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André Chassaigne
Question N° 57664 au Ministère de la Défense


Question soumise le 1er septembre 2009

M. André Chassaigne attire l'attention de M. le secrétaire d'État à la défense et aux anciens combattants sur la création d'une journée nationale de la résistance le 27 mai. Il souhaite attirer son attention sur l'importance de la journée du 27 mai 1943. En effet, cette date reste encore trop méconnue de la mémoire collective alors qu'elle représente pourtant une étape décisive de la résistance engagée contre l'occupant nazi. En effet, c'est à cette date qu'eut lieu la première réunion officielle du Conseil national de la résistance (CNR) sous la présidence de Jean Moulin. La force symbolique de cette réunion marquait l'engagement déterminé des forces résistantes, qui allait permettre la libération du pays. En même temps, elle affichait clairement sa volonté de mettre en place les structures démocratiques pour suppléer celles du régime collaborateur afin d'engager la reconstruction d'une France démocratisée. D'ailleurs, la motion votée, à l'unanimité, à l'occasion de cette réunion, exprimait le souhait qu'un gouvernement unique et fort soit dirigé par le général de Gaulle afin de redonner à la France le crédit qui lui permettrait d'assurer sa place de grande puissance aux côtés des alliés. Eu égard au fait que cette journée joua un rôle décisif pour la libération du pays et conformément à la revendication des associations d'anciens combattants et résistants, il demande que le 27 mai devienne la journée nationale de la résistance. Ce 27 mai, jour non chômé, deviendrait, ainsi, un grand moment de transmission de la mémoire des combats et des valeurs de la résistance. En conclusion, il lui demande s'il souhaite répondre positivement à l'attente des associations d'anciens combattants et résistants concernant la création de cette journée nationale de la résistance.

Réponse émise le 20 octobre 2009

L'exemple de courage et de civisme qu'ont incarné au cours de la Seconde Guerre mondiale le général de Gaulle et tous ceux qui ont résisté, est un élément fondateur de la mémoire nationale. Il est impératif que le message légué par ces hommes et ces femmes soit conservé et transmis aux plus jeunes générations. Il en va là des valeurs républicaines. C'est dans cet esprit que le Gouvernement continue d'agir en faveur de la mémoire résistante, à la fois par son soutien aux institutions qui la font vivre - Fondation de la Résistance, Fondation de la France libre, Fondation de la mémoire de la déportation, Fondation pour la Mémoire de la Shoah, Fondation Charles-de-Gaulle -, par son implication dans des projets menés en direction des jeunes et par son soutien à des projets mémoriels d'envergure. L'année 2008 a ainsi vu la double inauguration de l'historial Charles-de-Gaulle aux Invalides et du mémorial Charles-de-Gaulle à Colombey-les-Deux-Églises. Tous deux particulièrement axés sur l'histoire de la Résistance, ils font une large place à l'action du Conseil national de Résistance (CNR). Dans ce contexte, le décret n° 2006-313 du 10 mars 2006, qui a institué le 18 juin en journée nationale commémorative de l'appel historique du Général de Gaulle à refuser la défaite et à poursuivre le combat contre l'ennemi doit être bien interprété. Par son intitulé, il rassemble sous la bannière d'une date célèbre, pour le grand public, l'ensemble des résistants français, c'est-à-dire tous ceux qui ont refusé la défaite et continué à se battre, que cela soit dans les Forces françaises libres, à la tête d'un journal clandestin, sur les bancs de l'Assemblée consultative provisoire d'Alger ou dans un maquis. C'est pourquoi l'instauration d'une autre journée nationale consacrée à la Résistance conçue comme la seule résistance intérieure risquerait d'être incompréhensible aux yeux de la plupart des Français, pour qui le 18 juin incarne justement la Résistance de façon globale. Alors que s'ouvre le cycle commémoratif du 70e anniversaire de la Seconde Guerre mondiale, où la journée du 18 juin 2010 constituera un moment fort, la création d'une autre journée de référence altèrerait la portée de l'événement. Par ailleurs, si l'histoire de la France durant la Seconde Guerre mondiale est compliquée et marquée par des divisions, le rôle de la mémoire est au contraire de rassembler les Français autour de leur passé, aussi complexe soit-il. Il est donc nécessaire de ne pas encourager la multiplication des journées d'hommage mise en lumière par la commission pour la modernisation des commémorations nationales, présidée par l'historien André Kaspi. Tandis que six commémorations nationales ont été créées entre 1880 et 2001, six autres l'ont été en seulement cinq ans, de 2001 à 2006. Pour favoriser la lisibilité de la mémoire nationale par le plus grand nombre, il est important d'éviter la création de nouvelles journées commémoratives, d'autant qu'en dehors de celle du 18 juin, il en existe trois autres qui peuvent être l'occasion de célébrer l'idéal démocratique et humaniste de la Résistance : la journée nationale du Souvenir des victimes et héros de la Déportation, la commémoration de la victoire de 1945 et, surtout, la cérémonie en hommage à Jean-Moulin, qui se déroule chaque 17 juin au Panthéon. Les discours prononcés lors de cette dernière manifestation ne manquent jamais de célébrer le rôle du CNR.

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