ; nous avons même répondu aux viticulteurs qui se posaient des questions sur la dangerosité du CO2 ; nous avons édité une plaquette très détaillée sur les problèmes de captage et de stockage. En tout état de cause, s'il arrivait que le CO2 stocké se diffuse par accident dans l'atmosphère, les quantités seraient si petites qu'elles ne seraient pas dangereuses. Il faut y insister car certaines personnes, à Lacq, ont accusé Total d'instiller du poison dans le sous-sol.

Nous avons choisi le site de Lacq non pour sa pérennité, mais parce que la chaudière de l'usine – dont la production de gaz devrait, malheureusement, s'amenuiser – permet de réaliser l'étude. Il s'agit de développer une technologie exportable, la plus efficace et la moins chère possible. L'oxycombustion, que nous avons choisie en partenariat avec Air liquide, sera comparée avec les autres méthodes. L'ancien champ de gaz de Chapelle-de-Rousse servira pour le stockage. Reste à savoir si, en France, de tels sites existent à proximité des zones industrielles. Si tel n'est pas le cas, comment transporter le CO2 et comment en assumer le coût ? Nous préférerions que ce coût soit couvert par des recettes tirées de l'efficacité énergétique plutôt que par des taxes. Cela nous renvoie au débat plus général sur les taxes sur les émissions de CO2 : aujourd'hui, on investit dans des domaines sans savoir comment l'on sera taxé. La visibilité s'arrête à l'échéance de Kyoto I, c'est-à-dire à la fin de 2012, alors que les investissements se chiffrent en dizaines ou en centaines de milliards de dollars.

Quant à savoir s'il faut travailler pour compte commun sur le pilote de Lacq, il faut en discuter avec le Gouvernement. Ce serait une bonne chose que de réaliser un produit phare du savoir-faire technologique de la France. Cela étant, il n'est pas mauvais non plus de s'associer avec d'autres pour gagner en efficacité et en rapidité. Les Britanniques ont des projets intéressants dans ce domaine. N'aurions-nous pas intérêt à travailler ensemble plutôt que de promouvoir chacun un produit séparé ? Certaines solutions purement nationales nous ont coûté très cher par le passé.

Pour ce qui est des réserves d'hydrocarbures, le chiffre de 50 % est pessimiste et ne fait pas assez de cas de la capacité de nos ingénieurs à faire progresser les technologies.

En effet, le peak oil, c'est-à-dire le croisement de l'offre et de la demande, s'est produit en 2005. Je l'ai dit et cela a déplu. Le scénario évoqué par M. Yves Cochet est que la situation ne changera pas, en particulier, en matière de géopolitique. S'agissant des décisions prises au niveau mondial, européen ou français vis-à-vis de certains pays producteurs, je respecte le choix des gouvernements et des parlements, mais ceux-ci ne peuvent ignorer l'impact que cela a sur notre capacité à extraire du pétrole. Traiter les pays producteurs de menteurs n'aide pas au dialogue. En revanche, il serait bon de se demander quels reports de capacité de production d'huile et de gaz impliqueraient l'éventualité qu'il soit impossible de travailler en Iran. De même, l'insécurité dans certains pays pose un vrai problème. Enfin, je respecte la décision de l'Athabasca de conditionner ses autorisations à des préoccupations environnementales, mais il me semble possible d'améliorer aussi les choses de ce point de vue.

D'une manière générale, rien ne pourra me convaincre qu'il est impossible d'améliorer la situation actuelle. Je suis entièrement d'accord sur le fait que certaines personnes, pour laisser croire qu'il n'existait pas de problème, ont été jusqu'à utiliser des chiffres qu'elles savaient erronés. On ne peut nier que la fermeture des sites en Iran n'aurait pas d'impact, on ne peut nier que les troubles en Irak et dans de nombreux autres pays n'ont pas d'impact. Cela étant, la situation peut changer pour peu qu'on entretienne un vrai dialogue avec ces pays et que l'on cesse de prétendre avoir toujours raison et de les accuser de ne rien faire.

Je maintiens que l'objectif de 95 millions de barils d'hydrocarbures et de 100 millions au total est difficile à atteindre. Il nous faudra certes changer nos comportements en matière environnementale, en matière de consommation et vis-à-vis des pays producteurs, mais cela peut se faire. Dans le cas contraire, nous aurons du mal à augmenter la production. Les raisons n'en seront pas techniques mais, en grande partie, géopolitiques.

Pour ce qui est de l'éthanol E-85, l'idée était sans doute bonne du point de vue de la recherche. L'opération de communication, que la compagnie Total ne réclamait pas spécialement, a été réalisée. Maintenant, s'il y a très peu de stations fournissant du E-85, c'est qu'il n'y a pas de voitures pour s'y ravitailler. Nous ne pouvons être responsables de tout ! Dans l'exemple malheureux que vous invoquez, monsieur Cahuzac, j'ai cru comprendre que la station n'avait pas alors reçu d'autorisation définitive mais une dérogation, c'est depuis résolu. Pour le reste, il est clair que nous ne pouvons équiper en E-85 le nombre demandé de stations s'il n'y a pas plus de clients pour ce carburant. La question est à traiter avec les motoristes.

J'en viens à notre politique en matière de dividendes. Nous avons distribué 37 % de notre résultat en dividendes, ce qui représente un rendement de 3,8 ou 3,9 % pour l'actionnaire.

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