Mme Marietta Karamanli attire l'attention de Mme la ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales sur la suppression annoncée de la taxe professionnelle. Sa suppression pose plusieurs problèmes. La ressource devant la remplacer devra être suffisamment dynamique, ce qui ne serait pas forcément le cas d'une dotation évoluant selon un rythme fixé à l'avance. De fait, une telle dotation pourrait mettre les communes sous une dépendance financière de l'État. Des propositions ont été avancées visant à son remplacement par un impôt en lien avec l'activité économique comme une taxe sur les valeurs locatives foncières et la valeur ajoutée des entreprises. Elle souhaite donc savoir où en sont les propositions dans ce domaine et connaître les principes qui pourraient être retenus en vue de garantir des ressources dynamiques aux communes et une bonne péréquation entre elles.
Conformément à l'engagement pris par le Président de la République le 5 février 2009, la loi de finances pour 2010 a mis en oeuvre une réforme ambitieuse de la fiscalité locale, en remplaçant la taxe professionnelle par de nouvelles ressources fiscales. L'objectif économique est atteint : la suppression de la taxe professionnelle, effective depuis le 1er janvier, contribuera à renouer avec des investissements et des créations d'emplois plus dynamiques, à redonner vie au tissu économique local et à restaurer l'attractivité de nos territoires. D'autre part, les collectivités territoriales bénéficieront de la nouvelle contribution économique territoriale et d'autres ressources fiscales qui consolideront le lien fiscal entre territoires et entreprises tout en préservant la solidarité entre collectivités. Cette réforme entre en vigueur en deux temps : dès 2010 pour les entreprises, en 2011 pour les collectivités. Un régime transitoire a donc été établi pour l'année 2010. Il se traduit, en particulier, par la mise en place d'une compensation relais, qui constitue un reversement de fiscalité locale qui se substitue à la taxe professionnelle. Le Gouvernement a introduit un principe de compensation intégrale du manque à gagner de la suppression de la taxe professionnelle, appliqué à chaque collectivité territoriale concernée. Ce principe est mis en oeuvre à la fois dans le mode de calcul de la compensation relais versée en 2010 et dans la détermination du nouveau panier de ressources dont bénéficieront les collectivités territoriales à compter de 2011. Ainsi, en 2010, selon les dispositions de l'article 1640 B du code général des impôts (CGI), la compensation relais correspond au plus élevé des deux montants suivants, soit le produit de taxe professionnelle (TP) perçu en 2009, soit le produit des bases de TP 2010 par le taux de TP 2009 dans la limite du taux de TP 2008 majoré de 1 %. Les termes exacts du choix ne seront connus, vraisemblablement, qu'au mois de juillet. Puis, à partir de 2011 les collectivités locales percevront des ressources essentiellement fiscales, nouvelles ou transférées par l'État, ainsi qu'une dotation de l'État. À cet égard, l'autonomie financière des collectivités territoriales sera préservée, et la dotation de compensation de l'État ne représentera qu'une part marginale des nouvelles ressources. Cette dotation de compensation de la taxe professionnelle sera versée aux collectivités locales dont les nouvelles recettes ne couvriraient pas la perte de taxe professionnelle. Elle sera calculée à partir du solde, d'une part des produits des impôts directs locaux assis sur les bases 2010, d'autre part des produits fiscaux assis sur les bases 2010 et reposant sur les nouveaux schémas en vigueur à compter du 1er janvier 2011. De plus, un Fonds national de garantie individuelle des ressources (FNGIR) sera instauré pour chaque niveau de collectivité. L'objectif de ce Fonds est de réaliser l'équilibre pour chaque collectivité, en neutralisant par un ensemble de prélèvements et de reversements les transferts de matière fiscale consécutifs à la réforme. L'ensemble de ces opérations sera effectué sur les douzièmes de fiscalité versés aux collectivités. Enfin, l'article 76 de la loi de finances pour 2010 organise les conditions d'un réexamen du système de financement issu de la réforme, qui permettra, le cas échéant, d'ajuster le dispositif prévu pour 2011. Un réexamen des modalités de répartition à la mi-2010 permettra de tenir compte des simulations destinées à mieux apprécier les conséquences de la suppression de la taxe professionnelle. Le bilan des ressources des collectivités locales sera constaté en 2011 lors de la préparation de la loi de finances pour 2012. Il sera alors possible de reconduire ou de modifier le dispositif de répartition des ressources des collectivités territoriales. Cette réforme, que le Parlement a souhaité pouvoir adapter en fonction des évaluations qui lui seront communiquées répond donc aux voeux d'équilibre pour les populations, les collectivités et les entreprises de notre pays.
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