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Christophe Bouillon
Question N° 50201 au Ministère de l'Éducation


Question soumise le 26 mai 2009

M. Christophe Bouillon attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale sur la réforme du baccalauréat professionnel et sur ses conséquences si elle est appliquée en l'état. En effet, l'enseignement professionnel représente environ 700 000 lycéens en France, un million en comptant les apprentis, soit un jeune sur 3, et plus de 60 000 enseignants au sein de 3 000 établissements de proximité. La réforme prévoit d'aligner le cursus du lycée professionnel sur celui du lycée général et technologique, soit en trois ans au lieu de quatre, et de supprimer les classes de BEP (brevet d'études professionnelles) à l'exception de quatre spécialités. Jusqu'ici, à l'issue de la troisième, les élèves orientés vers la voie professionnelle préparaient un BEP en deux ans, puis une minorité d'entre eux (40 %) poursuivaient sur un bac pro en deux ans. L'objectif est de revaloriser la voie professionnelle et amener un maximum de jeunes au baccalauréat, voire à la poursuite d'études supérieures, notamment au BTS ; mais, généralisé à l'ensemble des élèves, cela risque de décourager les plus faibles qui sortiront sans aucun diplôme comme le craignent certains enseignants. Une généralisation hâtive et précipitée de l'actuelle réforme « bac pro trois ans » sans prise en compte de l'évaluation des expérimentations en cours risque de bouleverser inutilement l'ensemble de la formation professionnelle initiale dans les lycées professionnels et les centres d'apprentissage et, plus largement, de fragiliser gravement le tissu entrepreneurial, alors que notre pays affronte actuellement une crise économique majeure. À l'heure où vient d'être présenté par M. le Président de la République un plan d'urgence favorisant la formation ou l'embauche de 700 000 jeunes d'ici à la mi-2010, il lui demande si des réponses aux questions soulevées à la fois par les élèves mais également par leurs enseignants quant à cette réforme pouvaient lui être apportées.

Réponse émise le 20 octobre 2009

Un plan ambitieux de valorisation et de rénovation de la voie professionnelle a été engagé afin de rendre à celle-ci une égale dignité face aux voies générale et technologique. Actuellement, les lycées professionnels préparent au certificat d'aptitude professionnelle (CAP) ou au brevet d'études professionnelles (BEP) en deux ans. L'obtention d'un BEP permet ensuite aux élèves de préparer un baccalauréat professionnel en deux ans, soit un total de quatre années. Il est apparu que la durée de ce cursus et une offre géographique insuffisante découragent plus de la moitié des élèves, qui, après le BEP, ne poursuivent pas jusqu'au baccalauréat professionnel. La rénovation consiste à supprimer la condition préalable d'obtention d'un diplôme de niveau V, à préparer le baccalauréat professionnel à l'issue de la troisième, à aligner la durée de la formation (trois ans) sur celle des baccalauréats généraux et technologiques et à élargir l'offre sur le territoire. Cette rénovation contribuera à élever le niveau de qualification des jeunes de la voie professionnelle et à améliorer leur insertion professionnelle. Elle s'inscrit en cohérence avec les objectifs de Lisbonne et avec la loi du 24 avril 2005, qui définit pour la France l'objectif d'amener 80 % d'une génération au baccalauréat. Les élèves pourront valider un diplôme de niveau V au cours du cursus en trois ans. Quant à ceux qui veulent entrer plus rapidement sur le marché du travail, les CAP, qui sont de vrais diplômes d'insertion reconnus par les professions, sont maintenus, et l'offre de formation sera développée. Des passerelles seront mises en place, chaque année du cycle, entre les formations professionnelles (baccalauréat professionnel-CAP) et entre les formations professionnelles et technologiques (baccalauréat professionnel-baccalauréat technologique). En outre, une plus grande souplesse dans l'organisation des enseignements, notamment pour la mise en oeuvre d'une aide et d'un accompagnement personnalisés, permettra, d'une part, de prendre en compte les besoins des élèves les plus fragiles et, d'autre part, de soutenir les élèves qui souhaiteraient préparer un brevet de technicien supérieur (BTS). Tout au long de l'année 2008, une concertation a été menée avec les branches et les partenaires sociaux pour déterminer les modalités d'application de la réforme. Le ministre de l'éducation nationale a signé, le 18 décembre 2007, un protocole de discussion avec six organisations représentatives des enseignants et des chefs d'établissement, puis, le 23 mai 2008, un protocole d'accord avec quatre de ces organisations. Ce protocole d'accord est l'aboutissement des réunions engagées dans le cadre du protocole de discussion. Sur la base de ce protocole, des réunions de concertation régulières se sont tenues au fur et à mesure de la continuation de la réforme. Enfin, les commissions professionnelles consultatives, auxquelles sont associées les branches professionnelles, ont proposé des modalités appropriées pour chaque secteur professionnel afin de mettre en place les cursus conduisant aux baccalauréats professionnels en trois ans, à compter de la rentrée 2009, date à laquelle le ministre de l'éducation nationale souhaite que le baccalauréat en trois ans devienne le cursus de référence. Les textes ont été présentés aux instances consultatives : comité professionnel consultatif (CIC) et conseil supérieur de l'éducation (CSE), et ont été publiés au Journal officiel du 11 février 2009.

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