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Alfred Trassy-Paillogues
Question N° 43574 au Ministère de la Santé


Question soumise le 3 mars 2009

M. Alfred Trassy-Paillogues attire l'attention de Mme la ministre de la santé et des sports sur l'emploi du baclofène dans le traitement contre l'alcoolisme. En effet, ce myorelaxant destiné à traiter les spasmes musculaires aurait permis à plusieurs personnes de combattre leur dépendance à l'alcool et de guérir de la maladie. Des essais cliniques semblent néanmoins nécessaires afin de déterminer l'efficacité réelle de ce médicament et, le cas échéant, de déterminer les doses à prescrire en fonction du cas à traiter et du type d'addiction. Aussi il aimerait que lui soient précisées les intentions du Gouvernement à ce propos.

Réponse émise le 12 mai 2009

Le baclofène est un myorelaxant d'action centrale, agoniste de l'acide gamma-aminobutyrique (GABA) agissant sur les récepteurs GABAB, et principe actif de la spécialité Lioresal (Laboratoires NOVARTIS). Ce médicament bénéficie depuis 1975 d'une autorisation de mise sur le marché (AMM) en France dans le traitement des contractures spastiques accompagnant certaines affections neurologiques (sclérose en plaques, affections médullaires et d'origine vasculaire). Il existe également des génériques de cette spécialité. Chez l'adulte, la posologie du baclofène est progressive et adaptée individuellement en fonction de l'efficacité et de la tolérance du traitement, et se situe généralement entre 30 et 75 mg par jour. Des posologies supérieures à 75 mg et jusqu'à 120 mg par jour peuvent être administrées mais uniquement en milieu hospitalier. À ces doses, les effets indésirables les plus fréquemment rapportés sont une sédation et une somnolence survenant en début de traitement. Le baclofène peut également induire aux doses usuelles des troubles digestifs (nausées, vomissements, constipation), des troubles cardio-vasculaires (diminution de la tension artérielle, ralentissement du rythme cardiaque), des troubles cutanés (éruption cutanée, sueurs), urinaires, et au-delà de 120 mg par jour des troubles de la conscience, confusion mentale et dépression respiratoire. L'AFSSAPS procède actuellement au recensement et à l'analyse de l'ensemble des données scientifiques (expérimentales, pharmacologiques et cliniques) disponibles sur ce produit afin d'évaluer la pertinence d'éventuelles études cliniques sur l'efficacité du baclofène dans le sevrage alcoolique. À ce jour, les données expérimentales chez l'animal disponibles ainsi que les résultats d'une étude italienne chez des patients alcooliques atteints de cirrhose semblent suggérer que le baclofène diminue l'appétence pour l'alcool et aide au maintien de l'abstinence. Des essais cliniques testant l'efficacité du baclofène dans le sevrage alcoolique ont d'ailleurs été réalisés ou sont en cours notamment aux États-Unis. En France, un projet hospitalier de recherche clinique a été déposé. ll s'agit d'un essai clinique comparatif randomisé visant à évaluer l'efficacité du baclofène dosé à 90 mg par jour dans l'aide au maintien de l'abstinence après sevrage hospitalier chez des patients alcoolo-dépendants. Pour mieux appréhender le profil de risques du baclofène, l'AFSSAPS a saisi le réseau des centres anti-poison et de toxicovigilance afin de disposer d'une analyse des données des cas de surdosage recensés, et de pouvoir préciser la dose seuil à partir de laquelle des signes cliniques d'intoxication pourraient se manifester. En effet, l'utilisation du baclofène préconisée par le docteur Olivier Ameisen dans son livre Le Dernier Verre fait état de l'efficacité du baclofène dans le maintien du sevrage alcoolique lorsqu'il est utilisé à fortes doses (jusqu'à 270 mg par jour), ce qui est très supérieur aux doses habituellement utilisées en neurologie. À ce stade, l'ensemble des éléments de ce dossier sera examiné par un groupe d'experts qui, à la lumière des données, se prononcera sur l'intérêt de réaliser et de promouvoir des études portant sur le baclofène dans la prise en charge des patients alcoolo-dépendants. Le groupe évaluera le protocole déposé afin que l'étude permette de vérifier l'hypothèse d'une efficacité du baclofène dans le traitement de l'alcoolo-dépendance (nombre de patients, durée de l'étude, critères de suivi, etc.), et ce compte tenu des résultats obtenus chez l'animal et lors des études préliminaires chez l'homme. En l'état actuel des connaissances et dans l'attente des conclusions de l'évaluation en cours, l'AFSSAPS incite à l'extrême prudence et met en garde les médecins contre toute prescription de baclofène en dehors des indications mentionnées dans l'AMM, notamment dans le traitement de l'alcoolo-dépendance. Celui-ci demeure en effet un traitement complexe, s'agissant d'une addiction souvent multifactorielle.

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