M. Hervé Féron attire l'attention de M. le secrétaire d'État auprès du ministre du budget, des comptes publics, de la fonction publique et de la réforme de l'État, chargé de la fonction publique, sur l'élitisme et le manque d'ouverture du concours d'entrée de l'ENA. En effet, récemment le jury de l'ENA a dévoilé ses commentaires sur les candidats au concours d'entrée. Le jugement est sans concession puisque le jury déplore des candidats trop conformistes, sans grand courage, sans originalité et sans conviction profonde. Il y a quelques semaines déjà, une autre triste information concernant l'ENA avait montré qu'aucun des candidats issus de la « prépa diversité sociale » n'avait franchi l'obstacle du concours d'entrée. Cela confirme la tendance de l'ENA à ne recruter que des élèves « clones », sans grande diversité, peu représentatifs de la société française, avec une faible ouverture sur les réalités sociales. Pourtant ce sont ces personnes qui en sortant de l'ENA seront appelées à intégrer des postes de la haute fonction publique française et donc à gérer les affaires publiques de la France. Cela a pour conséquence de créer un divorce de plus en plus important entre les Français et leur élite administrative, et s'éloigne des origines de l'ENA, voulue par Michel Debré comme une école ouverte à tous permettant aux plus méritants d'accéder à la haute fonction publique. Il lui demande donc les mesures qu'il entend prendre pour remédier à cette dérive du concours d'entrée à l'ENA et permettre une diversité effective dans les futures promotions d'énarques.
Conformément au contrat d'objectifs et de performance 2009-2011 signé avec la direction générale de l'administration et de la fonction publique (DGAFP) le 1er mars 2010, l'ENA a engagé la démarche devant conduire à une réforme des trois concours d'accès à l'école. À cette fin, le directeur de l'ENA, en lien avec sa tutelle, a mis en place et présidé un groupe de travail composé d'une dizaine d'experts, qui s'est réuni à six reprises en formation plénière, de septembre 2010 mars 2011 et, parallèlement à ses travaux, a procédé à une soixantaine d'auditions auprès de personnalités qualifiées issues du monde de l'enseignement supérieur, de la haute fonction publique et de l'entreprise. Les présidents des jurys des quatre derniers concours, plusieurs secrétaires généraux de ministères, les organisations syndicales représentées au conseil d'administration de l'école, ainsi que des élèves volontaires des promotions en cours de formation ont également été entendus. Au-delà des objectifs de modernisation et de professionnalisation assignés à la démarche, dans l'esprit des principes de la révision générale du contenu des concours (RGCC), la question de la démocratisation et de la diversification du recrutement a fait l'objet d'une attention toute particulière. Parmi les pistes évoquées, il est notamment envisagé de : diminuer les biais sociaux dans les épreuves des concours, par une augmentation du poids de l'écrit par rapport à l'oral, une meilleure définition des objectifs des épreuves et une plus grande objectivation des critères d'évaluation ; mieux prendre en compte les différences de parcours et introduire de la reconnaissance des acquis de l'expérience professionnelle (RAEP) pour le concours interne et le troisième concours ; former le jury en intégrant une sensibilisation aux questions relatives à la lutte contre les discriminations. S'agissant de la classe préparatoire intégrée CP'ENA, effective depuis 2009, elle est actuellement ouverte à une quinzaine d'élèves boursiers ou indemnisés par Pôle emploi. Chacun peut bénéficier d'un soutien pédagogique renforcé, de l'expertise d'un ou de plusieurs élèves en cours de formation et, le cas échéant, d'une aide financière et de facilités d'hébergement. Suite à un premier bilan contrasté, l'école et sa tutelle ont fait évoluer le dispositif pour la promotion 2010-2011, à savoir : les candidats doivent désormais avoir un master mieux adapté aux épreuves, en économie ou en droit ; le tutorat est renforcé et l'accent est mis tout particulièrement sur la méthodologie. La mise en oeuvre de ces ambitieuses réformes devrait permettre de franchir un palier dans la diversification du recrutement au sein de l'ENA. L'école devrait ainsi s'ouvrir davantage aux multiples facettes de la société française, conformément aux objectifs qui lui ont été fixés lors de sa création.
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