M. Marc Le Fur attire l'attention de Mme la ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales sur les groupes d'activistes radicaux qui prétendent défendre les droits des animaux. Présents dans nombre de pays européens, ces activistes commencent à passer à l'action en France. Un cas de harcèlement avec menaces violentes et destructions de biens a été récemment rapporté par la presse nationale. Au regard de faits qui se sont déroulés dans certains pays européens, notamment au Pays-Bas où un leader politique a été assassiné par un activiste de cette mouvance, leur dangerosité est avérée. Il lui demande donc quelle mesures préventives, notamment de surveillance, sont prises à l'égard de ces groupes radicaux de «défense des animaux» pour les empêcher de nuire.
Les premiers signes d'activité des mouvements radicaux de défense des animaux sont apparus en France dans les années 1980, pour rester épisodiques dans les années 1990. Le développement de cet activisme s'opère en 2006, avec l'augmentation du nombre d'actes de sabotage et de dégradations revendiqués par Animal Liberation Front (ALF) et l'activité croissante de diverses associations. Sous la pression judiciaire des autorités britanniques, le groupe SHAC (Stop Huntington Animal Cruelty) s'attache à s'exporter sur le continent. À la fin de l'année 2006 ont eu lieu des rassemblements de SHAC en France et des « visites à domicile » chez des dirigeants d'entreprises pharmaceutiques. Certaines des méthodes utilisées par ces groupes présentent alors certaines similitudes avec celles qu'on peut rencontrer dans la criminalité organisée (recueil de renseignements, repérages préalables, élaboration de dossiers d'objectifs, confidentialité et anonymat confinant à la clandestinité, actions « commando », intimidation physique et menace). En 2007, la participation de militants français aux rassemblements de SHAC ou de sa branche belgo-néerlandaise (Anti-Dierproven Coalitie) se développe. En juillet de cette même année est créée une structure informelle autonome dénommée Coalition anti-vivisection (CAV), qui a depuis organisé une trentaine de rassemblements en régions parisienne et lyonnaise. Depuis le début de l'année 2008, la CAV poursuit chaque semaine ce type d'actions de voie publique. Parallèlement, les actions de propagande (stands d'information du public, sur la vivisection ou la corrida par exemple) se multiplient. L'incendie criminel des locaux d'une entreprise fabriquant des cages pour laboratoires d'expérimentation animale, le 28 avril 2007 dans le Rhône, revendiqué par l'ALF, a marqué un franchissement de cap. La revendication par Animal Rights Militia (ARM), en août 2007, de la contamination d'un produit d'entretien de lentilles oculaires a confirmé cette radicalisation. Les effectifs des groupes radicaux sont estimés à une centaine en France. De sensibilité antilibérale, ils sont pour la plupart proches des milieux anarcho-libertaires et s'inspirent de leurs modes opératoires. Ces groupes se manifestent régulièrement par des actions de voie publique. Les signes de reconversion dans la cause animaliste de militants issus de l'extrême gauche ou de mouvements régionalistes se multiplient. Les zones de commission d'actes violents (114 constatés en 2007, essentiellement des dégradations de commerces) coïncident généralement avec l'implantation des mouvements d'extrême gauche. La mobilisation policière semble cependant avoir permis d'endiguer l'augmentation du nombre des actes revendiqués par l'ALF en France, en particulier depuis l'arrestation en avril 2008 de quatre malfaiteurs ayant commis au nom de l'ALF diverses dégradations dans la région de Tours. Les services de police restent particulièrement vigilants face à cette menace et à la structuration, en liaison avec les mouvements « antispécistes » néerlandais et britanniques, de la frange la plus radicale.
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