M. Hervé Féron attire l'attention de M. le ministre d'État, ministre des affaires étrangères et européennes, sur l'ouverture prochaine d'un bureau de coopération français en Corée du Nord. Alors que nos alliés et partenaires occidentaux s'inquiètent pour la plupart de l'évolution du régime nord-coréen qui a multiplié les menaces de nouvelles frappes contre Séoul et alors que le dialogue sur la dénucléarisation de la péninsule est au point mort, la France a choisi de se démarquer en ouvrant un bureau de coopération à Pyongyang. Si l'ouverture de ce bureau ne signifie pas que la France ouvre pour autant des relations diplomatiques avec ce pays totalitaire qui reste l'un des plus fermés au monde, les autorités françaises disposeront désormais d'un relais diplomatique, dont la fonction devrait porter sur des projets de coopération dans le domaine culturel ou linguistique. Il lui demande de bien vouloir lui rappeler les raisons qui ont conduit la France à prendre cette décision singulière dans la diplomatie occidentale.
La France est le seul pays de l'Union européenne, avec l'Estonie, à ne pas entretenir de relations diplomatiques avec la République populaire démocratique de Corée. En novembre 2009, le Président de la République a chargé M. Jack Lang, envoyé spécial du Président pour la Corée du Nord, d'une mission d'information. Celle-ci avait notamment pour but d'analyser les « circonstances qui pourraient conduire la France à envisager l'établissement de relations diplomatiques avec la République populaire démocratique de Corée en tenant compte de la nécessité de progrès sur la question nucléaire, les relations intercoréennes et la situation humanitaire et des droits de l'Homme ». À la suite de cette mission, et sur la base du rapport de l'envoyé spécial, le Président de la République a décidé d'ouvrir un bureau français de coopération à Pyongyang. Il a rappelé publiquement ce souhait lors de ses voeux au corps diplomatique, le 22 janvier 2010. Après les incidents intercoréens de l'année 2010, que la France a fermement condamnés et qui ont retardé la mise en oeuvre de cette décision, le contexte paraît aujourd'hui moins défavorable pour la réaliser. L'objectif est de venir en aide à la population, en particulier à travers les deux organisations non gouvernementales françaises actives dans le pays, et de poursuivre nos activités de coopération culturelle, éducative et linguistique. La France suit l'évolution de la situation dans la péninsule coréenne avec une grande attention et n'envisage pas, à ce stade, l'établissement de relations diplomatiques avec la Corée du Nord. Celles-ci restent conditionnées par la satisfaction de trois critères : une évolution positive sur le dossier nucléaire, une amélioration du dialogue intercoréen et des progrès en matière de droits de l'Homme. La France continue d'appeler Pyongyang à oeuvrer en ce sens, en s'abstenant de tout geste susceptible d'accroître là tension dans la région, en abandonnant de manière complète, vérifiable et irréversible ses armes nucléaires et son programme nucléaire - comme le demandent les résolutions 1718 et 1874 du Conseil de sécurité des Nations unies - et en reprenant la voie du dialogue intercoréen, des pourparlers à six et de la légalité internationale.
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