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Philippe Meunier
Question N° 85075 au Ministère de l'Immigration


Question soumise le 27 juillet 2010

M. Philippe Meunier alerte M. le ministre de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du développement solidaire sur la progression du nombre de demandeurs d'asile. Selon « Le cri du contribuable », hors série n° 3 de juin 2010, le rapport de l'OFPRA publié le 9 avril 2010 révèle que le nombre de demandeurs a augmenté de 12 % entre 2008 et 2009 passant de 42 599 à 47 686. Aussi, il souhaiterait que le Gouvernement lui communique les causes d'une telle progression ainsi que la proportion de réponses positives à la demande d'asile, de 1997 à aujourd'hui.

Réponse émise le 7 septembre 2010

1. Évolution de la demande d'asile depuis 1997



ANNÉE

PREMIÈRES
demandes


RÉEXAMENS

TOTAL
hors mineurs A


MINEURS A (*)

TOTAL
mineurs A
inclus

ÉVOLUTION
n/n - 1
(en pourcentage)
1997 21 416 1 221 22 637     22 637    
1998 22 375 615 22 990     22 990 1,6
1999 30 907 948 31 855     31 855 38,6
2000 38 747 1 028 39 775     39 775 24,9
2001 47 291 1 369 48 660     48 660 22,3
2002 51 087 1 790 52 877     52 877 8,7
2003 52 204 2 225 54 429 7 564 61 993 17,2
2004 50 547 7 069 57 616 7 998 65 614 5,8
2005 42 578 9 488 52 066 7 155 59 221 - 9,7
2006 26 269 8 584 34 853 4 479 39 332 - 33,6
2007 23 804 6 133 29 937 5 583 35 520 - 9,7
2008 27 063 7 195 34 258 8 341 42 599 19,9
2009 33 235 5 568 38 803 8 883 47 686 11,9
(*) Mineurs accompagnants - chiffres non disponibles avant 2003.
Entre 1997 et 2003, la demande d'asile a augmenté continuellement, passant de 22 637 demandes en 1997 à 54 429 en 2003 (hors mineurs accompagnants). Dès la mise en oeuvre de la loi n° 2003-1176 du 10 décembre 2003 modifiant la loi n° 52-893 du 25 juillet 1952 relative au droit d'asile, la demande d'asile globale (mineurs accompagnants inclus) a suivi une évolution à la baisse, s'accélérant particulièrement en 2006 (- 33,6 % par rapport à 2005). Cette baisse s'est poursuivie en 2007, mais à un rythme moindre (- 9,7 % par rapport à 2006). Cette évolution est cependant contrastée : la baisse des premières demandes, importante en 2006 (- 38 % par rapport à 2005), s'est ralentie en 2007 (- 9 %) alors que, pour les réexamens, la baisse, amorcée en 2006 (- 10 % par rapport à 2005), s'est accélérée en 2007 (- 29 %). Depuis 2008, la tendance s'est inversée, et la demande d'asile est à nouveau orientée à la hausse. L'augmentation observée en 2008 (+ 20 % par rapport à 2007) s'est poursuivie en 2009 (+ 12 % par rapport à 2008), avec 47 686 demandes enregistrées en 2009. Cette augmentation est avant tout imputable à la forte croissance des premières demandes (+ 23 %), les réexamens ayant diminué de 23 % entre 2008 et 2009. La demande émanant des mineurs accompagnants est, quant à elle, restée stable entre ces deux années. L'analyse de la demande d'asile depuis les dernières décennies souligne qu'elle évolue par cycles. L'année 2009 confirme que la demande se situe actuellement dans une phase de croissance. Aucun élément, à ce jour, ne laisse présager une baisse de la demande d'asile en 2010. En 2009, les trois premiers pays de provenance (Kosovo, Sri Lanka et Arménie) représentaient à eux seuls le quart de la demande d'asile. La part des trois premiers pays de provenance des demandeurs d'asile oscille entre 23 % et 30 % depuis les dix dernières années. Cela démontre que l'évolution de la demande d'asile repose principalement sur les variations des principaux flux. Ainsi, entre 2008 et 2009, la demande en provenance des dix premiers pays a augmenté de près de 30 %, alors que le total des autres pays ne s'est accru que de 15 %. Depuis dix ans, une quinzaine de pays seulement se partagent les rangs des dix premiers. La hausse de la demande d'asile a également été observée dans d'autres pays d'Europe. En 2009, la France se maintient au premier rang des pays destinataires de demandeurs d'asile en Europe, loin devant l'Allemagne, en deuxième position. Néanmoins, certains de nos partenaires européens ont également vu la demande d'asile augmenter : l'Allemagne (+ 18 %), la Belgique (+ 40 %) et l'Autriche (+ 24 %). Demandes d'asile en Europe en 2008 et 2009


