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Franck Reynier
Question N° 69793 au Ministère de la Santé


Question soumise le 26 janvier 2010

M. Franck Reynier attire l'attention de Mme la ministre de la santé et des sports sur la multiplication des cas de vieillissement de l'oreille interne au sein de la population jeune. Les phénomènes de bourdonnements ou de vertiges parfois ressentis à la sortie d'un concert ou d'une boîte de nuit peuvent signifier un traumatisme sonore aigu (TSA), mettant en danger la fonction auditive. Ces TSA pourraient concerner près de 1500 personnes par an en France, et une évaluation plus récente et plus précise mériterait d'être menée sur ce phénomène. En plus des accidents auditifs aigus, les médecins se montrent préoccupés par l'usage prolongé des baladeurs mp3, en particulier chez les jeunes. L'écoute prolongée provoquerait à moyen terme des pertes d'audition notables, qui concernent déjà plus d'un adolescent sur dix en France. Étant donné qu'il est particulièrement difficile de mesurer concrètement à long terme les effets des baladeurs mp3 sur l'audition, il semble indispensable de faire preuve de prudence. En conséquence, il lui demande de bien vouloir lui faire part de son sentiment sur cette situation, l'informer des dernières études sur le phénomène, et lui présenter les mesures engagées afin de limiter celui-ci.

Réponse émise le 1er juin 2010

Les études épidémiologiques montrent que les jeunes sont de plus en plus nombreux à souffrir de troubles de l'audition. Que ce soit dans les salles de concerts, en discothèques, ou avec un baladeur mp3, l'exposition des adolescents et des jeunes adultes à de la musique à volume sonore élevé est omniprésente et représente une des causes majeures de déficit auditif chez les jeunes de moins de 25 ans. D'après le baromètre santé environnement réalisé par l'INPES en 2007, un jeune sur dix parmi les 18-25 ans déclare écouter régulièrement son baladeur à un volume sonore élevé. Plus de huit jeunes sur dix déclarent avoir été au moins une fois exposés à un volume sonore élevé, lors d'un concert en discothèque, ou encore en jouant de la musique, au cours des douze derniers mois. En milieu extraprofessionnel, la prévalence des acouphènes (essentiellement liés au bruit) chez les jeunes de 18-24 ans est estimée à 8 % d'après une étude réalisée en 2000. En région Rhône-Alpes, une étude sur l'audition de jeunes réalisée entre 1998 et 1999 avait montré qu'un jeune sur quatre avait un audiogramme pathologique. C'est pourquoi la France a mis en place en 1996 une réglementation visant à réduire les risques pour l'audition liés à l'utilisation de baladeurs musicaux : cette réglementation limite le niveau sonore des baladeurs et impose l'étiquetage d'un message de prévention sur l'appareil. La réglementation française est à ce jour unique en Europe et est à l'origine de la décision de la Commission européenne du 23 juin 2009 de demander aux organismes de normalisation d'établir des normes européennes permettant d'assurer que les baladeurs n'exposent pas leurs utilisateurs à des niveaux sonores susceptibles d'endommager leurs fonctions auditives. Dans le cadre du plan national Santé Environnement 2, une action 21 intitulée « Renforcer la lutte contre les atteintes auditives et les traumatismes sonores aigus liés à l'écoute de musiques amplifiées » est prévue, avec des outils tels que des campagnes de communication nationales et locales et un renforcement des contrôles d'application de la réglementation. Ainsi, le ministère chargé de la santé et l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (INPES) ont mené en 2008 une campagne de sensibilisation des jeunes de 13 à 25 ans aux risques auditifs liés à l'exposition à la musique amplifiée. Un plan en direction des personnes sourdes et malentendantes a été lancé le 10 février 2010 par le ministère en charge de la famille et des solidarités pour une durée de trois ans. Le plan vise notamment à améliorer la prévention, le dépistage et l'accompagnement lors de la découverte d'une déficience auditive. En particulier, l'INPES lancera à nouveau en 2011 une campagne de sensibilisation sur les risques liés à la musique amplifiée (mesure n° 2) et des actions de dépistage systématique des troubles de l'audition seront mises en place lors des consultations de prévention auprès des 16-25 ans (mesure n° 7). En 2010 des actions de sensibilisation auprès de 200 professionnels du secteur de la musique amplifiée (fabricants et distributeurs de lecteurs mp3 ou téléphones mobile mp3, distributeurs de musique, labels musicaux, lieux de spectacle) sont prévues afin de leur présenter la campagne INPES et de leur rappeler l'existence de documents d'information grand public disponibles gratuitement. Dans le milieu scolaire, par le moyen de concerts pédagogiques et d'actions initiées par certains établissements, une sensibilisation aux risques auditifs a été conduite depuis le début des années 2000. Un ensemble de documents et d'outils pédagogiques élaborés en partenariat avec le ministère de l'éducation nationale, à destination des enseignants et personnels médicaux d'établissements scolaires, est disponible depuis 2006. Par ailleurs, le ministère de la santé et des sports soutient activement l'action d'associations de référence (comme Agi-Son, CIDB, La Semaine du Son, Techno+) qui réalisent des opérations de prévention au plus près des événements et notamment auprès des jeunes.

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