M. Jean-Pierre Gorges appelle l'attention de M. le ministre du travail, de l'emploi et de la santé sur le bilan des 35 heures pour l'économie nationale et les finances publiques. Les lois Aubry ont fait passer la durée du travail pour la plupart des salariés français à 35 heures, les entreprises bénéficiant d'allègements de charges, dont le montant global est estimé à 22 milliards d'euros. Cette mesure devait également favoriser la création d'emplois. Il lui demande de bien vouloir lui préciser le montant année par année correspondant aux allègements de charges, ainsi que le nombre de créations nettes d'emplois imputable à cette mesure.
Le ministre du travail, de l'emploi et de la santé a pris connaissance avec intérêt de la question relative à l'application des 35 heures et son impact sur l'économie nationale et les finances publiques. Les allègements de cotisations sociales patronales sur les bas salaires, instaurés en 1993, visaient jusqu'en 1998 à réduire le coût du travail au voisinage du SMIC pour toutes les entreprises. De 1998 à 2002, le champ des allègements a été étendu pour les entreprises qui réduisaient leur temps du travail (allègements « Robien » puis « Aubry »). À partir de 2003, les allégements dits « Fillon » ont procédé à une unification des barèmes d'allègements précédemment différenciés suivant le statut des entreprises au regard de la RTT. De 2003 à 2005, les allègements « Fillon » se sont ainsi progressivement substitués aux réductions dégressives sur les bas salaires et aux allégements spécifiques associés aux 35 heures afin de neutraliser l'impact sur le coût du travail de la convergence vers le haut des différents minima de rémunération (salaire minimum interprofessionnel de croissance [SMIC] et garanties mensuelles de rémunération [GMR] créées à l'occasion du passage aux 35 heures). Les allégements de cotisations sociales patronales constituent désormais le socle de la politique en faveur de l'emploi en France. Il n'existe donc plus depuis plus de six ans de subvention aux 35 heures. Comme en atteste le tableau suivant, depuis le 1er juillet 2007, les exonérations prévues sont maximales au niveau du SMIC (26 points pour les entreprises de 20 salariés et plus, 28,1 points dans les entreprises de moins de 20 salariés) et leur montant est linéairement décroissant jusqu'à 1,6 SMIC ; leur coût brut (sans tenir compte des recettes liées à leurs effets sur l'emploi) pour les finances publiques est de 21,8 milliards d'euros pour l'année 2010.
EN MILLIONS D'EUROS | 2002 | 2003 | 2004 | 2005 | 2006 | 2007 | 2008 | 2009 | 2010 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Réduction générale des cotisations patronales de sécurité sociale (réduction de sécurité sociale ([réduction « Fillon »]), à compter du 1er juillet 2003 | 6 969 | 15 275 | 17 147 | 19 422 | 21 433 | 22 608 | 22 229 | 21 845 | |
Exonération des heures supplémentaires et complémentaires | 263 | 2 954 | 3 065 | 3 127 | |||||
Exonération des cotisations d'allocations familiales (« exo AF ») | 24 | 30 | 26 | 26 | 26 | 25 | 26 | ||
Rachat des jours de congés acquis jusqu'au 31 décembre 2007 (loi du 8 février 2008 pour le pouvoir d'achat) | 73 | ||||||||
Aide incitative à la RTT (« Aubry I ») | 2 218 | 2 073 | 930 | 175 | 35 | 3 | |||
Réduction des cotisations en faveur de l'aménagement et de la réduction du temps de travail (exonération « Robien ») | 478 | 530 | 445 | 87 | 8 | 1 | |||
Autres dispositifs en voie d'extinction | - 1,6 | ||||||||
Réduction bas salaires (« R. 85) - loi de 1995, jusqu'au 1er juillet 2003 | 4 615 | 2 138 | - 40 | - 11 | |||||
RTT Aubry II (jusqu'au 1er juillet 2003) | 8 249 | 4 190 | 66 | 11 | |||||
Total exonérations à vocation générale | 15 560 | 15 900 | 16 700 | 17 439 | 19 489 | 21 726 | 25 661 | 25 319 | 24 998 |
Total exonérations à vocation générale (hors heures supplémentaires et rachat des jours de congés acquis jusqu'au 31/12/2007) | 15 560 | 15 900 | 16 700 | 17 439 | 19 489 | 21 463 | 22 634 | 22 254 | 21 871 |
Sources : PLFSS. |
Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette question.