Mme Sylvia Pinel attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de la pêche sur les craintes légitimes des apiculteurs du Sud-Ouest de la France face à la prolifération du frelon asiatique. En Tarn-et-Garonne plus particulièrement, ce redoutable prédateur d'abeilles affecte lourdement l'activité des ruches et met ainsi en péril la production apicole. Aussi, elle souhaite connaître les mesures d'urgence que le Gouvernement entend déployer afin de protéger durablement nos abeilles et sauvegarder une filière apicole déjà fragilisée par l'utilisation des insecticides.
Le frelon asiatique (vespa velutina), apparu récemment sur le territoire français, s'est étendu dans le Sud-Ouest et sa présence a été identifiée dans certains départements plus au Nord. Cette espèce se nourrit notamment d'insectes et a un comportement de prédation sur les abeilles domestiques, ce qui préoccupe fortement les apiculteurs. Face à cette situation, plusieurs démarches ont été entreprises visant à mieux connaître l'espèce, ses implications dans le contexte du territoire français et à favoriser la prévention et la limitation des impacts. En 2007, une étude menée par l'association de développement apicole d'Aquitaine (ADAAQ) a bénéficié de fonds communautaires du programme apicole et d'une aide du conseil régional d'Aquitaine. Cette étude a confirmé un impact potentiel du frelon asiatique sur le rucher aquitain et a permis de formuler des préconisations en matière de lutte. Celle-ci est fondée sur le piégeage des fondatrices - femelles sexuées quittant le nid dès la fin de l'hiver pour fonder une nouvelle colonie -, ainsi que la destruction des nids. En 2008, il a été créé un comité de pilotage national « frelon asiatique » co-animé par le MAP et le MEEDDAT, réunissant également les ministères de l'intérieur et de la santé, la préfecture de la zone de défense Sud-Ouest, le Muséum national d'histoire naturelle (MNHN) et l'ADAAQ. Par ailleurs, le CNRS, le MNHN, l'INRA et l'institut de recherche pour le développement (IRD) sont engagés dans une étude de recherche appliquée de trois ans lancée en 2008, financée sur le programme apicole communautaire, concernant la biologie de l'espèce, ses impacts sur les abeilles et le contrôle des populations. L'étude de l'ADAAQ a également été poursuivie et deux préfectures (Dordogne et Lot-et-Garonne) ont programmé des expérimentations de piégeage. Une vigilance particulière est portée à la prévention des conséquences potentielles de cette action sur l'entomofaune. Le bilan des expérimentations menées en 2008 tend à montrer une efficacité limitée du piège conçu. Des adaptations techniques ont donc été envisagées et des opérations de piégeage sont de nouveau programmées localement pour 2009. Le suivi de la répartition de l'espèce est également un volet important. Des dispositifs visant à faciliter le signalement des nids et le traitement des informations ont été mis en place dans certains départements. Au niveau national, le MNHN centralise l'ensemble des données qui lui parviennent et établit une carte de progression de l'espèce. Concernant les risque potentiels pour la santé et la sécurité publiques, les données actuelles ne semblent pas dénoter une augmentation des piqûres d'hyménoptères dans les départements colonisés par le frelon asiatique. Il faut noter que cette espèce n'est pas impliquée dans un nombre élevé d'accidents graves en Asie. Dans son rapport « Pour une filière apicole durable », M. Saddier, député de la Haute-Savoie, a établi des préconisations relatives au frelon asiatique, notamment celle de préciser son statut juridique. En complément des actions précédemment décrites, cette démarche doit s'inscrire dans une réflexion plus large, relative à la gestion des espèces exogènes invasives et de leurs impacts éventuels.
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