Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

François Loncle
Question N° 41403 au Ministère de l'Économie


Question soumise le 10 février 2009

M. François Loncle attire l'attention de Mme la ministre de l'économie, de l'industrie et de l'emploi sur les évolutions du prix du gaz et ses conséquences pour les serristes maraîchers et horticulteurs. En 2008, les tarifs du prix du gaz naturel ont été augmentés de 20 % en 3 hausses successives, et ce entre le 1er janvier et le 15 août 2008, suivant ainsi l'évolution du prix du baril. Depuis près de 8 mois, le prix du baril, ainsi que les tarifs des produits pétroliers de substitution (fioul lourd et domestique) ont diminué de manière significative (- 51,7 % pour le prix du baril et les prix de vente nationaux en fioul lourd, gazole et fioul domestique ont diminué quant à eux de 28,5 % à 50 % sur cette même période). Les prix du baril sont à présent inférieurs à ceux observés lors de l'hiver 2007-2008. Pourtant, le prix du gaz reste constant et aucune baisse de gaz ne semble prévue par le Gouvernement avant le mois d'avril. Cette décision est en contradiction avec le processus de révision des tarifs de gaz (qui a conduit à la hausse), qui se fait en principe tous les 3 mois en fonction de l'évolution du prix du baril observé sur les 3 à 6 mois précédents. Or les entreprises de production sous serres (dont 77 % des surfaces de serres sont chauffées au gaz naturel), déjà fortement concurrencées par les importations des pays du sud de l'Europe et du Maghreb, font partie des secteurs agricoles qui, en termes de revenu, ont été les plus touchées en 2008 (baisse de 48 % entre 2006 et 2007 et de 26 % entre 2007 et 2008, source Agreste). Un système d'aides aux entreprises en difficulté a été mis en place par le ministre de l'agriculture, mais il a surtout accordé une augmentation des aides à l'investissement, notamment dans le cadre de la circulaire serre, ainsi que des aides destinées à la reconversion énergétique. Les producteurs sous serre sont donc dans une dynamique d'amélioration de la performance énergétique de leurs entreprises, qui se voit remise en cause par les tarifs actuels du gaz : la campagne 2008-2009 débute avec une consommation de gaz dont les coûts sont supérieurs de 20 % par rapport à l'hiver dernier et les températures extrêmes n'encouragent pas à l'optimisme. Si les tarifs du gaz ne baissent pas avant le mois d'avril, des aides d'urgence devront être mises en place dès le printemps. 7 000 emplois vont être menacés dans ce secteur, sans parler des autres secteurs industriels à forte consommation énergétique comme la papeterie par exemple. Il lui rappelle, si cela est nécessaire, que le groupe GDF Suez prévoit de verser 1,7 milliard d'euros de dividendes en 2008. Des aides sectorielles ne sauraient donc réparer l'injustice ressentie par tous les Français quant au tarif du gaz. C'est pourquoi il lui demande d'exiger fermement de GDF-Suez une baisse de ses tarifs de l'ordre de 20 %, qui correspond à la réalité des prix du baril de brent sur ces 6 derniers mois.

