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Jean Grellier
Question N° 36865 au Ministère de la Santé


Question soumise le 2 décembre 2008

M. Jean Grellier attire l'attention de Mme la ministre de la santé, de la jeunesse, des sports et de la vie associative sur la financiarisation des métiers de la santé et ses conséquences. Saisie par des groupes financiers, la commission des communautés européennes somme la France de se soustraire à l'ouverture illimitée du capital des sociétés d'exercice libéral. Cela vise à permettre à ces groupes de posséder des sociétés d'exploitation de laboratoires d'analyses de biologie médicale. Si elle voit le jour, cette financiarisation risque d'avoir de très lourdes conséquences en terme de santé publique se traduisant par : la création de groupes dominants face aux autorités de santé ; le détournement des ressources de l'assurance maladie aux profits de groupes soucieux de profits spéculatifs ; l'ingérence de ces propriétaires dans l'organisation et la dispense des soins ; l'aggravation des inégalités d'accès aux soins ; la disparition progressive de l'exercice libéral des professions de santé ; le risque d'utilisation des données individuelles de santé par les assureurs ou les banques appartenant aux groupes investisseurs. Pour ces motifs, il lui demande comment le Gouvernement entend réagir face à ce risque et quelles mesures concrètes sont envisagées pour préserver la santé de la financiarisation.

Réponse émise le 27 janvier 2009

Le diagnostic biologique d'une maladie est une étape déterminante de sa prise en charge. La biologie ne saurait être considérée comme un service de type commercial et la ministre de la santé, de la jeunesse, des sports et de la vie associative a défendu avec vigueur son exclusion du champ de la directive « services » en cours de transposition dans le droit français. Le rôle médical de la biologie ne saurait donc être remis en cause et il importe de le renforcer pour lui donner sa pleine mesure. Le large chantier de réforme que la ministre a lancé associe, sous la coordination de Michel Ballereau, l'ensemble des acteurs impliqués dans cet exercice et en premier lieu les biologistes. Dans un rapport d'avril 2006, l'Inspection générale des affaires sanitaires et sociales (Igas) soulignait en effet que la loi du 11 juillet 1975 régissant les laboratoires d'analyse de biologie médicale (LABM) n'était plus, trente ans après son adoption, pleinement adaptée aux enjeux actuels de qualité, de compétitivité et de financement du secteur et préconisait d'engager une réforme globale du système actuel. L'évolution des besoins, des technologies, des connaissances médicales et des exigences de continuité des soins, qui nécessitent un décloisonnement tant entre professionnels de santé qu'entre ville et hôpital, ainsi que l'environnement européen : autant d'éléments qui imposent de repenser l'organisation de cette discipline, son rôle au sein du parcours de soins, les règles qui la régissent, les garanties qui doivent être apportées aux patients et l'efficience du financement. Chacun doit pouvoir avoir accès à une biologie médicale de qualité prouvée, payée à sa juste valeur. La qualité de l'offre de soins doit être garantie de la même façon en ville et à l'hôpital. Cette réforme s'inscrit donc pleinement dans l'esprit du projet de loi, Hôpital, patients, santé, territoires, en pleine concertation avec l'ensemble des partenaires sociaux, ainsi qu'avec les parlementaires. Un groupe de travail spécifique sur la biologie a d'ailleurs été constitué afin d'avancer ensemble et en cohérence sur ce chantier. Le Gouvernement associe étroitement depuis plusieurs mois l'ensemble des syndicats de biologistes, libéraux, hospitaliers et internes, aux travaux de cette mission et aux réflexions sur l'évolution du secteur. Ces travaux doivent bien sûr prendre en compte la réglementation européenne. La Commission européenne conteste, depuis 2005, sur la base de l'article 43 du Traité de Rome, notamment la limitation actuelle à 25 % du capital des sociétés d'exercice libéral de LABM pouvant être détenus par des non-biologistes. Elle considère que cette limitation constitue une entrave à la liberté d'établissement, non proportionnée à l'intérêt général. Sans mouvement de réforme sur ce sujet, la Commission s'apprêtait à saisir la Cour de Justice des Communautés européennes, afin de constituer une jurisprudence sur ce principe. La réforme doit donc intégrer ce paramètre et en tenir compte pour construire la biologie de demain. Il n'est cependant pas question de remettre en cause les fondamentaux et notamment le caractère médical de la profession de biologiste, qui sera au contraire renforcé.

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