M. Patrick Braouezec interroge M. le ministre de l'éducation nationale sur un certain nombre de carences que porte le projet de programme de SES pour la classe de seconde, même si depuis le premier projet il y a eu quelques modifications, non négligeables, obtenues grâce à la mobilisation des enseignants de cette matière. Si cette nouvelle version du programme est davantage lisible et attractive pour les élèves sortant de la classe de troisième - la sociologie y retrouve une place conséquente et le pluralisme théorique de l'économie fait son retour -, pour autant ce projet comporte toujours un certain nombre de carences. L'approche sociologique de l'entreprise disparaît, cette dernière n'est plus abordée que sous l'angle exclusif de la combinaison de facteurs de production et demeure une entité abstraite sans relations sociales de travail. Il faut aussi déplorer l'absence de l'étude anthropologique de la famille, ce qui devrait permettre d'appréhender la diversité des formes de parenté et d'alliance et donner aux élèves un regard distancié par rapport à leur vécu. Pourtant, ces deux thèmes traités de manière lacunaire, ainsi que le font remarquer de nombreux enseignants de SES, représentent un manque indéniable face aux questions que des élèves de seconde se posent et pour lesquelles la pluralité des sciences sociales mobilisées en SES est un atout pour fournir une compréhension rationnelle des enjeux aux élèves. Par ailleurs, au-delà des changements, les conditions d'enseignement des SES en classe de seconde à la prochaine rentrée demeurent inacceptables, ainsi de l'horaire fixé à 90 minutes. Il faut convenir que cet enseignement, qui concourt à la formation générale des lycéens et à l'élaboration d'une orientation éclairée, ne peut être traité de la même manière que les enseignements exploratoires dérivés de matières de tronc commun (lettre et société ou méthodes et pratiques scientifiques, par exemple). En conclusion, il aimerait savoir ce que le Gouvernement compte faire pour que les élèves soient réellement impliqués dans ces nouveaux champs de savoir afin qu'ils développent de l'intérêt pour les sciences sociales et qu'ils acquièrent une posture intellectuelle leur permettant d'appréhender de façon rigoureuse le monde économique et social.
La classe de seconde, réaffirmée dans sa vocation de classe de détermination, permettra à tous les élèves, dès la prochaine rentrée, de se former à un enseignement d'économie tout en ayant le choix entre deux enseignements nouveaux : sciences économiques et sociales (SES) ou principes fondamentaux de l'économie et de la gestion (PFEG) à raison d'une heure et demie obligatoire par semaine. Les élèves particulièrement motivés pourront, de surcroît, suivre à la fois les deux enseignements ; soit trois heures de formation à l'économie par semaine. Ce qui donne la possibilité en fin de seconde, pour ceux qui le désirent, de mieux s'orienter (éventuellement vers une première ES), en toute connaissance de cause. Le préambule du programme d'enseignement des SES précise bien qu'il « s'agit de donner à tous les élèves, qu'ils poursuivent ou non leurs études dans les séries ES ou STG, les éléments de base d'une culture économique et sociologique indispensables à la formation de tout citoyen qui veut comprendre le fonctionnement de l'économie et de la société dans laquelle il vit ». Il précise aussi qu'il s'agit de faire acquérir aux élèves quelques notions et raisonnements essentiels en économie et en sociologie dans la perspective d'une poursuite d'études en classes de première et terminale ES et STG et, au-delà, dans l'enseignement supérieur, principalement pour des études en économie, droit, sciences humaines et sociales. Un double objectif qui a été pris en compte par le groupe d'experts chargés d'y travailler. Ce programme, a suivi la procédure institutionnelle habituelle avant d'être publié au Bulletin officiel de l'éducation nationale (BOEN) du 29 avril 2010 ; il a été mis à la consultation de janvier à mars 2010 sous forme de projet, puis réajusté pour tenir compte des observations et des propositions des enseignants et présenté au Conseil supérieur de l'éducation le 31 mars 2010. Les contenus initialement proposés ont été allégés. Il a été introduit davantage de choix dans les sujets à traiter par les enseignants. La place de la sociologie a été développée ; des questions d'actualité ont été introduites (par exemple l'emploi et la relation emploi et chômage). Des notions jugées trop abstraites ont été supprimées (thème des organisations, coût marginal) et remplacées par d'autres comme : pouvoir d'achat, valeur ajoutée, progrès technique. Si le thème de la famille n'est pas proposé à l'étude en seconde, c'est qu'il fait appel à l'anthropologie, science qui, pédagogiquement, prend tout son sens dans le cadre pluridisciplinaire des classes terminales ES. Pour ce qui concerne le thème « Entreprise et production », le programme propose à l'usage des professeurs de préciser le rôle économique spécifique des entreprises qui les distingue d'autres organisations productives (comme les administrations ou les associations) tout en laissant toute liberté pour traiter la question. Le programme de SES de la classe de première ES a suivi le même processus d'élaboration et de consultation. Il a reçu un avis favorable du Conseil supérieur de l'éducation réuni le 1er juillet 2010. Les SES demeurent la discipline dominante des classes de première et terminale ES. Avec l'enseignement d'exploration en seconde, un élève de la série ES, durant sa scolarité au lycée, bénéficie d'un enseignement de SES de plus de 400 heures, et de plus de 450 heures pour celui qui choisira l'enseignement de spécialité. Encore ce calcul ne tient-il pas compte du temps consacré à cette discipline dans le cadre de l'accompagnement personnalisé.
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