PAYS
DA 2009 DA 2008
ÉVOLUTION
2009-2008
(en pourcentage)
France 47 686 42 599 11,9
Allemagne 33 033 28 018 17,9
Royaume-Uni 29 845 3l 315 - 4,7
Suède 24 194 24 860 - 2,7
Belgique 17 186 12 252 40,3
Suisse 16 005 16 606 - 3,6
Grèce 15 928 20 000 - 20,4
Autriche 15 826 12 809 23,6

Sources : homologues respectifs et Informal Gouvernemental Consultance (IGC - consultations intergouvernementales sur l'asile et les migrations).
Premières DA + mineurs accompagnants + réexamens inclus, sauf Belgique : mineurs accompagnants exclus.
2. Évolution du taux d'accord depuis 1997


ANNÉE
ACCORDS
TAUX ACCORDS
(en pourcentage)

ANNULATIONS
CNDA

TOTAL
accords

TAUX ACCORDS
global
(en pourcentage)
1997 4 112 17            
1998 4 342 19,4            
1999 4 659 19,3            
2000 5 185 17,1            
2001 5 049 12,4 2 274 7 323 18
2002 6 326 12,6 2 169 8 495 16,9
2003 6 526 9,8 3 264 9 790 14,8
2004 6 358 9,3 4 934 11 292 16,6
2005 4 184 8,2 9 586 13 770 26,9
2006 2 929 7,8 4 425 7 354 19,5
2007 3 401 11,6 5 380 8 781 29,9
2008 5 153 16,2 6 288 11 441 36
2009 5 048 14,3 5 325 10 373 29,4

Remarques : avant 2001, les accords comprennent les accords de l'OFPRA et les annulations de la CNDA. Taux accords % = total accords dont annulations / total (accords dont annulations + rejets).
Après 2000, taux accord OFPRA % = accords / total décisions OFPRA (accords + rejets). Taux accords global % = (accords + annulations) / total décisions OFPRA (accords + rejets), les annulations se substituant à des rejets antérieurement comptabilisés.
Les nouveaux moyens octroyés à l'OFPRA en 2003 ont permis d'accroître de façon significative sa capacité d'instruction. Ainsi, durant les années 2003 à 2006, l'office a été en mesure de réduire le nombre de dossiers en instance, ce qui a en partie contribué à une augmentation continue du taux de rejet au cours de cette période. La diminution du taux d'accords est également liée à une plus forte proportion de réexamens dans l'activité en 2005 et 2006 (23 % de l'activité annuelle concernait des décisions sur réexamen en 2006). Ces éléments ont également orienté le taux de rejet à la baisse en 2007 et 2008. Depuis 2008, le taux d'accord est à nouveau en augmentation. En 2009, l'activité de l'OFPRA (hors décisions sur mineurs accompagnants) a augmenté de 11,1 % par rapport à l'année précédente. Cet accroissement de l'activité est d'autant plus remarquable qu'il intervient après une première hausse de l'activité en 2008 et qu'au cours de l'année 2009 des contraintes encore plus fortes ont pesé sur l'instruction : baisse de la part des réexamens dans les décisions prises (de 22 % en 2008 à 17 % en 2009), hausse du taux d'entretiens effectivement réalisés (de 73 % en 2008 à 76 % en 2009). Évolution du taux d'accords OFPRA et du taux d'accords global depuis 1997 (En pourcentage.)

TAUX D'ACCORDS
global

TAUX D'ACCORDS
OFPRA
1997 17    
1998 19,4    
1999 19,3    
2000 17,1    
2001 18 12,4
2002 16,9 12,6
2003 14,8 9,8
2004 16,6 9,3
2005 26,9 8,2
2006 19,5 7,8
2007 29,9 11,6
2008 36 16,2
2009 29,4 14,3
Entre 1990, date de la première crise de l'asile, et 2004, le taux d'admissions global est resté relativement stable, variant dans une fourchette de 15 à 20 %. L'augmentation continue du taux d'admissions se constate à partir de l'année 2004 (16,6 %) et jusqu'en 2008 (36 %), alors qu'est enregistrée une baisse de la demande d'asile entre 2004 (50 547 premières demandes) et 2007 (23 804 premières demandes). Ce phénomène peut en particulier s'expliquer par l'élargissement des conditions d'octroi du droit d'asile à partir de cette date (instauration de la protection subsidiaire à compter de la loi du 10 décembre 2003) et les mesures prises en matière d'accompagnement social des demandeurs d'asile qui bénéficient en CADA d'une assistance pour la constitution de leur dossier. Simultanément, l'adoption en 2005 d'une liste de pays d'origine sûrs, complétée en 2006 puis en 2009 et permettant l'examen en procédure prioritaire des demandes d'asile présentées par les étrangers originaires de ces pays, qui constituaient un contingent important des décisions de rejet, a conduit à une baisse des demandes en provenance de ces pays. En 2009, le taux d'admissions global était de 29,4 % et le taux d'accord de l'OFPRA de 14,3 %.

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