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Marcel Bonnot
Question N° 74142 au Ministère de la Santé


Question soumise le 16 mars 2010

M. Marcel Bonnot appelle l'attention de Mme la ministre de la santé et des sports sur la vente de médicaments sur Internet. Selon les experts en sécurité informatique, les spams publicitaires pour les médicaments représenteraient 70 % de l'ensemble des courriers électroniques, l'internaute ayant ainsi accès à toutes sortes de médicaments vendus par des sociétés basées à l'étranger. Selon une étude réalisée par la société Norwood pour Pfizer, 14 % des Français, soit 6,9 millions de personnes, reconnaissent acheter des médicaments de prescription sans ordonnance, principalement sur Internet. Or, selon l'OMS, plus de la moitié des médicaments vendus sur Internet sont des contrefaçons. Il lui demande de lui indiquer sa position en la matière.

Réponse émise le 11 mai 2010

Bien que le phénomène soit difficile à quantifier, la dématérialisation de la vente de médicaments est en très forte expansion, comme en témoignent l'augmentation constante du nombre de sites proposant des médicaments à la vente et la présence massive dans les messageries électroniques de spams incitant à la consommation de médicaments généralement soumis à prescription médicale. Cette pratique est susceptible de présenter des risques sérieux pour la santé publique, liés notamment à la contrefaçon et au mésusage des médicaments. Selon le dernier rapport de l'Alliance européenne pour un accès à des médicaments sûrs (EAASM), organisation basée à Londres et composée en partie de représentants de l'industrie pharmaceutique, 62 % des médicaments vendus sur l'Internet sont des contrefaçons. Dans ce contexte, il apparaît nécessaire d'encadrer le commerce électronique de médicaments, en vue de permettre aux patients qui le souhaitent d'avoir accès à des cyberpharmacies offrant toutes les garanties de qualité et de sécurité des médicaments. À cette fin, la direction générale de la santé (DGS) poursuit les travaux qu'elle a engagés avec l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS) et le Conseil national de l'ordre des pharmaciens, visant à définir le cadre juridique sécurisant la vente de médicaments sur l'Internet. L'élaboration d'une réglementation encadrant la vente de médicaments sur l'Internet sera l'occasion de traduire dans notre droit la solution dégagée par l'arrêt « Doc Morris » de la cour de justice des communautés européennes (CJCE) du 11 décembre 2003. Cet arrêt a précisé notamment qu'un État membre ne peut interdire la vente par correspondance, via un site internet d'une pharmacie d'officine, de médicaments légalement autorisés et ne nécessitant pas une prescription médicale obligatoire. Toutefois, l'instauration d'un encadrement juridique de la vente de médicaments en ligne ne permettra pas de répondre entièrement au problème de santé publique posé par l'Internet et les contournements de la réglementation pharmaceutique en matière de vente de médicaments qu'il permet. C'est pourquoi la réflexion doit également porter sur les moyens de lutter contre l'offre illicite de médicaments sur Internet, notamment par le renforcement de la veille et de la détection des comportements illicites. C'est dans cette perspective que le ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales a présenté le 14 février 2008 un plan d'action contre la cybercriminalité et a annoncé un renforcement des moyens de l'Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication (OCLCTIC), notamment par une campagne d'information auprès des internautes afin de présenter une nouvelle plate-forme ainsi que les modalités de signalement. Les internautes peuvent signaler à cette plate-forme les différents types de contenus illicites relevés sur le réseau mondial. Cette plate-forme peut recevoir des signalements concernant des infractions liées à la santé publique. Par ailleurs, à l'issue du dernier conseil stratégique des industries de santé (CSIS), réunissant en octobre 2009 les pouvoirs publics et les dirigeants des industries de santé, le Président de la République a pris un ensemble de décisions répondant, notamment, à l'objectif de dynamisation de la collecte de renseignements et de la répression des trafics de contrefaçons de médicaments. Le Gouvernement a également annoncé le 16 décembre 2009 la signature d'une charte de lutte contre la contrefaçon sur l'Internet impliquant, notamment, le Leem (les entreprises du médicament) et plusieurs laboratoires pharmaceutiques. En outre, afin de pouvoir lutter plus efficacement contre l'offre illicite, la France participe activement à des actions et des réflexions menées au niveau européen et international : a) Dans le cadre des discussions en cours du projet de directive européenne visant à modifier la législation pharmaceutique en vigueur, dans le souci de prévenir la diffusion de médicaments falsifiés dans la chaîne d'approvisionnement légale ; b) Au sein du Conseil de l'Europe, qui a formulé, en septembre 2007, des recommandations visant à améliorer la qualité et la sécurité des ventes de médicaments par correspondance, notamment par l'Internet. Le Conseil de l'Europe a également adopté une convention sur la contrefaçon des produits médicaux et les infractions similaires menaçant la santé publique ; c) Au sein de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a mis en place le groupe IMPACT (International Medical Products Anti-counterfeiting Taskforce), ayant pour objet de développer les échanges d'information et de mettre en oeuvre des mesures législatives et techniques pour combattre la contrefaçon de médicaments, notamment celles se développant via l'Internet ; d) Dans le cadre de la deuxième opération internationale « Pangea », coordonnée par Interpol et l'OMS (groupe IMPACT), impliquant vingt-quatre pays, organisée en novembre 2009, contre la vente illicite de médicaments sur l'Internet. Cette opération a ainsi permis une série d'arrestations, la saisie de médicaments potentiellement dangereux et pourra conduire au démantèlement de réseaux illicites. Parallèlement à ces travaux, il est très important d'informer et de sensibiliser les patients consommateurs aux risques liés, notamment, au mésusage et à la contrefaçon de l'achat sur l'Internet de médicaments hors des réseaux de distribution encadrés. Il convient de prolonger et de renforcer les actions préventives déjà entreprises, comme l'édition conjointe en 2007 par l'AFSSAPS et le CNOP d'une brochure destinée à sensibiliser les pharmaciens à la lutte contre la contrefaçon, et d'un dépliant poursuivant les mêmes objectifs à destination des patients.

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