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Intervention de Christian van Hecke

Réunion du 16 décembre 2008 à 16h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Christian van Hecke :

Je dirige un tout petit groupe de 80 personnes et de 10 millions d'euros de chiffre d'affaires. Il y a une dizaine d'années, nous avons racheté une petite société à Thalès, qui considérait que cette entreprise ne relevait plus de son coeur de métier et qu'elle n'avait plus aucun potentiel de développement et d'innovation. Nous l'avons dotée de moyens d'études et de développement et agrandie en rachetant quelques autres petites PME. Nous nous sommes positionnés sur des marchés plus importants. Notre activité est essentiellement tournée vers l'aéronautique, l'armement, mais aussi l'industrie, le sport automobile et d'autres secteurs, ce qui nous permet de juguler les variations d'activité de chacun des secteurs.

J'insisterai plus particulièrement sur l'innovation. En tant que PME, nous n'avons de chances de survie que si nous sommes capables d'innover et d'apporter en permanence de nouveaux produits, de nouvelles méthodes et de nouvelles technologies. Mais innover suppose des moyens financiers, soit par autofinancement, soit en obtenant des plans de financement, comme des PEA, auprès de la DGA. Or, depuis 10 ans, il n'a jamais été possible d'obtenir le moindre financement pour l'innovation. Il est extrêmement difficile pour une PME indépendante d'accéder à des sources de financement de développement. De fait, avec mes associés, nous avons décidé de mener une politique financière qui est affichée dans notre manuel qualité : les actionnaires ne touchent pas de dividende et tous les résultats alimentent le développement par autofinancement. Nous utilisons également différents systèmes comme le crédit impôt recherche, dont je souligne que l'évolution voulue par le Président de la République va tout à fait dans le bon sens.

Ainsi que mes deux prédécesseurs l'ont observé, la volonté d'innover est souvent découragée par le manque de garantie entourant la conservation de la propriété intellectuelle. Pour ma part, je ne saurai accepter qu'un grand groupe, sous prétexte qu'il me passe une commande, s'approprie l'innovation dont nous avons financé le développement sur nos propres deniers. C'est en raison de ce risque de pillage que je renonce aujourd'hui à répondre à nombre d'appels d'offres. Pourtant, comme je viens de l'indiquer, c'est l'innovation qui conditionne la survie de mon entreprise.

S'agissant de l'aéronautique, je veux souligner qu'il est beaucoup plus aisé pour mon entreprise de remporter un gros contrat aux États-Unis, où elle est désormais référencée pour l'insonorisation du fuselage du Boeing 787, que de conclure un contrat avec Airbus, qui se montre hermétique, par simple faute que nous soyons une PME. Boeing s'est montré plus pragmatique et nous a sélectionnés en raison de l'avance technologique de notre produit. Par la suite, Airbus nous a contactés et nous a demandé pourquoi nous ne nous étions pas tournés d'abord vers leur groupe…

En France, il est très difficile de conduire une PME indépendante, patrimoniale. Dans notre cas, tous les actionnaires travaillent dans l'entreprise. C'est notre outil de travail et nous nous battons chaque jour pour le développer. Je suis donc ravi lorsque vous adoptez un message politique de soutien au développement des PME. En la matière, l'accès au financement de la R&T est essentiel. Or, il est ardu pour les PME. Elles trouveraient pourtant particulièrement utile de disposer de quelques centaines de milliers d'euros par l'intermédiaire de PEA, dont il est tout à fait anormal que seuls les grands groupes puissent bénéficier.

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