M. André Wojciechowski attire l'attention de M. le ministre chargé de l'industrie sur la question de la politique industrielle. A fortiori, cette dernière est inexistante et conduit la France vers le chaos. La Moselle-est, à l'image d'autres régions françaises, est touchée de plein fouet. Après 300 emplois supprimés chez Total et 175 chez Arkema sur la plateforme chimique de Carling où il s'est rendu lors du dramatique accident de juillet dernier, il s'avère que la cokerie de Carling, l'une des quatre cokeries de France, va s'éteindre faute de repreneur, laissant de fait 400 emplois directs et 300 emplois de sous-traitants à la rue. Des doutes planent sur les intentions de l'actionnaire allemand Rogesa de vouloir un repreneur. Alors que nous sommes au bord de l'explosion sociale, il lui demande si, à l'image de Molex, il compte s'investir personnellement dans ce dossier essentiel pour le maintien de l'emploi en Moselle-est et comment il compte sauver cette cokerie dans un cadre industriel cohérent.
Créée en 1910, à l'initiative de la Société des houillères de Sarre et Moselle, à la limite de la ville de Saint-Avold, la cokerie a été jusqu'en 2004, une unité d'exploitation des Houillères du bassin de Lorraine (groupe Charbonnages de France). Au début des années 2000, alors que les industriels utilisateurs pouvaient aisément se fournir en coke d'origine chinoise à des tarifs défiant toute concurrence, l'arrêt de la cokerie de Carling aurait dû intervenir en même temps que la fermeture des mines de charbon de Moselle-Est, en 2003. Or, cet arrêt programmé a pu être évité grâce à la mobilisation forte de nombreux acteurs mais également grâce à la conjonction de plusieurs facteurs déterminants. D'une part, un retournement des conditions économiques du secteur lié en grande partie à l'attitude de la Chine (qui décida fin 2003 de réduire considérablement ses exportations de coke pour répondre en priorité à sa demande intérieure croissante) et une situation très déséquilibrée entre offre et demande d'acier, tout cela ayant un effet sur les prix et donc rendant la cokerie de Carling à nouveau compétitive. Cette situation s'est combinée avec l'intérêt stratégique pour le sidérurgiste allemand Rogesa, implanté à quelques kilomètres, de sécuriser son approvisionnement au moment où des travaux devaient être effectués sur sa propre cokerie. Les négociations ont été menées en quelques semaines et, en mars 2004, l'usine est passée définitivement dans le giron de ROGESA. En plus de la reprise des salariés, le nouveau propriétaire s'était alors engagé à se fournir auprès de l'unité lorraine jusqu'à l'achèvement des travaux menés dans son propre équipement, en 2011. En 2009, la crise économique internationale touche la quasi-totalité des secteurs industriels et tout particulièrement le secteur de la sidérurgie avec une très forte baisse de la demande en acier. Cela a amené les sidérurgistes à réduire drastiquement leur production. La moitié des hauts-fourneaux européens était mise sous cocon au mois de mai 2009. Même s'il semble que la période de déstockage touche à sa fin et que la réactivation de certains hauts-fourneaux soit en cours, les perspectives restent peu prometteuses à court terme. Les contrats de charbon à coke pour 2009 se négocient en baisse de près de 50 % par rapport à 2008 au niveau mondial. Ainsi, ROGESA, lui-même durement touché par la crise, a annoncé, il y a quelques mois, qu'il souhaitait se séparer de la cokerie de Carling. L'agence française des investissements internationaux, en collaboration avec les agences locales de développement, et avec l'appui du commissaire à la réindustrialisassions, a exploré plusieurs pistes pour tenter de trouver un repreneur. La date butoir qu'avait fixée ROGESA a été repoussée de façon à permettre un examen complet de la dernière offre encore en lice d'un repreneur allemand. Finalement, ce repreneur s'est désisté, estimant ne pas avoir une assise financière suffisante. Dans ces conditions, ROGESA qui s'estimait incapable de décaler encore la date de fin d'exploitation de la cokerie, a jugé préférable pour ses salariés de mettre fin à toute attente et de participer à la recherche de solutions pour la mise en oeuvre d'un plan social acceptable. La reprise du site, suivie d'un dépôt de bilan quelques mois plus tard du fait d'un actionnaire trop fragile, aurait mis les salariés dans une position encore plus délicate qu'aujourd'hui, ROGESA n'étant alors plus du tout partie prenante du désengagement ou du plan social négocié. Malgré les efforts déployés par l'ensemble des acteurs, il n'apparaît aujourd'hui aucune solution quant à la poursuite d'activité de la cokerie de Carling.
Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette question.