Denis Jacquat
Question N° 87469 au Ministère de la Prospective
Question soumise le 7 septembre 2010
M. Denis Jacquat attire l'attention de Mme la secrétaire d'État chargée de la prospective et du développement de l'économie numérique sur les propositions exprimées par le Centre d'analyse stratégique dans son rapport intitulé "Vivre ensemble plus longtemps : enjeux et opportunités pour l'action publique du vieillissement de la population française". Le rapporteur préconise d'encourager, dans les travaux statistiques et universitaires, la référence à des groupes d'âge plus conformes aux réalités actuelles, en différenciant les seniors des personnes âgées avant et après 75 ans. Il la remercie de bien vouloir lui faire connaître son avis à ce sujet.
Réponse émise le 23 novembre 2010
Depuis les années 1950, grâce notamment aux progrès médicaux et aux modifications des comportements, on observe une extension continue de l'espérance de vie en bonne santé et sans incapacité. On remarque donc que les temps sociaux et le temps biologique ne coïncident plus au niveau individuel : l'âge adulte ne correspond pas forcément à l'entrée sur le marché du travail, tout comme l'âge de la vieillesse ne se définit plus par le seuil de la retraite. Par conséquent, l'entrée dans la « vieillesse » ne cesse de reculer. Le moment du départ en retraite ne correspond plus à l'apparition des premiers troubles physiques comment c'était auparavant généralement le cas. Dans ce contexte, comment définir un « seuil » de la vieillesse ? L'âge de la vieillesse est surtout affaire de représentations sociales. Aussi, plutôt que l'âge, il semble que l'état de santé soit le critère réellement décisif. Néanmoins, pour des nécessités de chiffrage statistique, un classement par catégorie d'âge continue à s'imposer. Or, entre seniors encore actifs ou seniors retraités, personnes âgées connaissant des problèmes de santé naissants et personnes dépendantes, les catégories d'âge « réelles » ont fortement évolué ces dernières années. Par exemple, les dernières études de l'Insee sur les « personnes âgées » prennent le panel très large des plus de 65 ans sans véritablement affiner. Celles-ci gagneraient à être revues afin d'adapter au mieux notre appareil statistique. Dans le rapport sont proposés, en ce sens, trois groupes d'âge distincts : les « seniors » désigneront l'ensemble des individus entre 50 et 75 ans. Encore en emploi ou à la retraite, ils sont bien insérés dans la vie sociale ou économique. Ils sont en bonne santé, même si des distinctions en termes de catégories sociales mettent en évidence des différences importantes ; les « personnes âgées » (ou les « aînés ») désigneront les plus de 75 ans jusqu'à 85 ans : c'est aux alentours de cet âge que la santé se dégrade durablement et que des vulnérabilités plus ou moins importantes apparaissent. La vie sociale est parfois moins intense, et des processus de retrait commencent à s'observer. Cependant, malgré cette dégradation de leur état de santé, ils restent largement autonomes (le langage courant les désigne sous l'appellation de « troisième âge ») ; enfin le « grand âge », à partir de 85 ans avec des personnes qui connaissent, statistiquement, une perte d'autonomie et de grandes fragilités.
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