Denis Jacquat
Question N° 87586 au Ministère de la Santé
Question soumise le 7 septembre 2010
M. Denis Jacquat attire l'attention de Mme la ministre de la santé et des sports sur les propositions exprimées par le Haut conseil de santé publique (HCSP) dans son rapport intitulé "Objectifs de santé publique : évaluation des objectifs de la loi du 9 août 2004 et propositions". Le HCSP rappelle que plusieurs études récentes indiquent un lien significatif entre une anomalie de vision non corrigée et un risque de difficultés d'apprentissage de la lecture, donc de retard scolaire. Il lui semble donc nécessaire de développer la recherche concernant la nature de ces troubles, leur fréquence, les facteurs de risque et le devenir des enfants concernés selon les axes développés dans le plan langage 2001-2004. Il la remercie de bien vouloir lui faire connaître son avis à ce sujet.
Réponse émise le 31 mai 2011
Le lien entre les anomalies de la vision non corrigées et les difficultés d'apprentissage de la lecture a fait l'objet de plusieurs publications probantes au cours des dernières années. Les troubles de l'acuité visuelle résultant d'une atteinte périphérique sont les mieux connus. Des lésions intéressant les voies visuelles rétro-chiasmatiques ou les aires visuelles engendrent également un handicap visuel, encore trop souvent méconnu. Ces troubles peuvent concerner le champ visuel, l'exploration, la mémoire, l'analyse, l'attention ou la reconnaissance visuelle, tout en épargnant l'acuité. Le retentissement de ces troubles neurovisuels d'origine centrale sur les apprentissages scolaires est maintenant bien établi. C'est pourquoi la direction générale de la santé soutient le projet en cours de l'équipe « TREAT Vision » du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) visant au développement parallèle d'une batterie de dépistage simple de ces anomalies chez l'enfant et d'une formation de professionnels au diagnostic et à la prise en charge de celles-ci. En ce qui concerne la recherche dans le domaine de la santé de l'enfant, la direction générale de la santé s'est engagée dans deux projets d'envergure qui se mettent en place au cours du premier semestre 2011. Il s'agit en premier de l'étude Elfe (enquête longitudinale française depuis l'enfance), consacrée au suivi de 20 000 enfants de la naissance (enfants nés après trente-trois semaines de gestation) à l'âge adulte (2011-2031). Cette étude abordera les multiples aspects de la vie de l'enfant sous l'angle de la santé, des apprentissages, de l'environnement, ainsi que des sciences sociales. Le second projet est celui de l'étude Épipage 2 qui permettra d'actualiser les données concernant la prise en charge et le devenir des grands prématurés, au regard de l'évolution de l'organisation des soins et des pratiques médicales. Cette étude permettra, en outre, d'améliorer les connaissances sur l'étiologie de la prématurité et de ses conséquences, ainsi que sur les facteurs pronostiques précoces. Or, l'apparition des troubles visuels d'origine centrale est fortement liée aux événements de la période périnatale, dont la grande prématurité et les épisodes d'anoxie.
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