M. Patrick Beaudouin interroge Mme la ministre de l'économie, de l'industrie et de l'emploi sur les détenteurs de la dette de l'État. Si le bulletin mensuel de l'agence France Trésor indique bien la part des titres de la dette négociable de l'État détenue par des non-résidents, nulle précision n'est donnée quant à la nationalité et à la nature des porteurs, quoi que de nombreuses demandes en ce sens lui aient été adressées dans le passé. Cette situation contraste avec celle des États-unis, où le département du Trésor précise la nationalité des principaux détenteurs étrangers des bons du Trésor et les montants détenus. Une telle information serait d'autant plus pertinente que la part des non-résidents parmi les détenteurs de la dette publique de la France ne cesse d'augmenter : elle a cru de 15% au cours des deux dernières années, pour atteindre 69,4% en mars 2010. C'est pourquoi il lui demande si elle entend rendre prochainement publiques ces informations.
Les textes actuellement en vigueur (notamment art. L. 228-2 du code de commerce, décret d'application n° 2002-803 du 3 mai 2002 publié au Journal officiel du 5 mai 2002, art. L. 212-4 du code monétaire et financier relatif à la nominativité obligatoire) n'autorisent les conservateurs d'instruments financiers (Euroclear France pour les titres d'État français) à communiquer aux émetteurs la liste de leurs détenteurs finaux qu'aux seuls émetteurs d'actions, de bons de souscription d'actions ou d'instruments de taux donnant immédiatement ou à terme accès au capital. Par conséquent, l'agence France Trésor (AFT) ne peut pas identifier précisément les détenteurs des obligations assimilables du Trésor (OAT), des bons du Trésor à intérêts annuels (BTAN) et des bons du trésor à taux fixe (BTF). Néanmoins, la structure de la détention de la dette française peut être estimée grâce à deux sources d'information : les statistiques de la balance des paiements fournies par la Banque de France qui portent sur la détention de la dette de l'État par les non-résidents. Ces statistiques ne donnent toutefois pas d'indication quant au détail de la répartition géographique à l'intérieur de la catégorie « non-résidents » ; l'étude annuelle publiée par le Fonds monétaire international (FMI) (coordinated portfolio investment survey) qui fournit davantage de détails sur la répartition de détention par pays mais qui porte sur un périmètre qui est plus large que celui des seules dettes gouvernementales (dette publique et dettes bancaires). La direction de la balance des paiements de la Banque de France fournit les données concernant la détention de la dette française par les non-résidents. Ainsi, selon l'enquête réalisée chaque trimestre sur « les placements en valeurs mobilières des agents économiques » 70,6 % de la dette négociable était détenue par les non-résidents, au mois de juin 2010 (84,1 % des BTF, 89,8 % des BTAN et 61,7 % OAT). (En pourcentage.)
BTF | BTAN | OAT | TOTAL dette négociable | |
---|---|---|---|---|
31 juin 2010 | 84,1 | 89,8 | 61,7 | 70,6 |
31 décembre 2009 | 75,3 | 87,4 | 60,2 | 67,9 |
31 décembre 2008 | 68,2 | 85,8 | 58,6 | 65,1 |
31 décembre 2007 | 63,4 | 75,7 | 56,5 | 61,3 |
31 décembre 2006 | 68,7 | 71,1 | 54,2 | 59,0 |
31 décembre 2005 | 71,5 | 72,7 | 49,7 | 56,5 |
31 décembre 2004 | 64,4 | 71,8 | 45,1 | 52,7 |
31 décembre 2003 | 56,7 | 69,9 | 39,7 | 48,0 |
31 décembre 2002 | 51,9 | 63,1 | 34,2 | 41,9 |
31 décembre 2001 | 61,1 | 55,2 | 30,2 | 38,4 |
31 décembre 2000 | 63,0 | 50,7 | 25,2 | 33,7 |
31 décembre 1999 | 71,5 | 46,9 | 17,7 | 28,0 |
31 décembre 1998 | 48,1 | 36,8 | 15,0 | 22,6 |
31 décembre 1997 | 51,9 | 30,3 | 12,4 | 20,0 |
31 décembre 1996 | 43,6 | 34,6 | 9,6 | 18,4 |
31 décembre 1995 | 42,5 | 40,7 | 16,0 | 24,8 |
31 décembre 1994 | 10,3 | 25,5 | 19,9 | 20,5 |
31 décembre 1993 | 19,6 | 38,4 | 32,3 | 32,8 |
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