M. Antoine Herth attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères et européennes sur la situation des droits de l'Homme en Birmanie. La situation de ces derniers ne cesse en effet de s'aggraver, notamment dans les zones de conflit où vivent les minorités ethniques. La dictature militaire au pouvoir a récemment intensifié ses attaques envers les populations civiles dans les zones ethniques. Au cours des 12 derniers mois, 75 000 personnes auraient ainsi été déplacées de force. Depuis 1996, plus de 3 300 villages peuplés de minorités ont été détruits et les attaques de l'armée birmane ont causé le déplacement forcé de plus d'un million de personnes. La junte au pouvoir met en oeuvre une politique de nettoyage ethnique via l'usage généralisé du viol, le recrutement de dizaines de milliers d'enfants soldats et le recours massif au travail forcé, forme moderne de l'esclavage. Les organisations birmanes d'opposition à la dictature, ainsi que de nombreuses organisations internationales de défense des droits de l'Homme demandent l'ouverture d'une commission d'enquête sur ces terribles crimes commis à l'encontre de la population birmane par ses dirigeants. Aussi, alors que de nombreux pays se sont déjà exprimés en faveur de cette démarche, il souhaiterait connaître la position du Gouvernement à l'égard de cette initiative et, de façon plus générale, les démarches qu'il entend mener pour que l'impunité et les exactions des dirigeants birmans cessent.
La France suit avec beaucoup d'attention l'évolution de la situation en Birmanie et demeure très préoccupée par les atteintes aux droits de l'homme dans ce pays. Alors que le nouveau gouvernement se prévaut d'ambitions démocratiques, la France réitère à toute occasion son appel à engager de véritables réformes, à entreprendre un dialogue avec l'ensemble de l'opposition et avec les minorités ethniques, dans l'intérêt de la réconciliation nationale. Par ailleurs, la libération d'Aung San Suu Kyi, en novembre dernier, ne saurait nous faire oublier le maintien en détention de plus de 2 000 prisonniers politiques. Face aux violations persistantes des droits de l'homme en Birmanie, la France, avec ses partenaires européens, agit pour que les Nations unies restent saisies de la question. À l'occasion de l'examen périodique universel du Conseil des droits de l'homme (CDH) des Nations unies en janvier 2011, la France a ainsi appelé les autorités birmanes à garantir le respect des minorités ethniques et religieuses, de même que la liberté d'expression, d'association et de la presse, à lutter contre le travail forcé et l'impunité, et à la libérer les prisonniers politiques. En outre, la France soutient pleinement les travaux du rapporteur spécial mandaté par le CDH, M. Tomas Quintana, pour traiter de la situation des droits de l'homme en Birmanie. Elle se félicite à ce titre du renouvellement de son mandat en mars dernier, par une résolution présentée, comme chaque année, par l'Union européenne. Nous souhaitons qu'il puisse se rendre prochainement en Birmanie. Dans son rapport de mars 2010, M. Quintana souligne que, compte tenu de la persistance de violations graves des droits de l'Homme dans un climat de totale impunité, les Nations unies pourraient envisager la mise en place d'une commission d'enquête internationale chargée d'établir les faits quant à d'éventuels crimes contre la paix, crimes de guerre et crimes contre l'humanité. La France s'est prononcée publiquement en faveur de cette recommandation lors de la 15e session du Conseil des droits de l'homme, à Genève, en septembre dernier. La traduire concrètement dans les faits suppose cependant de réunir une majorité de voix au Conseil des droits de l'homme ou à l'Assemblée générale des Nations unies ou l'accord du Conseil de sécurité. En étroite coordination avec nos partenaires, nous examinons avec attention l'ensemble des options possibles.
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