Mme Françoise Imbert attire l'attention de Mme la ministre d'État, garde des sceaux, ministre de la justice et des libertés, sur les décrets d'application relatifs à la réforme de la carte judiciaire. En effet, par une série de décrets parus au mois de novembre et de décembre 2009, les juridictions toulousaines se voient retirer toute compétence concernant le contentieux relatif à la propriété intellectuelle, celui des pratiques concurrentielles ou commerciales, ainsi que les litiges relatifs à la commande publique qui relèvent désormais du tribunal de grande instance ou de la cour d'appel de Bordeaux. Ces délocalisations suscitent légitimement de nombreuses inquiétudes, privant la région Midi-Pyrénées de compétences et d'activités économiques et par conséquent d'emplois. L'éloignement du pôle judiciaire de Bordeaux sera source d'éloignement des justiciables, qu'il s'agisse des entreprises ou des particuliers. Ces décrets sont un nouveau signe de retrait des services publics de notre territoire. Aussi, elle lui demande si elle entend revenir sur les décrets d'applications précités relatifs à la carte judiciaire.
La commission sur la répartition des contentieux, présidée par le recteur Guinchard, a formulé soixante-cinq propositions reposant sur trois orientations principales : la simplification et l'allégement des procédures, la déjudiciarisation de certains contentieux et la spécialisation des juridictions. L'objet des spécialisations proposées est d'assurer, dans certains contentieux particulièrement techniques ou rares, la spécialisation de certaines juridictions appelées à en connaître. La formation continue des magistrats traitant ces contentieux pourra être adaptée à la spécificité des matières qu'ils connaissent, leur permettant ainsi de parfaire leur expertise. À terme, ces spécialisations doivent permettre d'aboutir à une jurisprudence homogène. La qualité de la réponse judiciaire à ces contentieux en sera accrue et la sécurité juridique mieux garantie. Parmi les spécialisations des juridictions recommandées par la commission présidée par le recteur Guinchard figurent effectivement le contentieux de la propriété intellectuelle, celui en matière de pratiques restrictives de concurrence ainsi que les litiges relatifs à la commande publique pour lesquels le tribunal de grande instance de Bordeaux est désormais exclusivement compétent dans le ressort notamment de la cour d'appel de Toulouse. L'organisation judiciaire retenue pour le contentieux de la propriété intellectuelle, hors le cas des brevets réservé au tribunal de grande instance de Paris, qui connaît d'ores et déjà plus de 80 % de ce contentieux, correspond au schéma développé par les juridictions interrégionales spécialisées. La spécialisation des juridictions en matière de pratiques restrictives de concurrence est prévue par la loi n° 2008-776 du 4 août 2008 de modernisation de l'économie. Le décret n° 2009-1384 du 11 novembre 2009 fixe la liste et le ressort des juridictions compétentes. Ce dispositif reprend celui qui existe en matière de pratiques anticoncurrentielles. Par ailleurs, le décret n° 2009-1455 du 27 novembre 2009 relatif à la spécialisation des juridictions en matière de contestations concernant les obligations de publicité et de mise en concurrence des contrats de droit privé relevant de la commande publique, pris en application de l'ordonnance n° 2009-515 du 7 mai 2009 relative aux procédures de recours applicables aux contrats de commande publique qui transpose la directive 2007/66/CE du Parlement européen et du Conseil du 11 septembre 2007, repose sur la même volonté d'assurer la cohérence de l'organisation judiciaire et décline également la carte des JIRS. Les transferts de contentieux ainsi opérés, qui ne portent toutefois que sur un nombre d'affaires extrêmement limité dans les juridictions concernées, répondent à des impératifs d'efficacité, de qualité et de lisibilité judiciaire.
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