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Pierre Morel-A-L'Huissier
Question N° 48186 au Ministère des Affaires étrangères


Question soumise le 5 mai 2009

M. Pierre Morel-A-L'Huissier attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de la pêche sur le G8 de l'alimentation. Le lundi 20 avril 2009, l'une des conclusions étaient que « la déclaration du millénaire de 2000 avait pour but de réduire de moitié la proportion de la population confrontée à la pauvreté et à la malnutrition d'ici 2015 ». Il lui demande d'indiquer sa position sur ce sujet.

Réponse émise le 4 août 2009

La crise alimentaire de 2008 a révélé les conséquences d'un désintérêt pour l'agriculture marqué par la baisse de l'aide au développement dans ce secteur, le démantèlement des politiques agricoles et une confiance excessive dans les marchés mondiaux. Elle a rappelé au monde que la sécurité alimentaire est un impératif pour la stabilité politique, même si les conflits peuvent avoir bien d'autres causes. La crise alimentaire de 2008 n'était pas seulement une conséquence de l'insuffisance de l'offre sur les marchés agricoles mondiaux, elle était également liée aux dérèglements des marchés financiers. Parce qu'elle frappe d'abord les plus vulnérables, la récession mondiale aggrave le tableau de la pauvreté et de la faim dans le monde : 1 milliard de personnes, soit 15 % de la population mondiale, ne mange pas à sa faim en 2009. En appelant à un partenariat mondial pour l'agriculture et la sécurité alimentaire, le 3 juin 2008, à Rome, à la FAO, le Président de la République plaidait pour : 1. Plus de cohérence dans les décisions internationales ayant des impacts sur la sécurité alimentaire mondiale, et particulièrement des pays en développement ; l'agriculture de certains pays a été sacrifiée au nom de l'ouverture commerciale qui a mis en compétition des agriculteurs traditionnels avec des agricultures commerciales ; 2. La mobilisation de toute l'expertise mondiale sur les défis que posent la nécessité de nourrir 9 milliards d'humains en 2050 et d'éradiquer la faim ; 3. Plus d'investissements dans l'agriculture et la lutte contre la malnutrition des pays en développement. En réponse à la crise alimentaire de 2008, la mobilisation internationale a été importante. La communauté internationale a été remarquablement réactive, à travers de nouveaux instruments, des mécanismes de décision rapide, la réallocation des crédits, l'instruction de nouveaux projets. Des donateurs ont annoncé des contributions additionnelles significatives. C'est notamment le cas de l'Europe (Commission) mais aussi des États-Unis, qui annoncent un engagement additionnel de 4 milliards de dollars en don. Au total l'engagement du G8 de 10 milliards de dollarsconsacrés à la sécurité alimentaire a été dépassé : 13 milliards ont été mobilisés entre janvier 2008 et juillet 2009 et 9 milliards d'engagements nouveaux sont annoncés. D'une façon générale, la part de l'aide consacrée à l'agriculture et à la sécurité alimentaire remonte. On peut dire également que l'application des principes de Paris et d'Accra sur l'efficacité de l'aide dans le secteur progresse. L'augmentation des enveloppes ne fera pas tout. L'alignement de l'aide sur des politiques nationales négociées entre les acteurs nationaux est essentiel. La France a pleinement participé à une mobilisation internationale réelle. Sous la présidence française du Conseil de l'UE, une facilité européenne additionnelle de réponse rapide à la crise, dotée de 1 milliard d'euros sur trois ans, a été décidée et est mise en oeuvre. L'aide alimentaire bilatérale française a été augmentée (52 MEUR et complétée par une aide budgétaire additionnelle de 15 MEUR). L'aide de la France aux investissements dans l'agriculture du Sud se renforce : la croissance des engagements de l'AFD (243 MEUR en 2008, 323 MEUR en 2009) permettront de respecter l'objectif fixé de 1 milliard d'euros sur cinq ans pour la seule Afrique. L'AFD s'est associée à la création d'un fonds d'investissements pour l'agriculture en Afrique (FAA), avec la Banque africaine de développement, le FIDA, AGRA et de banques sous-régionales africaines. Le FAA sera opérationnel en fin d'année 2009 avec un objectif de 200 MEUR de capital. Au total, les engagements de la France pour la sécurité alimentaire ont été de 445 MEUR en 2008, et seront de 492 MEUR en 2009. Au niveau multilatéral, la France a augmenté sa contribution au Fonds international pour le développement agricole-FIDA (35 MEUR pour le triennium 2010-2012, contre 23 MEUR lors reconstitution précédente). Elle soutient la réforme de la FAO, organisation dont le mandat est essentiel et qui doit guider la mobilisation internationale. Elle soutient résolument la transformation du Comité pour la sécurité alimentaire pour qu'il devienne la plate-forme de dialogue politique dont les acteurs mondiaux ont besoin. Enfin, la France soutient dans ses objectifs et concrètement la coordination du Groupe de haut niveau sur la sécurité alimentaire (HLTF) créé par M. Ban Ki Moon début 2008 et qui réunit vingt-trois agences multilatérales. Dès lors que la crise alimentaire est une des dimensions de la crise économique mondiale, dès lors que les solutions ne relèvent pas seulement de progrès sur l'offre agricole mais aussi sur la croissance, la création d'emplois, la distribution des revenus, l'action de la France pour résoudre la crise financière en G20 est également un élément de réponse aux défis de la sécurité alimentaire.

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