M. Christian Vanneste interroge Mme la ministre de la santé, de la jeunesse, des sports et de la vie associative sur le suicide des jeunes. Il semblerait que les suicides des jeunes homosexuels et bisexuels seraient 2 à 3 fois supérieurs à ceux des hétérosexuels. Certains estiment que cette situation, grave, résulterait de l'homophobie. Afin de sensibiliser le public, le ministère de la santé, de la jeunesse, des sports et de la vie associative et l'INPES ont lancé un concours de scénarios sur le thème de la prise de conscience de son homosexualité et sa perception par la société. Le jury récompensera 4 scénarios qui se verront réalisés en courts-métrages, et diffusés notamment sur les chaînes du groupe Canal+. Il aimerait donc savoir, tout d'abord, sur quels critères, le ministère estime que ces suicides auraient pour origine l'homophobie, ensuite quelle en est l'importance dans la société française par rapport à l'ensemble des suicides enregistrés en France, et enfin pour quelles raisons le ministère a estimé devoir engager l'action gouvernementale et les moyens budgétaires dans cette cause.
La littérature internationale est concordante sur le risque suicidaire accru présenté par les personnes homosexuelles. Messieurs Éric Verdier et Jean-Marie Firdion, dans leur ouvrage Homosexualité et suicide (H&O Éditions, Paris, 2003), ont analysé les résultats d'études américaines ainsi que les chiffres d'une étude concernant la population générale en France réalisée dans le cadre du programme national de prévention du suicide mené par le ministère chargé de la santé. Ils en concluent qu'il existe un « risque élevé de suicide chez les jeunes gays, lesbiennes et bisexuels ». Plusieurs travaux amènent à penser que l'homophobie est à l'origine d'une souffrance aiguë en affectant le vécu de l'orientation homo/bisexuelle. Ainsi, pour la France, l'étude de Marc Shelly de 2005, menée par l'association Aremedia avec la collaboration de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), conclut que les jeunes hommes homosexuels ont treize fois plus de risque de faire une tentative de suicide que les jeunes hommes hétérosexuels. Ce résultat coïncide avec l'étude américaine de C. Bagley et P. Tremblay « Suicidal Behaviors in Homosexual and Bisexual Males » de 1997 (Crisis, vol. 18, n 1) La préoccupation des pouvoirs publics rejoignant celle des associations engagées dans la prévention du suicide, le thème « suicide et orientation sexuelle » a été choisi en 2007 par le Comité d'observation et de prévention du suicide qui rassemble les acteurs institutionnels et associatifs concernés. Un travail d'analyse secondaire des chiffres du baromètre Santé 2005, publié en 2010 par l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (INPES) sous le titre « Les minorités sexuelles face au risque suicidaire, acquis des sciences sociales et perspectives », a permis d'explorer l'articulation entre, d'une part, le soupçon d'appartenance à une minorité sexuelle ou de non-conformité de genre, qui peut toucher tout jeune, indépendamment de son orientation sexuelle effective, les phénomènes d'exclusion, de mépris ou de stigmatisation, d'autre part, et enfin la perte d'estime de soi, la perte de confiance dans l'avenir et les autres et une grande détresse propices au passage à l'acte suicidaire. Sur la base de ces résultats, des actions spécifiques de prévention doivent être mises en place. La ministre de la santé a ainsi inscrit dans le cadre du plan « Santé des jeunes », présenté en conseil des ministres le 27 février 2008, des actions visant à mieux repérer et prévenir la crise suicidaire, en particulier chez les jeunes homosexuels. C'est dans ce but qu'a été organisé le concours de scénarios présidé par M. André Téchiné. De même, à la suite des travaux menés par M. David Le Breton en 2008 et 2009, une nouvelle stratégie nationale d'actions face au suicide sera prochainement lancée. Elle comprendra des actions en direction des jeunes, notamment pour réassurer ceux qui pourraient souffrir du regard, voire de la violence, des autres du fait de leur orientation sexuelle, réelle ou supposée.
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