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Pierre Morel-A-L'Huissier
Question N° 46353 au Ministère de l'Agriculture


Question soumise le 14 avril 2009

M. Pierre Morel-A-L'Huissier attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de la pêche sur l'analyse économique prospective sur les marchés des produits agricoles et leurs revenus pour la période 2008-2015 publiée par la Commission européenne le 17 mars 2009. Il lui demande de bien vouloir lui indiquer son avis sur cette analyse.

Réponse émise le 2 juin 2009

L'honorable parlementaire a sollicité l'avis du ministère de l'agriculture et de la pêche sur le document Prospects for Agricultural Markets and Income in the European Union 2008-2015. Il s'agit d'un exercice de projection que la Commission européenne (CE) publie tous les ans depuis au moins 1999. Une première version est livrée avant l'été puis une actualisation est réalisée dans les six mois. Il convient de préciser qu'il ne s'agit pas d'une analyse prospective mais d'une projection à moyen terme sur les marchés agricoles européens. La différence n'est pas seulement sémantique : contrairement à une analyse prospective, qui cherche à concevoir différents scénarios probables, après avoir identifié les tendances longues et les ruptures possibles, la projection se limite à prolonger les tendances observées en injectant des hypothèses complémentaires. L'exercice ne vise pas à prévoir ce qui va advenir à moyen terme, mais à décrire ce qui pourrait advenir si certaines hypothèses, jugées plausibles en ce début d'année 2009, se réalisent. En ce sens, il a un intérêt pour tester des hypothèses et éventuellement prendre des mesures pour ajuster leurs conséquences. À la lecture de l'étude, il apparaît que les tendances sur les prix agricoles, exception faite dans une certaine mesure pour le lait, sont assez difficiles à dégager, notamment en raison des fortes fluctuations constatées récemment. La précédente prévision sur la période 2007-2014 n'avait en particulier pas envisagé la forte envolée des prix des céréales en 2007-2008. Compte tenu du niveau élevé d'intégration de l'Union européenne dans le commerce international, les hypothèses sur les prix sont un des déterminants principaux des revenus agricoles communautaires. Le document porte sur l'Union européenne dans son ensemble, et les analyses détaillées se limitent à quelques produits très intégrés dans la politique agricole commune (céréales, viande, lait principalement), mais passe très rapidement sur les autres grandes cultures (betteraves, pommes de terre), sur les fruits, légumes et vins. On ne peut donc pas en tirer de conclusions suffisamment pertinentes pour l'agriculture française. De même, il aborde peu la question du coût des intrants, hormis l'énergie. Or, ces derniers ont eu un impact déterminant sur le revenu agricole en 2008. Les incertitudes actuelles pesant sur les marchés agricoles et sur l'ensemble de l'économie rendent sans conteste l'exercice difficile, ce que le document rappelle bien. Les prix n'en sont d'ailleurs pas la cause unique : le contexte international, et particulièrement les conséquences de la crise actuelle, le climat, les évolutions technologiques, les orientations politiques, notamment en matière d'énergies renouvelables, sont susceptibles d'infléchir significativement les tendances. Ces incertitudes sont abondamment rappelées dans le document. D'une manière générale, on peut dire que les nombreuses sources d'instabilité qui caractérisent les marchés agricoles ne sont pas suffisamment bien représentées dans les modèles de prévision disponibles actuellement. L'exercice présenté dans le document constitue une contribution parmi d'autres aux tentatives de projection de l'agriculture à moyen terme. Afin de contribuer à améliorer les méthodologies employées pour ces projections utiles pour éclairer les décisions, le ministère de l'agriculture et de la pêche soutient des travaux de recherche du même type, ou explorant d'autres hypothèses, au sein même de ses services, comme au service de la statistique et de la prospective, ou à l'Institut national de la recherche agronomique.

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