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Martine Carrillon-Couvreur
Question N° 71148 au Ministère de l'Écologie


Question soumise le 16 février 2010

Mme Martine Carrillon-Couvreur attire l'attention de Mme la secrétaire d'État chargée de l'écologie sur la prolifération des cormorans dans les zones relevant du domaine public de la Nièvre. Ces oiseaux, qui font partie de la liste des espèces protégées établie par l'arrêté du 17 avril 1981 - modifié le 3 mai 2007 - conformément à l'article L. 411-2 du code de l'environnement, sont à l'origine de la destruction massive des ressources piscicoles. Compte tenu de la voracité de ces volatiles, la présence de nombreux cormorans entraîne des dommages irréparables à la faune piscicole et anéantit les efforts des pêcheurs pour sauvegarder la biodiversité : reconstitution des frayères, alevinages sélectifs, protection de certaines espèces telles que l'anguille ou le saumon. Les régulations biannuelles ne suffisent plus à maintenir l'équilibre des espèces. Aussi, elle lui demande quelles sont les mesures envisagées afin de retrouver un équilibre de la biodiversité.

Réponse émise le 20 juillet 2010

Le cormoran est protégé au titre du régime général de protection de toutes les espèces d'oiseaux visées par les textes nationaux et communautaires. Toutefois, conformément aux dispositions de l'article L. 411-2 du code de l'environnement, il est possible de déroger à l'interdiction de destruction des spécimens, dans l'intérêt des espèces de poissons sauvages et pour prévenir des dommages importants aux piscicultures, dans la mesure où il est démontré qu'il n'y a pas d'autre solution satisfaisante et que la dérogation ne nuit pas au maintien de l'espèce dans un état de conservation favorable. Depuis 1992, une politique de gestion a été engagée dans ce cadre par le ministère chargé de l'écologie, visant à concilier la pérennité de l'espèce, la protection des intérêts économiques et celle du milieu aquatique. Les préfets de département où ont été constatés des dégâts de grands cormorans sur les piscicultures ou les eaux libres peuvent ainsi accorder des autorisations de destruction. L'arrêté, signé par le ministre de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de la mer, en charge des technologies vertes et des négociations sur le climat, et le ministre de l'alimentation, de l'agriculture et de la pêche en date du 16 décembre 2009 (Journal officiel du 29 décembre 2009), précise les conditions de mise en oeuvre de ces autorisations pour 2009-2010. Le nombre maximum de cormorans pouvant être prélevés a été porté à 41 812 pour cette période. Ce quota a continuellement augmenté au cours des dernières années afin de réduire les impacts des cormorans sur les piscicultures et les eaux libres. À compter de 2010, pour limiter la sédentarisation des cormorans à proximité des piscicultures, des possibilités facilitées d'intervention sur les sites de reproduction sont également prévues, en plus des tirs autorisés jusqu'à présent pour l'élimination des adultes. Afin de tenir compte des particularités locales, une prolongation des périodes de tirs autorisées au-delà de la période fixée durant les années précédentes est aussi possible : ainsi, pour prévenir l'installation des cormorans nicheurs, des tirs peuvent être autorisés jusqu'au 30 juin, voire dès la première date d'ouverture de la chasse au gibier d'eau en août, pour lutter contre les dommages causés par les cormorans préhivernants. Afin d'améliorer les modalités de gestion de cette espèce, en prévention des dommages aux piscicultures, la France a demandé en 2009 à la Commission européenne de mettre en place des mesures concrètes et immédiates, tant en matière d'amélioration du suivi des populations au niveau européen que pour faciliter l'usage des dérogations dans le cadre de l'article 9 de la directive Oiseaux concernant les cormorans. La France a également demandé la création d'une plate-forme européenne pour assurer la diffusion et le partage des informations sur les populations de cormorans entre les États membres et réclamé une meilleure coordination entre les stratégies nationales existantes pour progresser dans la gestion de cette espèce migratrice.

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