Réponse émise le 7 avril 2009

Le gaz naturel est principalement acheté dans le cadre de contrats de long terme géographiquement diversifiés, notamment auprès des grands pays producteurs (Norvège, Pays-Bas, Russie, Algérie). Ces contrats prévoient que les coûts d'achat du gaz sont indexés sur les cours de produits pétroliers. Le principe d'indexation, mis en place de longue date, permet de garantir la compétitivité du gaz vendu, dans la mesure où celui-ci est substituable aux produits pétroliers avec lesquels il entre en concurrence. L'évolution des coûts d'approvisionnement de GDF Suez se répercute dans ses tarifs réglementés de vente, conformément aux dispositions de l'article 7 de la loi n° 2003-8 du 3 janvier 2003, selon une formule de lissage convenue avec les pouvoirs publics. Le principe du lissage est protecteur du consommateur final en gommant la volatilité des index ; il induit un effet retard. Ainsi, s'agissant des tarifs de distribution publique, le calcul des coûts d'approvisionnement est réalisé, préalablement à chaque date d'évolution tarifaire, à partir de la moyenne des cours des produits pétroliers de référence et du taux de change euro/dollar sur une période de six mois se terminant un mois avant la date du mouvement tarifaire (formule de lissage dite « 6-1-3 »). À titre d'exemple, un mouvement au 1er janvier répercute le cours moyen des produits pétroliers de référence des mois de juin à novembre de l'année précédente. À l'occasion du dernier mouvement tarifaire (mi-août 2008), la période de calcul prenait en compte le coût lissé du gaz, donc des produits pétroliers, évalué au 1er juillet 2008. Sur la période du calcul, les produits pétroliers sont restés à des niveaux élevés, justifiant la hausse. Les trois mouvements tarifaires de 2008 ont ainsi répercuté un baril de pétrole (brent) d'une valeur moyenne, de 56 euros au 1er janvier 2008 ; 61 euros au 1er avril 2008 (mouvement de fin avril), de 67 euros au 1er juillet 2008 (mouvement décalé au 15 août 2008). À l'occasion du mouvement d'avril 2008, la hausse moyenne intervenue (+ 2,64 EUR/MWh) en distribution publique n'a pas été totalement répercutée sur le tarif Telnuit, qui est proposé par GDF Suez aux entreprises de la production agricole sous serre, ce qui constituait une mesure de soutien à cette profession. Toutefois, dans son avis consultatif sur ce mouvement tarifaire, la commission de régulation de l'énergie observait que cette répercussion amodiée risquait de créer des distorsions de concurrence. Par ailleurs, pour respecter la hausse moyenne décidée, GDF Suez a dû appliquer une hausse sensiblement plus forte sur les autres tarifs, en particulier ceux des immeubles d'habitation chauffés collectivement au gaz naturel, parmi lesquels figurent de nombreux logements sociaux. Aujourd'hui, le coût du gaz importé reste à un niveau élevé (équivalent à un baril de brent moyen valant 68 euros) car la formule d'indexation et de lissage intègre des mois de pétrole cher, voire très cher (juillet, août), comme illustré par le tableau suivant :

2007 2008 2009
Juil. Août Sept. Oct. Nov. Déc. Janv. Fév. Mars Avril Mai Juin Juil. Août Sept. Oct. Nov. Dec. Janv.
Baril de brent
en dollars 77 71 77 82 93 91 92 95 104 109 123 132 133 113 98 72 53 40 44
en euros 56 52 55 58 63 62 63 64 67 69 79 85 84 75 68 54 41 30 33
Baril répercuté/tarifs
Particulier
en euros (*)
47 48 50 51 53 54 56 58 59 61 63 65 67 71 75 77 77 74 68
(*) Valeur lissée : moyenne mobile sur six mois.
Compte tenu du caractère particulier des hausses des cours des produits pétroliers à la mi-2008 et de leur trajectoire récente, aucun mouvement tarifaire n'est intervenu et n'interviendra pour l'hiver 2008-2009. Les baisses des prix pétroliers constatées depuis l'automne 2008 n'auront d'effets tangibles qu'avec un décalage de l'ordre de six mois, à compter d'avril 2009. Dans l'immédiat, d'autres pistes, non tarifaires, d'aide à la profession des serristes peuvent être explorées. À ce titre, GDF Suez a pris plusieurs initiatives vis-à-vis de la clientèle concernée, depuis plusieurs années, en particulier au plan de l'amélioration de leur performance énergétique (réalisation de diagnostics énergétiques sur site, guides techniques, interventions d'experts...). En outre, GDF Suez, à la demande du Gouvernement, a développé un service de lissage trimestriel des paiements répondant au besoin spécifique de trésorerie de la profession. La convention de partenariat signée en octobre 2008 avec la Fédération nationale des producteurs de légumes (FNPL) reconduit ces mesures pour 2009.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette question.

Inscription
ou
Connexion