M. Pierre Morel-A-L'Huissier attire l'attention de M. le secrétaire d'État chargé du commerce, de l'artisanat, des petites et moyennes entreprises, du tourisme et des services sur l'effondrement de la valeur des matières premières en 2008. Il lui demande de bien vouloir lui indiquer l'évolution du cours des matières premières ces derniers mois, ainsi que les prévisions faites en la matière pour les mois à venir.
L'économie mondiale a connu entre 2003 et 2007 un taux de croissance soutenu (3 à 5 %). La reprise de l'activité économique aux États-Unis dès 2003, l'amélioration de la situation en Europe et au Japon sont venues ajouter à la croissance économique de la Chine et des autres pays émergents. Ceci s'est traduit par une accélération de la demande de minerais et métaux non anticipée par les opérateurs miniers et métallurgiques créant des situations de pénurie et la flambée des prix des métaux. En outre, les perspectives de croissance de besoins en matières premières utiles au développement des économies ont attiré les investisseurs et favorisé la spéculation. Ainsi, les prix du nickel sont passés de 10 000 $/t en 2003 à plus de 50 000 $/t, en 2007, pour revenir à 10 000 $/t, fin 2008. Entre 2006 et 2008, le cuivre a frôlé à plusieurs reprises les 9 000 $/t, alors que son prix de 2003 évoluait autour de 2 000 $/t, le cobalt a dépassé les 50 $/lb en 2008, pour une moyenne de 11 $/lb en 2003. L'ensemble des métaux non ferreux a connu de tels excès. La crise financière et économique mondiale apparue courant 2008 touche directement les principaux clients du secteur des matières premières minérales, les industries de l'aéronautique, de l'automobile, de la construction navale, des équipements industriels, premiers consommateurs de métaux en volume. Malgré les mesures destinées à limiter l'offre de métaux par des arrêts de production, les marchés sont passés en près de douze mois d'une atmosphère de pénurie à une situation excédentaire ce qui s'est traduit par un effondrement brutal des prix. À titre d'exemple le prix du cuivre est passé sur le marché au comptant de Londres de 8 900 $/t à 2 900 $/t, entre mars et décembre 2008 (soit une baisse de 67 % en neuf mois). La chute des cours, intervenue en 2008, montre une forte réactivité du marché face à l'évolution de l'économie mondiale. Toutefois, le prix moyen des métaux, exprimé en moyenne annuelle, est en 2008 encore nettement supérieur au niveau de 2003. Par ailleurs, les cours des métaux de base ont repris en 2009 une tendance haussière confirmée. Le cuivre et le plomb se sont ainsi appréciés de plus de 50 % au cours de 2009 et le nickel, l'étain et le zinc ont progressé d'environ 30 %. Concernant l'année 2010, la moyenne de croissance des cours des prix des métaux et matières premières a été également haussière en moyenne de 15 % avec des évolutions plus fortes de l'ordre de 30 % pour le zinc et en moyenne de 50 % pour le cuivre, le nickel et l'étain. S'agissant des perspectives, la France ne dispose pas sur son territoire national de gisements économiquement exploitables, malgré l'activité de deux opérateurs de niveau mondial Areva (uranium, or) et Eramet (nickel, manganèse, chrome, tungstène, cobalt et superalliages). L'approvisionnement de l'industrie française en minerais et métaux est donc réalisé pour la majeure partie sur les marchés mondiaux de matières premières dont les prix sont fixés en dollars. L'évolution des prix des matières premières est dépendante de l'évolution de l'économie mondiale. À cet égard, l'évolution de l'économie chinoise est un paramètre déterminant de condition d'un retour à la croissance économique, étant entendu qu'un retour à la hausse des prix des matières premières prématuré constituerait un handicap supplémentaire à la reprise de la croissance en France et en Europe. Enfin, afin de s'attaquer à la volatilité des prix des matières premières pendant la présidence française du G20, les autorités françaises ont transmis à Bruxelles un dossier complet plaidant pour une initiative législative européenne dans ce domaine complétée ensuite par des mesures sectorielles. Un acte législatif européen permettrait en effet d'insuffler plus de transparence et de favoriser l'échange d'informations entre régulateurs sectoriels et régulateurs financiers.
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