M. Hervé Féron attire l'attention de M. le ministre d'État, ministre des affaires étrangères et européennes, sur le nouveau pouvoir en place en Libye. Alors que la Libye vient tout juste d'être libérée de la tyrannie exercée par le colonel Kadhafi, une nouvelle tyrannie ne saurait remplacer la précédente : à la dictature policière ne saurait succéder la dictature religieuse. Or, Mustapha Abdel Jalil, le président du conseil national de transition (CNT), a récemment déclaré : « En tant que pays islamique, nous avons adopté la charia, comme loi essentielle et toute loi qui violera la charia sera légalement nulle et non avenue ». Considérant que la charia est contraire aux principes des droits de l'Homme, il lui demande quelle est la réaction de la France face à la crainte de nos concitoyens de voir apparaître une nouvelle dictature en Libye.
Le peuple libyen vient de s'affranchir d'une dictature particulièrement répressive et de recouvrir son droit à la parole et à l'autodétermination. C'est à lui qu'il appartient maintenant de définir les contours du futur État démocratique libyen. Le Président Abdeljalil a dit lors de son discours célébrant la libération de la Libye à Benghazi le 23 octobre et à d'autres occasions que l'islam serait une source du droit libyen. Il a aussi répété à de multiples reprises qu'il rejetait l'extrémisme sous toutes ses formes et qu'il aspirait à une Libye démocratique, dans laquelle les droits de l'Homme seraient respectés. Ces éléments ont été soulignés à nouveau par le Président libyen lors de la visite à Tripoli du ministre d'État les 14 et 15 décembre 2011. Il est naturel que le peuple libyen puise dans ses propres valeurs pour fonder un État de droit. Les révolutions arabes ont d'ailleurs prouvé au monde entier qu'il ne saurait exister d'incompatibilité entre la culture musulmane, d'une part, et les valeurs démocratiques et les droits de l'Homme, d'autre part. Les peuples qui ont combattu pour leur liberté l'ont fait avec courage et dignité. La France doit maintenant leur faire confiance et éviter les procès d'intention, tout en restant vigilante quant au respect des droits de l'Homme et des principes démocratiques. La France restera aux côtés du peuple libyen pour bâtir la nouvelle Libye.
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