Claude Goasguen
Question N° 81411 au Ministère de la Culture
Question soumise le 22 juin 2010
M. Claude Goasguen attire l'attention de M. le ministre de la culture et de la communication sur le réseau de cinéma Utopia. Réseau de cinémas d'art et d'essai reconnu pour la qualité de sa diffusion, Utopia vient de prendre une grave décision en déprogrammant un film israélien « À 5 heures de Paris » pour marquer son désaccord avec la politique du gouvernement israélien suite à l'assaut de la flottille forçant le blocus de Gaza. Sanctionner des artistes par opposition à des politiques est un profond non-sens. Faire un amalgame entre une oeuvre culturelle et son pays d'origine est inédit, car c'est nier la liberté d'expression individuelle. Cette décision est d'autant plus navrante que le cinéma israélien fait preuve globalement d'un regard critique vis-à-vis de son gouvernement dans la gestion du conflit israélo-palestinien. Ce type d'initiative ne peut que créer des tensions en stigmatisant une communauté. C'est pourquoi il souhaiterait connaître les mesures envisagées par le Gouvernement pour maintenir la liberté culturelle dans notre paysage cinématographique.
Réponse émise le 7 septembre 2010
Le réseau Utopia a en effet pris la décision de déprogrammer le film « A cinq heures de Paris », du cinéaste israélien Léonid Prudovsky, en réaction à l'assaut mené par l'armée israélienne contre un convoi maritime humanitaire. Le ministère de la culture et de la communication a fait publiquement part de sa ferme désapprobation et indignation contre ce qu'il considère être une entrave à la liberté d'expression à laquelle les pouvoirs publics sont très profondément attachés. L'incompréhension du ministère de la culture et de la communication est d'autant plus grande que le cinéma, et notamment le cinéma art et essai, auquel le réseau Utopia appartient, joue un rôle prépondérant dans l'animation du débat démocratique. Dans ce domaine, les salles Utopia ont toujours accompli un travail exemplaire démontrant son ouverture à toute la diversité du cinéma. C'est à ce titre que ce réseau a été constamment et fortement soutenu par les pouvoirs publics au regard de la qualité de sa programmation. Le cinéma israélien, avec lequel la France a des liens étroits grâce à l'accord de coproduction signé il y a une dizaine d'années, a en outre toujours posé un regard lucide et critique sur le conflit israélo palestinien dénué de toute approche manichéenne ou caricaturale nourrissant ainsi une réflexion intéressante sur la situation politique de la région en toute indépendance et à la recherche de la paix. Utopia a néanmoins programmé le film de Léonid Prudovsky dans plusieurs salles du réseau à partir de la mi juillet.
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