M. Christian Bataille attire l'attention de Mme la secrétaire d'État chargée du commerce extérieur sur les très mauvais résultats du commerce extérieur de l'année 2008. L'ampleur de la dégradation est sans précédent : un déficit commercial de 56 milliards d'euros sur l'ensemble de l'année 2008 selon les douanes, soit une dégradation encore plus grave qu'en 2007 et en 2006. On ne peut tirer argument de la conjoncture pour masquer l'échec de la politique industrielle du Gouvernement. Ni le pétrole ni le niveau de l'euro ne suffisent à expliquer les contre-performances françaises en matière de commerce extérieur. L'appréciation de la monnaie unique a certes dégradé la compétitivité des entreprises françaises, mais cette explication ne suffit pas. Elle ne dit pas pourquoi les positions de la France s'érodent à l'intérieur de la zone euro, ni pourquoi nos voisins, qui partagent la même monnaie ont de meilleurs résultats. Depuis 2001, les exportations françaises n'ont progressé que de 2 %, contre 22 % pour celles de l'Allemagne, 16 % pour l'Espagne et 8 % pour l'Italie. Si la hausse du prix du pétrole a dégradé notre balance commerciale, l'Allemagne, qui est pourtant confrontée à une dépense énergétique encore plus importante, a réussi à absorber ce choc exogène ; contrairement à la France, l'Allemagne affiche un excédent commercial de 60 milliards. Les faiblesses structurelles de l'économie française persistent : le tissu des entreprises se caractérise toujours par un faible nombre de PME suffisamment puissantes pour exporter. Sur ce plan, les lois Dutreil de 2003 et de 2005 sont un échec. La politique d'exonération des heures supplémentaires et d'allégement des charges sociales n'a eu aucun effet sur la compétitivité des entreprises. Au contraire, la France renoue avec les déficits extérieurs après plus d'une décennie d'excédents. Force est de constater que les résultats du commerce extérieur ne sont pas le produit de la conjoncture économique mais de la carence d'une politique industrielle qui repose sur une vision stratégique à long terme. Dans un tel contexte de dégradation de la compétitivité de l'économie française, avec la concurrence accrue à l'exportation et l'apparition de pays fondant leur croissance sur les échanges extérieurs (Chine et Inde), la stratégie de positionnement sur des marchés à haute valeur ajoutée est déterminante pour notre pays. Il lui demande comment elle compte défendre certains secteurs stratégiques, comme l'industrie nucléaire française, qui reposent sur une technologie de pointe et sont relayés à l'international par un volontarisme fort de la République française contradictoire avec la politique de concurrence mondialisée voulue par la Commission européenne et son président.
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